Pauline Beulze : l’éthologie, une passion à partager

Pauline Beulze : l’éthologie, une passion à partager

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La sidérante photo (non truquée !) de l'enseignante d'équitation éthologique Pauline Beulze en couverture du magazine « Cavalière » de février 2018, riant aux éclats aux côtés de Penn,  son étalon Haflinger toutes dents dehors et crins volant au vent, a fait le buzz sur Internet.

Mieux comprendre les chevaux pour mieux les monter


Pauline Beulze est enseignante d'équitation éthologique, installée à son compte depuis 2012. Formée au Haras de la Cense, elle a développé avec ses chevaux une incroyable relation basée sur la confiance et la complicité.

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L'approche éthologique permet de nouer une relation incroyablement complice © Morgane Vallé

Blogueuse à succès, monitrice indépendante, animatrice de stages d’équitation éthologique… Rien n’arrête la belle Pauline dans sa recherche d’une meilleure compréhension entre l’homme et le cheval. Il faut dire que cette fille brillante, sincère et passionnée a parfaitement compris les besoins de son époque : à 16 ans, elle créait un blog qui allait faire de Naïade, sa pouliche Haflinger, une star du Net auprès des jeunes cavalières... Un an seulement après la création de sa page Facebook, elle avait déjà 12 000 « fans ». 

Monitrice d’équitation éthologique indépendante


Aujourd’hui, le chiffre a doublé : près de 24 000 cavaliers et propriétaires suivent les progrès de ses chevaux et découvrent les bienfaits de l'approche éthologique. Des chiffres qui en disent long sur l’incroyable popularité de Pauline Beulze, monitrice d’équitation éthologique indépendante de 28 ans.
Un succès qui mérite d’être décrypté dans la mesure où Pauline n’est ni championne de CSO, ni star du spectacle équestre !

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Tous crins libres volant au vent... chevaux et humains confondus ! ©  Morgane Vallé

Tout commence en Bretagne dans l’enfance de Pauline, baignée par l’amour des chevaux : « C’est maman qui m’a mise à cheval quand j’étais toute petite, raconte-t-elle. Elle-même avait deux chevaux de loisir et montait en extérieur, mais elle m’a inscrite dans un club hippique et j’y suis restée jusqu’à mes 18 ans. » Il s’agit en fait d’un poney-club, et Pauline ne monte que des poneys : « Cela ne me gênait pas, d’ailleurs je ne suis passée à cheval que pour mon BPJEPS ! » La jeune fille suit un parcours classique et pratique diverses disciplines – CSO, dressage, pony-games, horse-ball …. – mais pas en compétition : « Cela ne m’a jamais intéressée. »

Le cadeau de sa vie : Naïade, pouliche Haflinger de 11 mois


A 12 ans, Pauline reçoit de ses parents et grands-parents un cadeau qui va changer le cours de sa vie : Naïade, une ponette Haflinger de onze mois – bien connue aujourd’hui de tous ses fans : « Nous avons fait le tour des élevages de Bretagne et dès que je l’ai vue, j’ai craqué. Si je ne l’avais pas rencontrée, je ne sais pas si j’en serais là aujourd’hui. » La relation que va développer Pauline avec sa ponette dépasse tout ce qu’elle pouvait imaginer : « Elle est devenue quasiment ma meilleure amie, alors qu’elle était un peu sauvageonne les premiers jours. Dès que je rentrais du collège, j’allais la voir. Je m’amusais à courir avec elle en liberté dans le pré, je lui enseignais le licol, la révérence… Nous avons tout appris ensemble ! Aujourd’hui encore, elle a une énorme place à part dans mon cœur. De tous mes chevaux, c’est celle avec laquelle j’ai la plus belle relation. »

Pour Pauline, monter à cheval c'est  aussi
Pour Pauline, monter à cheval c'est aussi "élargir sa conscience" © HéloÏse Morel-Fort

L’année suivante, Pauline reçoit un second cadeau de ses grands-parents : Opale, une ponette Shetland avec laquelle elle fait de l’attelage, du travail à pied et des longues rênes, en compagnie de sa petite sœur. A 15 ans, déjà interpellée par les vidéos de Pat Parelli, Pauline assiste au Salon du Cheval de Paris à une démonstration d’équitation éthologique par Andy Booth (avec sa jument Oakies et sa zhorse Stormy). « Ca a été une révélation, un déclic, confie-t-elle. Je me suis dit « c’est ça que je veux faire avec Naïade ! » Je dois beaucoup à Andy.» 

"Je dois beaucoup à Andy Booth"


De retour chez elle, équipée des DVD de la Cense et de livres sur l’équitation éthologique, Pauline repart à zéro dans l’éducation de Naïade : «  Pendant  plusieurs mois, je me suis consacrée exclusivement au travail au sol. Puis j’ai repris le travail monté, mais en licol, avec un tout autre contrôle que celui que j'avais quelques temps plus tôt en filet ! »Après l’obtention de son bac S (mention Très Bien !), Pauline s’inscrit en licence d’anglais. En septembre 2007, dans le cadre des « Rencontres éthologiques de la Cense », elle effectue avec Naïade une démonstration de travail en liberté qui scotche le public, ébloui par leur complicité. « C’était un dimanche, se souvient-elle. Le soir, je suis rentrée chez moi avec des étoiles plein les yeux. Le lendemain matin, c’était mon premier jour à la fac et je ne connaissais personne ! C’est là que j’ai décidé de travailler dans le milieu du cheval. » Pauline finit quand même l’année scolaire et valide ses examens, puis abandonne la fac en 2008 pour rentrer en BPJEPS au CEZ de Rambouillet. En 2009, elle est monitrice d’équitation.  

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Les paysages bretons se marient à merveille avec la liberté qu'offre Pauline à ses chevaux © Tamara Madonini

Mais Pauline ne veut pas s’arrêter là : elle enchaîne avec une formation de 9 mois au Haras de la Cense, en compagnie de Naïade, bien sûr : «Il était hors de question de m’en séparer si longtemps ! »  Dès l’obtention de ses BFEE  1 et 2 (Brevets Fédéraux d’Equitation Ethologique), la jeune femme repart chez elle, dans le Finistère, avec deux chevaux au lieu d’un : « En plus de Naïade, je ramenais Pirouette, une AQPS de 7 ans qui m’avait été confiée au travail, puis vendue pour 1 euro symbolique par sa propriétaire. » Pirouette avait un lourd passif : jamais manipulée jusqu’à ses 5 ans, elle était violente, s’était jetée contre les barrières et blessée en sentant une selle sur son dos, etc.

Son challenge : mettre les chevaux en confiance


« Non sans mal, j’ai réussi à la mettre en confiance, raconte Pauline. J’ai travaillé de manière acharnée pendant deux ans, et dès la première année elle avait énormément progressé. C’était un vrai challenge, car elle était constamment dominée par ses émotions. » A peine rentrée chez elle, Pauline est embauchée comme monitrice dans le club de son enfance : « Je voulais enseigner parce que je voulais transmettre, résume-t-elle. Tout ce que j’avais réussi à obtenir avec Naïade et Pirouette, je ne me suis jamais dit que c’était magique ! Ma conviction, c’est que si on prend le temps de faire les choses, si on se donne les moyens de développer une belle relation, on est forcément récompensé. Je me suis hyper investie avec mes chevaux, et je me disais « si j’y arrive, tout le monde peut y arriver ». Bon, avec les années, j’ai un peu déchanté, parce que les gens n’ont pas toujours l’investissement suffisant.  Il faut passer du temps avec ses chevaux, et pas seulement à les travailler. »

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Pauline galope à cru en toute liberté sur Naïade © Tamara Madonini

Pendant deux ans, Pauline est donc monitrice salariée « en classique, avec un public d’adultes mais surtout d’enfants. » La deuxième année, elle passe à mi-temps afin de pouvoir donner des cours d’équitation éthologique à domicile. La demande est telle qu’au bout d’un an, en 2012, elle quitte son emploi pour devenir monitrice indépendante, avec un statut d’auto-entrepreneur.

Arrivée de What Else, Pur-Sang de 4 ans


Entre-temps, un troisième cheval est entré dans la vie de Pauline : What Else, une Pur-sang de 4 ans. « C’était une réformée des courses, je l’ai achetée dans un but précis : poser ma candidature pour une formation de dressage avec Philippe Karl, à l’école de la légèreté. Je ne pouvais utiliser ni Naïade, à laquelle je ne souhaitais pas mettre de mors, ni Pirouette, qui supportait mal les rênes ajustées et qui avait besoin de sa liberté d’encolure.  Il me fallait donc un autre cheval pour cette formation continue qui a duré deux ans, à raison de trois semaines par an à Paris. »

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Belle complicité entre Pauline et sa pouliche Gioia © HéloÏse Morel-Fort

Jamais rassasiée de connaissances, l’infatigable Pauline a également repris en 2012 des études par correspondance. Bien qu’elle n’ait guère de temps disponible, elle est actuellement en Master « Humanités » (philo, lettres, histoire et langues) ! Aujourd’hui, Pauline continue de monter ses propres chevaux sur les plages bretonnes, en toute liberté – aucun d’entre eux n’est monté en mors.

L'équitation éthologique : une approche, pas une discipline


Elle se déplace dans tout le Finistère pour ses cours, propose ses services pour le travail ou le débourrage, et donne de nombreux stages d’équitation éthologique - partout en France, et  jusqu’en Belgique. « Il peut aussi y avoir du dressage, qui est ma discipline préférée. » Pauline insiste d’ailleurs sur ce point : « L’équitation éthologique, c’est une approche, pas une discipline. Disons que c’est le chemin, le « comment »… Après, chacun peut pratiquer la discipline de son choix. »

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Pauline veut des chevaux qui prennent plaisir à travailler... en Bretagne, c'est plus facile ! © HéloÏse Morel-Fort

Trois ans après s’être installée à son compte,  en auto-entrepreneur, Pauline se réjouit de vivre de son activité d'enseignante éthologique « qui tourne bien, j’ai une clientèle régulière et un carnet de réservations bien rempli. Et ça, je sais que je le dois à Internet. »Car Pauline, dès son adolescence et avec une impressionnante maturité, a su capter au bon moment les besoins de sa génération - notamment par rapport aux nouvelles technologies.

Un blog équestre à succès


Son premier blog « naiade29.skyrock.com», créé alors qu’elle n’avait que 16 ans, a rencontré un succès fulgurant (près de 1000 visites par jour) et suscité une affluence de fans lui réclamant des autographes à la sortie de ses démonstrations. Un autre blog est venu prendre la suite, puis un site et enfin une page Facebook : « Très franchement, aujourd’hui, un professionnel ne peut pas se passer de Facebook, analyse Pauline avec acuité. Cela me donne une visibilité, il est clair que sans cette page, je n’aurais pas un calendrier aussi rempli ! Les réseaux sociaux sont un véritable atout. Même si on a parfois envie de rester seule avec ses chevaux, aujourd’hui ça ne suffit pas. »

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Pauline Beulze, la jeune femme qui murmurait à l'oreille des chevaux... ©  Morgane Vallé

Tout récemment, un nouvel événement est venu conforter Pauline dans cette conviction : en février 2015, elle fait l’acquisition de Penn, un étalon Haflinger de 12 ans, dans des conditions bien particulières : « Je voulais un poulain de Naïade et en réservant la saillie de cet étalon, j’ai été sollicitée par sa propriétaire pour le travailler chez moi, car elle souhaitait le vendre après la saison de monte. Penn n’avait pas été monté depuis ses 3 ans mais, en un mois, il a évolué remarquablement et je m’y suis beaucoup attachée. Mais voilà… Un étalon Haflinger, c’est cher ! »

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Ici, Pauline apprend le cabrer à son étalon Penn ©  Morgane Vallé

Pauline a donc une idée géniale,  aujourd'hui courante mais visionnaire à l'époque : lancer sur Facebook un appel à une « cagnotte en ligne » pour le racheter. Attention, il ne s’agit pas d’une simple demande de coup de pouce financier, et encore moins d’assistanat, mais d’un véritable projet avec une portée pédagogique : « J’avais déjà ouvert un blog pour suivre les progrès de Penn et la contrepartie, c’était que je le développe, que je réalise des vidéos pédagogiques, que je crée des stages en auditeur libre, etc. »

Une cagnotte en ligne, démarche visionnaire à l'époque


Le système est ultra astucieux :  chaque contrepartie équivaut à une certaine somme  (5 €, 40 €, 80 €… voire plus). Les vidéos sont réalisées sur les thèmes les plus demandés, via un sondage auprès des contributeurs. En trois jours, Pauline obtient  10 000 € ! « Bien sûr, cela me fait plaisir de partager mon travail avec les internautes, se réjouit-elle. Mais c’est aussi un engagement de ma part par rapport au rachat de Penn. Je me dois de le faire. »


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L'équitation éthologique lui permet de monter en toute confiance à cru et en licol ©  Morgane Vallé

Aujourd’hui, la belle aventure de Pauline Beulze continue. Avec d'autres chevaux encore puisque  Gioia, la pouliche de Naïade, est née il y a deux ans - la relève est assurée ! Mais aussi Pirouette, AQPS de 15 ans, What Else, Pur-Sang  Anglais de 11 ans , Qualypso, poulinière Haflinger de 14 ans, Hupendi et Ielija, les poulains de son mini-élevage, bientôt partis dans leur nouvelle famille...

Et puis, depuis 2016, Pauline a rajouté une corde à son arc puisqu’elle tient désormais une chronique éthologique dans le magazine bimestriel Cavalière, La passion du cheval. De deux pages, la  « Chronique de Pauline » est passée à 4 pages, vu le succès qu’elle rencontre auprès des lectrices et lecteurs. 

Une photo non truquée qui a fait sensation


L’incroyable photo d’elle et de son étalon Penn, prise par Morgane Vallé et choisie à l'unanimité pour la couverture du numéro 68, a suscité le buzz sur le net – et oui, la photo n’était pas truquée ! La talentueuse photographe a simplement réussi le tour de force de saisir l’instant où Pauline éclatait de rire au moment où son étalon secouait la tête en baillant ! -, et a été maintes fois partagée. Un succès mérité pour une fille sympa, simple et saine qui, entre sa présence sur les réseaux sociaux, ses stages, sa chronique journalistique, etc., agit énormément pour le bien-être des chevaux et une meilleure compréhension de leurs besoins. 

Six jambes à l'unisson... Celles de Pauline et Penn, son étalon Haflinger ©  Morgane Vallé
Six jambes à l'unisson... Celles de Pauline et Penn, son étalon Haflinger © Morgane Vallé

La philosophie de Pauline résumée en 3 questions-réponses : 


Quels sont vos objectifs avec les chevaux ?
Développer le relationnel et l’idée de positivité. Je veux des chevaux volontaires au travail, pas des robots qui subissent. Il faut qu’ils prennent plaisir à travailler, et qu’il se crée une vraie relation de complicité avec leur cavalier.

Et avec vos élèves ?
Je veux qu’ils comprennent mieux leurs chevaux, et aussi qu’ils arrivent à s’en faire mieux comprendre. Mon objectif est de leur montrer comment le cheval fonctionne, afin d’éviter les conflits – car c’est toujours pour un conflit que les gens m’appellent !

Comment organisez-vous votre travail lors des stages ?
Globalement, autour de deux pôles : un pôle « relationnel », avec du travail à pied et en liberté. Ce sont les fondations de l’approche éthologique, nous apprenons à communiquer avec le cheval, à créer une relation, à développer une complicité… Et un pôle « physique », avec du travail monté et du dressage, des assouplissements, etc. C’est important pour moi que le cheval soit gracieux, souple, musclé, et qu’au final il soit bien dans sa tête et dans son corps. Tous les chevaux peuvent devenir beaux par le travail !  

Une vision de rêve qui est aussi le quotidien de Pauline Beulze © Tamara Madonini
Une vision de rêve qui est aussi le quotidien de Pauline Beulze © Tamara Madonini

Merci aux photographes  Morgane Vallé, Héloïse Morel-Fort et Tamara Madonini pour leurs très belles photos de Pauline.
Photo édito :  © Morgane Vallé

Cet article est paru en partie dans le magazine Cavalière, La passion du cheval n° 55
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