"Un Thé au Sahara" : rando magique aux portes du désert
Éblouie par
sa randonnée à cheval dans le Sahara tunisien, notre accompagnatrice Gaëlle
Saint-Bernard nous raconte un voyage dont elle est revenue plus amoureuse
encore du désert… et du Pur-Sang Arabe !
Douz, la
porte du Sahara
Après notre arrivée à l'aéroport de Djerba, en Tunisie, nous prenons
directement la direction du sud pour rejoindre Douz, surnommée la « porte
du Sahara ».
La route traverse un désert rocailleux typique des paysages
de l’Atlas et ponctué de multiples petits villages berbères au charme authentique,
avant d'arriver aux portes du désert du Sahara. Déjà, rien qu’en roulant à
travers ces dunes de sable fin, sans route, vers l'inconnu, la magie opère…
Enfin, nous apercevons au loin des dromadaires : c’est le signe que nous
arrivons bientôt au campement.
Dunes de sable à perte de vue
Dès cet instant, la descente de la voiture me laisse le souffle coupé :
je me retrouve dans un endroit perdu au milieu de nulle part, face à des dunes
de sable à perte de vue, des tentes bédouines et deux magnifiques étalons Pur-Sang
Arabes, fougueux et trépignants… Bref, je suis au paradis !
Il faut dire que je suis déjà connaisseuse et amoureuse de la race
arabe : j’ai la chance d’être propriétaire d’El Souel, un hongre de père
égyptien et de mère française (Trotteur), très typé arabe dans son tempérament,
que je monte en randonnée tous les week-ends chez moi, dans l’Ain. Or, ici en
Tunisie, la cavalerie est exclusivement arabe…
La tradition du thé à la menthe
Selon la tradition, l’accueil se fait autour d’un thé à la menthe que
nous offrent notre guide Abdelati et Hakim, son assistant. Puis, très vite,
c’est la mise en selle tant attendue… Les
premières sensations sont là, avec Mirage, mon cheval entier. Et oui, entier,
comme tous les chevaux ici !
En effet, c’est l’une des caractéristiques de la culture équestre du
Maghreb, que l’on retrouve aussi au Maroc et dans les autres pays
d’Orient : là-bas, les chevaux restent intacts. On les laisse tels qu’ils
sont nés, sans les modifier ! La castration n’est effectuée que très rarement,
et uniquement pour raison médicale.
Respect des besoins éthologiques
Si cette coutume équestre qui consiste à ne pas utiliser des hongres
mais des chevaux entiers a de quoi étonner les cavaliers français, elle n’a pas
à les inquiéter. En effet, en France, les entiers sont systématiquement isolés,
exclus de la vie de troupeau, éloignés de leurs congénères, etc. Soi disant
pour des raisons de sécurité, mais de ce fait ils sont plus difficiles à gérer,
à pied comme en selle, que les chevaux castrés.
En Tunisie, rien de cela ! Les chevaux entiers ne vivent jamais
isolés, jamais à part de leurs congénères. Ils sont constamment manipulés, ils ont
droit à des conditions de vie qui respectent leurs besoins éthologiques… et ça
change tout.
Entiers mais bien dans leur tête
Par exemple, les enclos sont toujours adjacents et les chevaux
sont toujours proches les uns des autres, avec un contact visuel et olfactif
constant. Ils connaissent la vie de troupeau. Résultat : ils sont bien
dans leur tête et beaucoup plus calmes que les entiers qu’on trouve chez nous,
en France – d’autant plus qu’ils n’ont jamais sailli.
J’ai pu m’en rendre
compte à maintes reprises, notamment en chevauchant botte à botte sans le
moindre problème. Il suffit juste de ne pas les laisser se sentir le bout du
nez – et encore, lorsque cela arrive, ils n’« explosent » pas comme
chez nous !
Un océan de feu...
lls n’en restent pas moins des Pur-Sang Arabes, avec le tempérament de
feu qui va avec… et que j’aime tant. Dès les premières foulées sur le dos de
Mirage, cela se confirme : mon cheval est vif et impétueux comme je
l'imaginais, réactif à chaque effleurement de talon, non par volonté de me
mettre à terre mais tout simplement par fougue ! Par la suite, en s'enfonçant dans le désert,
il s'apaise et je profite alors de ces moments pour admirer le paysage. En fin
de journée, les dunes de sable ressemblent à un océan de feu…
Cette première
sortie se clôture en apothéose avec le coucher de soleil sur les dunes, lors de
notre retour au camp. Une fois revenue au camp et les chevaux dessellés, le repas, copieux
et goûteux, m'est servi. Une bonne nuit de sommeil est alors la bienvenue après ce long voyage et toutes
ces émotions !
Au rythme du soleil
Le lendemain matin, le réveil a lieu au rythme du soleil qui se lève. Après le petit-déjeuner, c’est le départ pour une randonnée d'une journée à travers
le désert. Mon cheval, toujours aussi fougueux, commence à s'habituer à
moi ; de mon côté aussi, je commence à mieux le comprendre, à m'adapter à
lui. Nous formons bientôt un couple cheval/cavalier en parfaite symbiose.
Aujourd'hui est aussi le jour des premiers trots et galops - mais tout
en retenue, car à travers le désert, bon nombre de terriers se cachent et pourraient
faire chuter nos montures si l'œil expert du guide ne les repérait pas. A midi, après une matinée de randonnée sous le soleil tunisien, le
déjeuner est rafraîchissant et bienvenu. Il faut dire que les repas sont
excellents, et que le guide est un fantastique cuisinier.
Le bonheur de l'itinérance équestre
Tout est frais et
bien préparé, à base de légumes, œufs durs, thon et salades le midi, et le
soir, de viande très tendre, légumes, pâtes ou couscous. Bien évidemment,
chaque repas est accompagné du fameux « pain de sable » préparé sur
place et cuit dans les cendres du feu. Un régal !
Le 3e jour est celui de notre grand départ pour l'itinérance. Nous
chargeons les dromadaires de tous les ustensiles de cuisine, de nourriture,
boissons, couvertures, tentes pour le bivouac du soir, et tout le matériel nécessaire
à notre nuit en plein désert. Ce jour-là, c'est aussi le moment magique de la découverte du Chott, cette
immense plaine au terrain dur et sec, qui va nous permettre de lancer vraiment nos
chevaux au grand galop et de ressentir les sensations d'un champ de course.
Galop à bride abattue
Nous y sommes : c'est le départ, et tous en ligne, nous lançons nos
Pur-Sang Arabes. Après une impulsion incroyable, ils s'élancent à bride abattue
sur ce terrain propice. J'ai l'impression de voler littéralement au-dessus du sol.
L'allure est tellement rapide que c'en est grisant… Sensations pures garanties !
Le soir, nous mangeons au clair de lune et passons la nuit dans nos
tentes de bivouac, à quelques mètres des chevaux paissant tranquillement leur
fourrage. Là encore, je m’émerveille de constater que des chevaux entiers au
bivouac ne posent pas de problème : ils sont attachés chacun à un piquet
planté dans le sable, les uns près des autres, ils peuvent donc se voir et
s’entendre sans heurts ni conflits.
Fabrication du pain de sable
Le lendemain, de nouveau c’est le réveil aux lueurs du jour. Ce matin,
nous apprenons à fabriquer le pain de sable, juste avant de le savourer, tout
chaud, pendant le petit-déjeuner. La technique est ancestrale : un feu de
bois est préparé à même le sable. Pendant ce temps, on prépare la pâte dans une
bassine avec de la farine, de l’eau et un peu de sel.
Puis on laisse le feu
s’amenuiser et une fois qu’il y a de belles braises, on pose le pain par-dessus.
Ensuite, on le recouvre entièrement avec du sable qui va, sous l’effet de la
chaleur, se « cristalliser » en petites bulles. Le pain cuit alors lentement
et lorsqu’on le déguste tout chaud, on se rend compte avec surprise qu’il n’y a
pourtant pas un seul grain de sable sous la dent !
Des guides natifs du désert
Une fois repus et nos affaires empaquetées, à nouveau nous nous
mettons en selle pour explorer une nouvelle partie du désert. Le plus étonnant,
c'est que pour nous, cavaliers français, tout se ressemble dans ce désert !
Mais nos guides, natifs de cet endroit, connaissent le désert par cœur. Ils
savent se diriger et tracer de multiples itinéraires sans jamais se perdre.
Retour au campement : pendant que
chacun profite d'un peu de temps libre, j'ai la chance de pouvoir suivre le guide,
à pied, pour aller récupérer les dromadaires échappés un peu plus tôt… et de
revenir au camp en selle sur leur dos. Une monte bien différente, mais très
amusante !
Couscous royal
Le lendemain est notre dernier jour de chevauchée avec une ultime
randonnée de plusieurs heures, qui nous emmène dans un recoin encore inexploré
(pour ma part du moins) du désert. J'ai droit à de nouvelles sensations grâce
aux derniers galops que nous faisons à travers les dunes. Ce soir, le dîner d'adieu est à la hauteur de mes espérances : un
gigantesque couscous royal, avec une viande si tendre et des légumes si
savoureux… Un délice !
Avant le départ pour la France, impossible de ne pas visiter le fameux
marché au bétail de Douz – l’un des plus célèbres de toute la Tunisie ! On
y trouve des animaux, des matières de toutes sortes, des épices… C’est un
véritable festival de couleurs et d’odeurs, qui nous plonge dans un palais des
mille et une nuits. Alors, forcément, le retour à la réalité est difficile… Mais j’ai des
étoiles plein les yeux, et de merveilleux souvenirs qui m'empêchent d’y penser durant
tout le trajet du retour vers la France.
La magie du silence
A bien y réfléchir, ce qui m'aura le plus marqué au campement, c’est
le silence. J'ai beaucoup voyagé et visité de nombreux lieux, dans différents
pays du monde, mais je crois que je n'ai jamais vécu cela. Mon premier jour a
été une réelle surprise : pas un seul son au milieu du désert, pas un
souffle de vent, pas un insecte, pas une voix, pas une brise de vent, rien… Le
néant. Le silence aurait presque été assourdissant s'il n'avait pas été rompu quelquefois
par le hennissement des chevaux.
Le Grand Erg oriental
En résumé : un voyage magique, hors du temps, des paysages
grandioses, des guides aux petits soins pour nous, une cuisine savoureuse et
copieuse… Et surtout des Pur-Sang Arabes entiers, fantastiques, fougueux mais
bien dans leur tête, intrépides et au pied sûr, qui font honneur au Grand Erg
oriental, leur berceau de race tunisien.
Comme Gaëlle, partez en rando à la découverte du désert de Tunisie avec Cheval
d’Aventure
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