
Comment entretenir et stocker ses cuirs ?
Le cuir, c’est beau, c’est noble, c’est costaud… Mais c’est
exigeant ! Pour assurer la longévité de vos cuirs, vous
devez respecter deux règles d’or :
les entretenir régulièrement, et les stocker dans un endroit approprié.
Le cuir, un matériau noble mais exigeant
Pourquoi faut-il entretenir le cuir ? Qu’il s’agisse de harnachement (selle, bridon, sangle…) ou d’équipement (bottes, chaps…), c'est l'utilisation quotidienne du matériel de sellerie qui
rend le cuir souple et conforte sa longévité.

Le cuir n'est pas une matière
vivante au sens premier du terme. En revanche, il va réagir différemment aux
conditions auxquelles il est soumis en s'humidifiant avec l'air et la sueur du
cheval… et il va durcir en séchant. L'entretien du harnachement de votre cheval permet aussi de
vérifier l'état des coutures et de la bouclerie, tâche essentielle pour
prévenir les accidents, qui peuvent être particulièrement problématiques en
rando !
Il faut vérifier principalement l'état du cuir et les coutures des
zones de frottement et des enchapures (retour de cuir sur une boucle),
notamment au niveau des licols, étrivières, rênes et sangle. Et pour un entretien efficace, il n’y a pas de secret :
c’est le fait de passer le cuir le plus souvent possible au savon glycériné,
lorsque le matériel est utilisé tous les jours, qui permettra de conserver sa
souplesse.
Évitez les éponges abrasives
Il vous faut, dans un premier temps, retirer la saleté ou la boue
avec une brosse souple, puis utiliser une éponge avec de l'eau savonneuse. Prenez
du savon glycériné, du savon de Marseille ou du savon noir. Les éponges trop
abrasives sont à éviter pour limiter les rayures ! Et les coutures seront
nettoyées de préférence avec une brosse douce.

Faites preuve de bon sens en proscrivant bien sûr tout
séchage sur une source de chaleur trop vive : radiateur, plein soleil… Une fois
séché à l'air après le savonnage, votre cuir doit de nouveau être nourri au
savon glycériné ou à la graisse, s'il est trop sec. D’une façon générale, le graissage se réalisera environ 3
fois par an pour du matériel utilisé tous les jours. Un baume à cuir est
conseillé plutôt que l'huile "type pied de bœuf ». N’hésitez pas à
consulter nos articles de test sur le blog, comme l’excellent baume
Gerilex ! Évitez de graisser les contre-sanglons et le siège de la selle,
qui ont tendance à se détendre lorsqu'ils sont enduits.
Comment entretenir du cuir neuf ?
Lorsqu’on achète la briderie, elle est déjà bien graissée et
prête à l'emploi. Le cuir neuf prendra une patine naturelle s'il n'est pas trop
graissé avant utilisation. Si le cuir acheté est trop graissé, trop gorgé
d'huile, il va avoir tendance à se détendre et se déformer rapidement. Ainsi un
cuir neuf, mou ou trop souple n'est pas forcément un gage de qualité !
Un
cuir neuf de bonne qualité a de la tenue, il est même légèrement raide. Il aura
tendance à moins se déformer et prendra naturellement les bons « plis » au fur
et à mesure de l'usage.
Comment entretenir du cuir qui a moisi ?
C'est l'humidité du cuir qui ressort et moisit autour,
notamment quand le local de stockage n'est pas assez ventilé. Il suffit de
passer un chiffon sec pour enlever le moisi. Si le moisi sèche, c'est plus
grave car il va attaquer le cuir. Donc le cuir n'aime pas forcément
l'alternance d'ambiance confinée humide ou trop sèche.
Comment entretenir du cuir qui a durci ?
Lorsque le matériel a vraiment durci par manque d'usage, on
peut le plonger entièrement dans de l'eau savonneuse glycérinée ou à base de
savon de Marseille. Surtout, n’essayez pas de démonter les boucles durcies en
forçant, cela abîmerait le cuir. Attendez que le cuir soit mou pour défaire les
boucles !

Ensuite, brossez et passez au savon glycériné en alternant
avec des séchages jusqu'à ce que le cuir retrouve sa souplesse (s'il est
récupérable). Nourrissez ensuite le cuir avant qu’il n'ait redurci. Lorsque le matériel sert peu, il est d’ailleurs conseillé de
le faire vérifier par un sellier avant usage – surtout si vous partez pour un
long voyage à cheval !
Où stocker votre matériel en cuir ?
En termes de stockage, le matériel de sellerie doit toujours
être entreposé dans une pièce aérée et tempérée. Elle peut même être chauffée
en hiver, si la pièce est très humide. Évitez à tout prix de stocker le cuir
dans une cave ! Et pensez aussi qu’il faudra combattre les rongeurs
(souris, rats…) qui peuvent s'attaquer au cuir et aux couvertures.
Des astuces à suivre
Disposez votre briderie sur des portoirs arrondis pour
éviter la déformation du cuir. Entreposez votre selle sur un porte-selle ou un
tréteau, en veillant toujours à placer un tissu en dessous pour limiter le
contact entre le cuir et les parties abrasives du portoir. Évitez aussi de laisser sécher la sangle et les tapis sur le
siège de la selle, en les disposant plutôt à côté que dessus.

Astuce : pour
limiter les traces des étriers relevés sur le quartier de la selle (salissure
et usure), des vieilles chaussettes utilisées comme manchons peuvent recouvrir
les étriers en contact !
Où stocker le matériel que l'on utilise rarement ?
Il faudra choisir un local à 20°C et 50% d'humidité en
évitant le stockage à proximité d'une source de chaleur. Il est conseillé de
nourrir régulièrement le cuir peu utilisé pour maintenir sa souplesse et
favoriser sa longévité !
Comment reconnaître un bon cuir ?
Tous les cavaliers du monde aiment le cuir… Mais qu'est-ce
qu'un cuir de bonne qualité ? Comment le différencie-t-on ? Le cuir utilisé en
sellerie-harnachement doit de préférence être issu de peaux de bovins (les
races à viande offrent la meilleure qualité de cuir tanné).
Le cuir issu de
peaux de buffle est aussi très commercialisé pour le matériel d'importation.
Son cuir est plus souple, mais peu dense, et lorsqu'il prend l'humidité, il a
tendance à se déformer.
Trop brillant ? C'est louche !
Lorsque l'aspect du cuir neuf est très brillant à l'achat,
il faut se méfier de sa qualité. Le cuir neuf doit être plutôt mat et on doit
apercevoir le « veinage » (lignes des veines de la peau et des plis du cou). Ainsi,
il n'a pas été "maquillé" (finition aniline, c'est à dire plongée
dans un bain de pigments), ou peint et couvert après un ponçage pour cacher les
défauts !
En savoir plus sur le tannage
Le tannage est l'opération qui permet de transformer la peau
putrescible (qui pourrit) de l'animal en cuir imputrescible. Cette succession
d'opérations consiste à éliminer l'épiderme (poils, laine) et l'hypoderme
(tissus graisseux sous cutanés) pour ne conserver que le derme.

La peau de bête
est transformée en cuir grâce à différents agents de tannage, qui sont broyés
et mélangés à de l'eau pour former le « tan ». La peau est ensuite trempée dans
des foulons (tonneaux tournants) avec les agents de tannage formant un bain.
Tannage végétal ou minéral
Le tannage végétal est réalisé à partir d'écorces de bois,
de racines et de feuilles. Pour le tannage minéral, des sels de chrome sont
utilisés à la place des matières végétales dans le mélange aqueux. Sachez que le tannage minéral est la
technique la plus rapide, procurant un cuir plus résistant et demandant moins
d'entretien. En revanche, le cuir est moins joli, il se patine moins bien et il
a une durée de vie inférieure par rapport au cuir tanné au végétal. On
reconnaît facilement le tannage végétal à la tranche, non teintée, qui est
grise !
Un bon cuir, c'est le secret
D’une façon générale, quand vous achetez une selle, discutez
toujours avec le sellier pour savoir où il s’approvisionne en cuir. Les
différents selliers passionnés que nous vous avons présentés sur le blog, qu’il
s’agisse d’une vraie petite entreprise comme la sellerie Gaston Mercier en Aveyron,
ou d’un artisan indépendant comme le sellier belge Mihoc Dorel, vous
confirmeront qu’un excellent cuir est pour beaucoup dans la qualité et la longévité d’une
selle ! Et plus le cuir est de bonne qualité à la base, plus aisé sera son entretien...
Merci à l’IFCE (Institut Français du Cheval et de
l’Équitation), R. Rivard et P. Doligez
pour leurs conseils de pros !
Photo édito : Selle traditionnelle camargue @Blog Cheval d'Aventure
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