
Tir à l’arc à cheval : la discipline qui fuse
Inspiré de plusieurs traditions
équestres, notamment mongoles, coréennes et hongroises, le tir à l’arc à cheval est un art ancestral qui mêle avec
bonheur l’équitation et l’archerie.
Une discipline équestre basée sur un art millénaire
Vous êtes un cavalier ouvert d’esprit,
curieux d’explorer d’autres cultures équestres et doté d’une âme de guerrier ?
Si oui, c’est peut-être le moment de vous initier au tir à l’arc à cheval !

Encore récente en France, mais reconnue
par la Fédération Française d’Equitation qui a même mis en place des
compétitions officielles au sein de sa commission "Equitation de tradition", cette magnifique discipline équestre progresse à la vitesse
d’une flèche tirée au galop !
Le tir à l'arc à cheval : un art millénaire
L’objectif
est de tirer une série de flèches sur une ou plusieurs cibles le long d’une
ligne de galop appelée « ligne de run » de 30 à 150 m, ou bien sur un
parcours de chasse vallonné, dans un temps déterminé. Le cheval doit offrir la
meilleure allure et la meilleure trajectoire possibles, afin que les tirs
soient d’une précision redoutable… et le geste très esthétique.
Il
y a encore quelques années, le tir à l’arc à cheval ne se voyait guère ailleurs
que dans le cadre du spectacle équestre. En tant que discipline équestre, il a été un
temps intégré aux épreuves FFE de « Yosekan Bajutsu », qui réunissaient
diverses techniques de combat à cheval (sabre, voltige cosaque...) et qui ont
été supprimées faute de pratiquants. Depuis quelques années, sous l’impulsion
d’archers passionnés, le tir à l’arc à cheval connaît une
seconde chance et son essor est fulgurant ! Il dispose désormais d’un circuit complet de
compétition (Club, Elite…), et peut se pratiquer aussi bien à cheval qu’à
poney.

Des héritiers de Gengis Khan
Si
la discipline sportive est récente en France, le tir à l’arc à cheval, lui, n’a
rien de nouveau : il est même l’un des arts équestres les plus anciens qui
soient ! De Gengis Khan, le grand chef mongol qui partit à la conquête du
monde à la pointe de ses flèches, aux tribus amérindiennes chassant le bison
dans les grandes plaines, de nombreux peuples cavaliers l’ont pratiqué au fil des
siècles.
Aujourd’hui encore, plusieurs pays comme la Hongrie, la Roumanie, la Jordanie, la
Corée, la Turquie, le Japon, la Mongolie… perpétuent la tradition. Celle-ci est
d’ailleurs reconnue par l’UNESCO. Actuellement, le champion du monde en titre
est le Hongrois Kassai Lajos, avec des chevaux de race Shagya. Et le champion d'Europe est le Roumain Mihai Cozmei.
Un art équestre, plusieurs techniques
Chaque
pays a sa propre culture d’archerie équestre donnant lieu à des techniques
différentes. Impossible ici de rentrer dans les détails ! Globalement, deux méthodes prédominent :
- la méthode
coréenne, axée sur la vitesse du galop. Le cavalier tire sur cinq cibles
alignées. Les flèches sont dans le dos. Il réarme à chaque tir, au carquois. La
tension de la corde s’effectue avec le pouce.
- la méthode hongroise.
Le cavalier tire « au doigt » et non au pouce, sur un piquet situé à
9 mètres de sa « ligne de run » et abritant une cible tournante – ainsi, au fur et à mesure de sa trajectoire,
il tire d’abord devant lui, puis sur le côté et enfin derrière, littéralement
retourné sur sa selle. L’objectif est d’envoyer un maximum de flèches dans un
temps très court, idéalement sur un cheval lent. L’archer tient toutes ses
flèches en main.Pour résumer, il y a plus d’adrénaline et de
« piment » dans le tir coréen, du fait que le cheval galope très
vite, mais moins de difficulté technique que dans le tir hongrois.

Et en France ?
Chez
nous, les compétitions cumulent les méthodes hongroise et coréenne au sein
d’épreuves très variées. L’objectif est surtout de former « de bons archers capables de pratiquer toutes
les disciplines de tir à l’arc à cheval, sans manquer de respect à un pays »
selon les mots de l’entraîneur Thierry Descamps. Le règlement français est
également spécifique sur plusieurs points : les flèches sont émoussées et non
pointues, afin d’éviter tout accident dans l’entourage des chevaux et
cavaliers. De même, au lieu de s’effectuer systématiquement au galop en
suspension, toutes les épreuves, jusqu’au niveau Club 1 inclus, comportent un
ou plusieurs passages au pas – une excellente méthode d’entraînement et
d’éducation du cheval.
Une discipline en plein essor
A sa création "officielle" il y a quatre ans, le tir à l'arc à cheval était encore peu répandu en France. Quatre ans plus tard, la progression en termes d’engagements sur
les compétitions est phénoménale ! Même constat pour le nombre de clubs où il est désormais possible de s’initier à
la discipline, ou de se perfectionner.
L'été denier, les archers équestres ont eu le bonheur de pouvoir assister et participer aux Championnats d’Europe de Tir à l’Arc à Cheval, qui ont eu lieu au Parc équestre fédéral de Lamotte-Beuvron du 23 au 25 juin 2017. Cet événement était organisé par la Fédération Française d’Equitation, sous l’égide de la Fédération Internationale de Tourisme Equestre et en partenariat avec l’International Horseback Archery Alliance. Près de 60 concurrents et 10 nations ont fait le déplacement, venus des quatre coins de l’Europe : Roumanie, Hongrie... Alors, si la discipline vous tente, n’hésitez pas à vous
lancer !

5 questions à un entraîneur et membre de l'Equipe de France
Thierry Descamps, 50 ans, juge international, médaille d’argent au
Championnat d’Europe EOCHA 2013 (Nord) et 7ème aux Championnats d'Europe 2017
A quel âge peut-on commencer
la pratique du tir à l’arc à
cheval ?
"Les
jeunes cavaliers peuvent s’initier à la discipline dès 6 ou 7 ans, par exemple
sur un poney Shetland tenu en longe. Mais il ne s’agit là que de séances de
découverte. Il faut d’abord apprendre à monter à cheval, gérer ses trois
allures, pouvoir lâcher ses rênes… Puis il faut apprendre à tirer à l’arc, pour
ensuite être capable de faire les deux ensemble ! Est-il utile de se former
dans un club de tir à l’arc traditionnel ? Non,
car ce n’est pas du tout la même chose : à pied, vous n’avez pas le
problème du vent, du galop, du mouvement du cheval… Nos entraînements de tir à
l’arc, avant de passer à cheval, se font en fonction de ces futurs paramètres.
Par exemple, nous tirons au sol mais couchés sur le dos, cela offre des
sensations similaires.

Y a-t-il des races de
chevaux privilégiées pour la discipline ?
Tous
les chevaux peuvent convenir à condition qu’ils ne soient pas trop grands,
l’idéal se situant entre 1,45 m et 1,55 m. S’ils ont un peu de sang arabe,
c’est bien aussi, car la fluidité du galop est essentielle (et non la
rapidité). Il faut que les épaules du cavalier ne bougent pas. En tant qu’entraîneur, que
cherchez-vous à obtenir du cavalier ? Toute
la difficulté consiste à trouver l’équilibre parfait. Si le cavalier est trop
speed ou stressé, je lui apprends d’abord à ralentir, à se décontracter, à
obtenir un mouvement fluide… Inversement, s’il est un peu mou, j’essaye de
le « réveiller ». Nous pratiquons aussi beaucoup d’exercices de
respiration, laquelle est essentielle. Pour être performant, le cavalier doit
inspirer en tendant son arc, et souffler à chaque tir de flèche.

La discipline attire-t-elle
autant les filles que les garçons ?
En Hongrie, les filles représentent 30% des archers.
En France, c’est trop tôt pour le savoir car cela fait seulement deux ans que
la discipline existe. Bien sûr, du fait de
l’aspect « guerrier », il y a beaucoup de garçons. Ceci dit, la
discipline plait autant aux filles qu’aux garçons, et certaines filles sont des
guerrières ! Dans ma famille, nous sommes trois à la pratiquer :
moi-même, ma femme et notre fils Robin, 23 ans. Robin est double champion de France 2014
et 2015, médaille d’argent au Championnat EOCHA 2015 et il s'est classé 5ème aux Championnats d'Europe 2017.

Mieux encore : nous revenons tout juste d'Al Faris, en Jordanie, où s'est déroulée les 20 et 21 avril 2018 la troisième compétition "International Horseback Archery Championship", sous le haut patronage du roi de Jordanie. Pour la première fois, les chevaux étaient tirés au sort : un cheval par pays pour deux archers. Le Pur-sang Arabe sur lequel nous sommes tombés, Robin et moi, était l'un des plus rapides : 7 secondes en 100 mètres... Et Robin a décroché la médaille d'or en tir coréen ! Bien sûr, c'est une grande fierté".
Pour en savoir plus sur l'initiation, la pratique, les stages de tir à l'arc à cheval en France : Association" Arc Cheval" sur leur page Facebook
Le site qui regroupe tous les passionnés : World Horseback Archery
Le règlement complet de l'archerie équestre est disponible sur le site de la FFE, rubrique "Discipline de culture et de tradition"
Photos © Patrick Clément et Thierry Tonneaux
Cet article a été publié en partie dans le magazine Cavalière n°55

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