Un cavalier-voyageur nous raconte sa randonnée en Namibie
Philippe
Caruel a effectué en mars-avril 2019 une randonnée en Namibie avec Cheval
d’Aventure. Pour le Mag des Cavaliers Voyageurs, il nous confie ses
impressions de cavalier-voyageur infatigable et passionné !
Un raid endurant avec beaucoup de galop
Philippe,
quels pays avez-vous découverts avec Cheval d’Aventure ?
J’étais
déjà allé en Afrique, au Botswana, un voyage de nature très différente. C’était
avant tout un safari à cheval, plus axé
sur la faune et sur la chevauchée dans le delta de l’Okavango.
Qu’est-ce
qui vous a attiré dans la destination Namibie ?
Je
pars à chaque fois en voyage équestre avec un ami, Michel, qui est aussi fan de
cheval que moi. Au départ c’est le côté « raid » de ce périple en Namibie
qui nous a attirés. Michel et moi, on est accro aux chevauchées de longue durée,
avec beaucoup de galop ! Et ce fut le cas en Namibie : 300 km à
cheval en 8 jours, avec des journées relativement longues – 6 à 7 heures par jour, sous une température moyenne de 35°.
Et
puis je connaissais mal le désert, j’avais envie de le découvrir à cheval.
J’avais fait le sud marocain… mais en 4x4 ! Alors traverser un grand désert
comme celui-ci, d’est en ouest, sous forme de raid à cheval, ça venait bien
compléter ma découverte du Botswana.
Depuis
quand êtes-vous cavalier ?
Jusqu’à
l’âge de 18 ans, j’ai beaucoup monté à cheval. Puis j’ai quasiment arrêté à
cause des études et du travail. Je ne montais plus qu’épisodiquement, à
l’occasion des vacances, pour une balade de quelques heures. Quand
je suis arrivé en retraite, j’ai eu la chance de pouvoir remonter à cheval sur
l’île de Ré, où j’ai une résidence secondaire. Je monte un cheval (qui n’est
pas le mien) environ trois fois par semaine, pour des balades d’une heure
trente à deux heures, dans un cadre magnifique, en forêt, sur la plage… Mais l’idée,
c’était aussi de me maintenir en forme pour effectuer ce raid en Namibie !
(Philippe a 69 ans, Nldr).
Justement,
la Namibie, c’est une randonnée qui est d’emblée annoncée très sportive : quel
était le niveau de vos compagnons de chevauchée ?
Nous
étions 9 cavaliers avec Christophe Leservoisier (le directeur de Cheval
d’Aventure, Ndlr).
Et il y avait en plus 3 cavaliers accompagnateurs, dont
le responsable, Andrew. Tous étaient en effet des cavaliers confirmés, ayant
l’habitude de monter. On ne faisait pas de la haute école, mais de l’endurance !
Diriez-vous
que c’était physiquement difficile ?
Il
y a eu une journée assez périlleuse et très longue, assez physique en effet, avec
des parties à pied importantes. On a dû gravir des pentes raides, sur des
rochers glissants, dans la chaleur… Et moi en plus, ce jour-là, je n’avais pas
pris assez d’eau ! Heureusement, quelqu’un est venu nous approvisionner.
C’était le seul jour délicat.
Comment
définiriez-vous la cavalerie mise à votre disposition ?
Les
chevaux étaient excellents, grands, très endurants et faciles. Même si, en
arrivant sur les zones où ils étaient habitués à galoper, ils piaffaient pas
mal ! La plupart du temps, je montais un cheval un peu plus nerveux que
les autres (à ma demande, parce que j’aime les chevaux nerveux !).
Mais on
a changé plusieurs fois au cours du voyage car il y avait un système de
roulement pour qu’ils aient du repos. Il y avait 18 chevaux au total : 12 d’entre
eux avaient des cavaliers sur le dos, 2 ou 3 suivaient librement, et les 2 ou 3
derniers empruntaient le camion d’une étape à l’autre pour se reposer. Les
chevaux étaient ultra résistants - on se disait d’ailleurs que chez nous, après
une journée comme ça, les nôtres auraient sûrement eu les membres tout engorgés !
Et
côté faune sauvage ?
Nous
avions été bien servis au Botswana, alors nous n’avons pas du tout été
frustrés, et puis dans notre esprit ce n’était pas le même type de voyage.
D’autant plus qu’en Namibie nous ne sommes pas allés dans les réserves situées
plutôt le long de l’Atlantique. Mais quand même, on a vu des girafes, des
zèbres, des antilopes….
On avait du mal à faire avancer nos chevaux vers les
girafes ! On a vu aussi un serpent, et plusieurs scorpions. J’en ai même trouvé
un sous mon lit, mais le temps que j’aille chercher mon appareil pour le
photographier, il était parti.
Comment
avez-vous jugé la logistique ?
Franchement,
l’organisation était super, la logistique très solide. Andrew, le responsable,
faisait vraiment tout ce qu’il pouvait pour satisfaire les cavaliers. Nous avions
8 accompagnateurs en tout pour 9 cavaliers, soit quasiment 1 par
personne ! Le guide (gérant et propriétaire local de 200 chevaux) et son
assistante chevaux, 1 cuisinière aidée par 2 jeunes filles d'Afrique du Sud, 1 Argentin
pour s'occuper des chevaux et des cavaliers, 2 Namibiens pour les autres tâches
(installer le campement chaque jour, soigner et nourrir les chevaux, alimenter
les douches en eau chaude, installer les cabines WC, etc.). Deux ou trois de
ces personnes fermaient la marche chaque jour et surveillaient les 2 ou 3
chevaux en liberté sans cavalier qui nous accompagnaient.
Avec
un an de recul, pouvez-vous nous raconter les points forts de ce voyage ?
Cheval,
bivouac et désert ! Le fait de ne pas traverser une seule fois une route
goudronnée, d’être uniquement sur des pistes, ou dans le désert… Le fait d’être
en autonomie totale avec nourriture et boissons pour 9 jours… Nous n’avons
dormi à l'hôtel que le premier et le dernier jour : le reste du temps, nous
dormions à la belle étoile, les lits de camps éparpillés dans la nature, sauf 1
nuit sous la tente pour cause de pluie. Cette autonomie totale était possible
grâce à un matériel important avec un camion et sa remorque, transportant
chevaux au repos, foin, tentes, 2 citernes de 500 l d'eau (il fallait bien ça, notamment
pour abreuver les chevaux), selles de rechange, matériel pour douche, etc.
1
véhicule 4X4 avec panneau solaire sur le toit pour les frigos (ce qui nous
permettait d’avoir des boissons fraîches en plein désert !) et sa
remorque, véritable cuisine de campagne militaire également équipée d’un
panneau solaire, évier et réchaud à gaz. Cuisine au feu de bois tous les soirs,
par une jeune femme, à midi sandwichs, salade ou spaghettis. Excellente cuisine
dans l'ensemble. Le pain cuit sur place dans des chaudrons en fonte était délicieux.
Une vie proche donc de celle des boy-scouts ou des militaires en campagne,
pendant 9 jours !
Autre point fort de
cette randonnée en Namibie : le côté endurance. Des galops d’enfer, sur des étendues, désertiques, pendant 7 à 8
minutes d’affilée ! C’était exactement ce que je recherchais.
Parfois on
galopait tous de front, on faisait la course… Inoubliable ! Le midi, on faisait une pause pour le déjeuner
d’environ 1h30, beaucoup en profitaient pour faire la sieste…
La
beauté du désert aussi, parfois véritablement lunaire. Même si, côté paysages, il
faut reconnaître que le désert ça peut être un peu lassant, un peu monotone au
fil des jours. Mais le ressenti est impressionnant parce qu’on est vraiment
tout seul, là, au milieu de nulle part. Le désert, c’est aride, il n’y a que de
la caillasse, quelques buissons, pas un oiseau, pas un insecte… Très peu de
vie. un @Blog Cheval d'Aventure
Et
puis l’ambiance, qui était extrêmement sympathique. Et très
internationale ! Dans notre groupe il y avait un couple de Belges (dont la
femme était une ancienne jockey), une Allemande, un Hollandais, une Anglaise,
une Sud-Africaine… Les âges aussi étaient très variés, ça allait de 25/30 ans environ
à 75 ans.
À
quel type de cavalier conseilleriez-vous (ou déconseilleriez-vous) cette
rando ?
Dans
la partie désertique de la Namibie, il n’y a rien ! Très peu d’habitants,
pas beaucoup de touristes non plus… Ce n’est donc pas une rando à conseiller si
l’on veut voir du monde ou aller à la rencontre des populations. En revanche,
je la conseille à tous ceux qui, comme moi, recherchent un voyage à cheval hors
du commun, un vrai raid en autonomie complète, ceux qui veulent être totalement
immergés dans la nature et dans le désert.
Et bien sûr, sur le plan équestre,
je la conseille à tous ceux qui rêvent de galops d’enfer ! J’en suis
rentré des souvenirs plein la tête…
Philippe,
vous avez sans doute un projet de futur voyage équestre… ?
Oui,
toujours avec mon ami Michel et Cheval d’Aventure, je repars bientôt - mais un
peu plus près, cette fois - en France, pour faire la tournée du Morvan. Bon,
ce sera encore une randonnée très endurante, avec des galops et des journées de
60 km… !
Propos
recueillis par Natalie Pilley
Partez en randonnée équestre en Namibie avec Cheval d'Aventure
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