Dans la peau d'un chuchoteur au Québec sous la neige
Raphaëlle Trebuchon,
spécialiste des séjours en Amérique du Nord, nous fait
partager son expérience magique à la rencontre des chuchoteurs dans un ranch du Québec.
Oublions les idées reçues sur les traditions Québécoises
Première étape de ce voyage : sortir un peu des clichés...Il
n'y a pas que dans le Wyoming ou le Montana qu'on monte des quarter horses,
qu'on trie du bétail, qu'on écoute de la musique country ou qu'on rencontre des
chuchoteurs ! La preuve ? Ce voyage insolite et inoubliable au Québec dans un
ranch est situé dans un petit coin de paradis dans la région de la Beauce. Plus
précisément, à une heure et demi au sud de la ville de Québec.
La Beauce ? Imaginez-vous des paysages ouatés de
neige, des érablières à perte de vue, des vallées, des petits villages typiques,
leurs églises en bois, un accueil chaleureux, une gastronomie locale
savoureuse... Vous y êtes !
Bienvenue au
Ranch Canadien chez Katia et Carl
Arrivée chez Katia et Carl et leurs deux enfants, dans
un splendide ranch en bois et toits rouges. Sous la neige, le site est
féérique. Il a neigé toute la semaine, les toits sont lourds de neiges, les
températures oscillent entre -13 et -10°et tout le monde est dehors. Bienvenue
au Québec ! L'accueil y est chaleureux chez ce couple passionné de chevaux.
Depuis plus de 15 ans, Carl et Katia pratiquent le team penning, une discipline
équestre qui consiste en équipe à trier du bétail dans un temps imparti. Après
avoir tourné en compétition western aux Etats Unis pendant 8 ans, ils
s'installent sur les terres du grand-père de Carl et peu à peu leur projet
prend forme : écuries, élevage de chevaux, construction d'un grand manège
couvert pour le tri de bétail flambant neuf, exploitation d'une érablière à
taille humaine...
Katia, redoutable compétitrice du
team penning, travaille comme éducatrice d'enfants. Au ranch, elle est aussi
un vrai cordon bleu des spécialités québécoises. D'ailleurs, elle se met en
quatre pour faire découvrir les plats typiques du pays. Carl, qui s'occupe du
ranch à plein temps est aussi producteur de sirop d'érable et partage son temps
entre ses deux passions, et c'est du travail !
La
production de sirop d'érable au Québec
Ce délicieux sirop est un produit
propre du Québec. Naturel, sans colorant et additif, il est réalisé au
printemps, au "temps des sucres", une période festive et conviviale.
En quelque sorte, le sirop est aussi raffiné que le vin ou l'huile d'olive. Il
est classé selon sa couleur et plus sa couleur est clair, plus il est rare et onéreux.
Alors que le Québec explose les records
d'exportations de sirop d'érable "industriel", quelques Québécois
(comme Katia et Carl) résistent encore et toujours à l'envahisseur. Leur sirop
est fait "maison", à la manière traditionnelle, récolté à la main,
non mélangé et naturel.
Durant les beaux jours, la
dégustation de sirop se fait sous toutes ses formes gastronomiques : pancakes, gâteaux,
pain,.. D'après les spécialistes, l'érable du Québec est celui qui fournit le
meilleur sirop. Celui-ci et le sucre d'érable sont fabriqués dans une "cabane
à sucre", une petite maison au cœur de la forêt.
Dans ce lieu, des repas
sont organisés pour déguster des spécialités Québécoises à base de sirop
d'érable.
Selon une légende, un
Amérindien aurait découvert l'eau d'érable après avoir observé un écureuil qui
buvait l'eau d'un arbre. La légende existe-elle réellement ? Malheureusement,
peu de sources permettent de nous l'a confirmer. Cependant, l'histoire des
produits d'érable est bien liée à l'histoire du Québec.
Les
chevaux du ranch
Mon coup de cœur ? Leurs
magnifiques Quarter Horses sélectionnés poulains pour leur endurance et leur
génétique. Elevée en Virginie, à l'est des Etats-Unis, le Quarter Horse est la
plus ancienne race de chevaux Américains. Près du sang, ce cheval est dynamique
et a très bon caractère qui est apprécié de tous. Il présente aussi de bons
atouts pour la gestion du bétail en équitation western.
Premier cours
d'équitation éthologique !
Mon hôte sort Texan, un
quarter horse alezan de 8 ans. Après l'avoir pansé et sellé, on le laisse dans
le ring (rond de longe), avec son licol. Placés au centre, nous le faisons
trotter puis galoper en cercle autour de nous. Il faut trouver la position
juste, lui mettre suffisamment de pression avec le corps pour le faire avancer,
ne pas le bloquer.
Carl m'apprend à "lire" le cheval : observer
son besoin de se défouler, d'abord, puis, à la façon de positionner sa tête,
ses oreilles, à son regard, détecter les signes qui indiquent que
progressivement le cheval m'accorde de l'attention, du respect.
Le but est de se faire accepter naturellement par
le cheval comme un dominant, afin de tisser un lien particulier, mais avant
tout d'assurer sa sécurité en selle et d'obtenir librement du cheval ce qu'on
lui demande. Trôt, galop, changement de sens, tout se fait simplement avec la
pression et la position du corps au centre du rond de longe. Il faut un petit
moment pour prendre le coup de main mais Carl est un très bon professeur.
Au bout d'un moment, nous nous figeons, le cheval
se fige également. Si ce n'est pas le cas, on continue le travail ! Mais Texan
s'est arrêté et nous fixe. C'est à nous de nous avancer vers lui, pas
l'inverse, car nous adoptons la position du dominant. Il ne bouge pas et attend
que nous nous approchions. C'est gagné ! Une caresse, quelques félicitations.
Maintenant le cheval est à l'écoute. Carl se positionne à sa gauche, fait
quelques pas, Texan avance en même temps. Si Carl s'arrête, Texan s'arrête.
Idem pour le reculer. Tout cela sans aucun contact. Une vraie preuve que le
travail fonctionne !
Nous attachons Texan au ring et recommençons le
travail avec Jessie, une belle jument palomino. Cette fois, à moi de jouer !
Mais Jessie, 13 ans, compétitrice "à la retraite", connaît la
chanson, c'est un jeu d'enfant pour moi de parvenir au même résultat ! Demain,
nous longeons les poulains, ce sera peut être une autre histoire.
En selle pour
un "roll-back" et jeux de ranch
Maintenant, en selle ! Les selles western sont lourdes et confortables. Pas question de
glisser lors d'un "roll-back", une figure de l'épreuve du reining qui
consiste à faire un demi-tour rapide sur place suivi d'un départ au galop
depuis un arrêt. Cette technique permet de changer de direction rapidement et
suivre le bétail.
Après
avoir passé avec succès les différentes étapes au sol, c'est vrai que la
confiance est naturelle une fois sur sa monture. On a le sentiment de connaître
son cheval, ses réactions, son tempérament. Il est temps de s'exercer à la
monte western. Utiliser une pression de la jambe pour déplacer son cheval,
poids du corps en avant pour avancer, rêne d'appui pour les roll-backs.
Après
avoir mis des "tags" numérotés sur les veaux afin de les reconnaître,
nous les rabattons dans le ring, le jeu de ranch sorting (tri du bétail) peut
commencer. Nous nous positionnons deux par deux, un à l'entrée du ring pour
bloquer les veaux à l'intérieur, le second cavalier sépare les veaux et les rabat
vers le premier cavalier, numéro après numéro, dans l'ordre.
C'est
vraiment un travail de précision mais les chevaux sont fantastiques ! Avec un
bon jeu de jambes et une bonne assiette, ma jument répond avec précision et
s'élance dans le ring. Le plus difficile est de vraiment pousser la bonne vache
vers la sortie et pas tout le troupeau. Katia me guide, m'aide pour les
directions, et avec un peu d'entraînement et en laissant faire Jessie qui
comprend son travail, je prends vite goût au jeu.
En carrière, les jeux
de bétail se font dans le calme avec des accélérations soudaines au galop, des
arrêts brusques et des roll-backs pour contrôler le déplacement des vaches.
L'assiette du cavalier doit donc être excellente pour une monte tonique et ludique. Idéal pour les cavaliers intermédiaires comme
confirmés car Carl et Katia ont des chevaux pour tous niveaux et plus ou moins
vifs.
Découvrez l'équitation éthologique en vidéo :
Sous la
neige à - 10 degrés
Après le travail en
carrière, c'est l'occasion de sortir en extérieur. À -10°C, il faut bien s'équiper. En pantalon et
veste de ski, on en profite sans ressentir le froid. Les sous bois enneigés
sont vraiment féériques. Nous traversons les érablières enneigées et traçons le
chemin dans la poudreuse fraîche. Pas un bruit, à peine le pas étouffé des
chevaux...idéal pour finir cette première séance d'équitation en douceur.
Séance de travail à la longe
Le
lendemain, je pars pour une nouvelle séance de travail au sol en longeant les
pouliches, qui ont entre 3 et 4 ans : Playgon, Smooth et Cat. Leur tempérament
plus fougueux et plus vif change des chevaux d'hier, mais la base de travail
est la même et quelle satisfaction d'obtenir l'attention et l'obéissance du
cheval après une séance de travail dans le ring. Seule au centre, je me prends
pour une chuchoteuse, il ne manque plus que le Stetson... et l'accent québécois
!
Avoir des
bases western est un plus mais pas du tout exigé. Dans ce ranch, on change de
cheval dans la semaine en fonction de nos envies pour apprécier nos progrès et
voir la différence de finesse et de réactivité entre les chevaux. Après
quelques jours, mon aisance et ma façon d'aborder les jeux n'avait plus rien à
voir, je ne pensais pas autant m'amuser à cheval.
L'éthologie
au ranch
La fameuse méthode éthologique de Monty Roberts
utilisée par le ranch, nous permet de rentrer en communication avec le cheval
et de tisser des liens avec notre monture. L'éthologie, qui étudie le
comportement des chevaux en milieu naturel avec leurs congénères, permet aussi
la lecture des relations entre les hommes et les chevaux, et se base sur une
façon respectueuse d'établir un rapport avec sa monture.
Né aux Etats Unis,
passionné de chevaux depuis son enfance, Monty Roberts a commencé sa carrière
de cavalier et dresseur de chevaux comme cascadeur et compétiteur en rodéo.
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