Marie-Pascale, cavalière voyageuse de la Russie au Tibet
Chirurgienne à la retraite, Marie-Pascale Auzelle consacre l'essentiel de ses loisirs à la randonnée équestre à travers le monde. Avec Cheval d'Aventure, elle est partie notamment en Russie mais aussi au Tibet, à la rencontre des cavaliers du Kham...
Le cheval, merveilleux compagnon de rencontres
Marie-Pascale, cavalière voyageuse expérimentée et passionnée, a bien voulu nous expliquer pourquoi cette façon de voyager est idéale à ses yeux :
Marie-Pascale, quels pays avez-vous découverts à cheval ?
La Russie, l’Islande, la Chine, la Turquie, le Maroc,
l’Espagne, la Géorgie, la Bulgarie, la Hongrie…
Lesquels vous ont le plus marquée ?
Certains m’ont tellement plu que j’y suis allée 4
fois, comme l’Islande ! D’autres m’ont déçue, comme la Hongrie. Cela
dépend aussi beaucoup du style de randonnée effectuée. Par exemple, ce que j’ai
particulièrement apprécié en Russie, avec Cheval d’Aventure, c’est le fait que
nous soyons logés chez l’habitant. Nous avons dormi dans de véritables isbas,
rencontré les habitants… Cela aurait été impossible ailleurs.
Suppression des barrières
Pourquoi choisir de voyager à cheval ? Qu’aimez-vous
le plus dans cette façon de découvrir le monde ?
Je pense que cela permet vraiment d’avoir une approche
des gens très différente. Ce que j’aime en rando c’est que, pour eux, même si
on est touriste, on est avant tout un cavalier. Il suffit que les gens nous voient
dans une tenue vestimentaire différente de celle des touristes, et ça change
tout… Disons que le fait d’être à cheval, ça supprime quelques petites barrières !
Des yacks de bât
En Chine, qu’est-ce qui vous a marquée dans la randonnée « Les cavaliers du Khan », au Tibet, que vous avez faite avec Cheval d’Aventure ?
C’était vraiment une très belle randonnée, hors du commun. Nous avions des yacks de bât pour l’intendance. J’ai beaucoup aimé traverser les villages, dormir ou manger chez l’habitant, planter notre tente juste à côté d’un camp de nomades….En revanche, j’ai trouvé ça un peu dur physiquement, notamment quand il fallait marcher à pattes et passer le col à plus de 4000 mètres ! On est montés très rapidement et j’ai eu un peu le mal des montagnes.
Un harnachement sommaire
Avez-vous assisté au festival du Kham ?
Oui, c’était prévu dans notre randonnée, c’est un beau festival équestre traditionnel, très coloré.
Comment étaient les chevaux tibétains ?
Ce sont des petits chevaux, hyper gentils. Ils sont plus petits que les chevaux islandais, et là-bas les cavaliers chaussent très court. On nous avait d’ailleurs conseillé d’apporter des étrivières, puis d’en faire cadeau à la fin du voyage, parce qu’il faut reconnaître que leur harnachement est sommaire et plutôt fait de bric et de broc ! Bien sûr, là-bas, on ne fait pas beaucoup de galop, compte tenu du terrain.
Vous êtes retournée plusieurs fois en Islande. Qu’est-ce qui vous plait tant là-bas ?
Je trouve les chevaux islandais extraordinaires. Ils ont un super caractère, ce sont des chevaux sélectionnés qui, alors même qu’ils vivent en troupeau et surtout en liberté, sont extrêmement gentils. Ce sont des petits chevaux tout terrain extraordinaires, avec des allures fabuleuses. Le tölt, c’est quelque chose ! Et puis il y a en Islande cette incroyable sensation de chevaucher dans une certaine liberté. C’est tellement différent de ce qu’on nous propose en France !
Chevaucher en liberté
Chez nous, on monte en ligne, et ça se déroule toujours de la même façon, d’abord au pas, puis au trot, puis deux secondes de galop et hop, on arrête parce que quelqu’un est en difficulté… ! J’avoue que ça, je ne supporte plus. En Islande, on quitte l’écurie et très vite on est déjà à fond la caisse, et puis on chevauche toute la journée. OK, on change de cheval entre-temps, mais quand même, c’est autre chose ! Et puis en Islande, les paysages sont somptueux et les gens sont hyper accueillants. J’aime particulièrement y aller pour accompagner les transhumances de moutons, c’est une expérience exceptionnelle.
Se protéger de la pluie à cheval
Profitez-vous pour nous dire comment vous, Marie-Pascale, cavalière voyageuse aguerrie, vous vous protégez à cheval de la pluie et du vent ?
Depuis le temps que je fais des randos, j’avoue avoir eu pas mal d’expériences de pluie à cheval ! Au début, j’ai fait quelques erreurs, je me suis retrouvée trempée, par capillarité l’eau rentrait à l’intérieur, c’était horrible !
Selon moi, le grand slicker, ce n’est pas idéal parce que l’eau glisse et ça tombe sur la selle. La seule solution, pour moi, c’est le surpantalon imperméable. Je l’achète chez Decathlon, au rayon des pantalons de golfeurs !
Pas de selle mouillée !
Mais ils en font aussi pour les cavaliers, et pour les gens qui font du bateau. J’enfile le surpantalon par-dessus mon jodhpur et je mets une veste bien imperméable par-dessus. Ainsi équipée, c’est idéal parce que si la selle est mouillée, ce n’est pas un problème (alors qu’avec le slicker, même long, si la selle est mouillée on n’a rien pour s’en protéger). OK, un surpantalon imperméable, on ne peut pas l’enlever à cheval comme on le fait avec un slicker… mais au moins on passe la journée entière au sec !
Propos recueillis par Natalie Pilley.
En savoir plus sur le festival du Kham
Tagong, à 3700m d'altitude, est une petite ville tibétaine construite autour du monastère de Lhagang. Elle est entourée de prairies et quasi-exclusivement peuplée par les Tibétains. Le festival équestre de Tagong rassemble les fiers cavaliers khampas des environs. Les chevaux sont bénis à la fumée de genévrier puis concourent à la plus incroyable des courses. Charge unique de ces cavaliers au grand galop... même si les chevaux tibétains sont petits, le sol tremble et l'émotion est à son comble.
Montrer leurs richesses
C'est également l'occasion pour les nomades tibétains de montrer leurs richesses. Le spectacle de ces vêtements traditionnels est pour le moins haut en couleur ! Les participants arborent des tenues et chapeaux colorés et rutilants ; les femmes affichent des bijoux de jade, ambre, corail, ivoire, argent et or. Ce festival encore confidentiel offre aux cavaliers qui ont la chance d’y accéder la plus chaude des hospitalités tibétaines.
Connaissez-vous... le cheval de Riwoché ?
Découvert en 1995 dans la vallée du Kham, le cheval de Riwoché a été repéré par des ethnologues lors d'une expédition pédestre destinée à étudier un autre troupeau de chevaux tibétains, le cheval de Nangchen. C'est l'ethnologue français Michel Peissel qui l’a découvert dans cette vallée reculée, où le peuple des Bön-po utilise ce petit cheval tibétain pour la monte et le trait.
Sauvage ou domestique ?
Avec une ressemblance troublante au cheval de Przewalski, le cheval de Riwoché est qualifié de "fossile vivant". Il se caractérise notamment par une robe louvet et des marques primitives, une tête massive et une silhouette anguleuse.Plusieurs hypothèses le considèrent comme un « chaînon manquant » entre les espèces équines sauvages et domestiques, tandis que d'autres le considèrent comme une relique des anciens chevaux sauvages grâce à son isolation complète des autres espèces pendant longtemps.
Le tölt, une allure à découvrir
Vous souhaitez en savoir plus sur le tölt, la célèbre allure du cheval islandais qui plait tant à Marie-Pascale ? Plus exactement, il faut savoir que le cheval islandais se caractérise par deux allures supplémentaires : le tölt et l'amble. Il fait donc partie de ce qu’on appelle les « chevaux d’allures », comme le Missouri Fox Trotter ou le Rocky Moutain Horse.
Le tölt est une allure à quatre temps, un pas rapide et relevé extrêmement confortable, qui permet de parcourir rapidement de longues distances. Il se reconnaît au premier coup d'œil à l'allure fière et redressée du cheval, et à la façon dont le cavalier reste parfaitement assis dans sa selle, sans aucune secousse.
Tölter sans renverser une goutte d'eau
Le cavalier peut même, comme c’est le cas dans certains épreuves de compétition ou démonstration, tenir un verre d’eau rempli à ras bord sans en renverser une goutte ! Par contre, il faut savoir aussi que certains chevaux islandais sont de meilleurs tölters que d'autres, voire ne töltent pas du tout. Un excellent tölter est donc très recherché. Il est considéré comme un cheval "à quatre allures" s'il ne possède pas l'amble, et "à cinq allures" s'il possède à la fois le tölt et l'amble.
L'amble, une allure latérale
Quant à l'amble, c'est une allure à deux temps et à bipèdes latéraux : le cheval avance en utilisant alternativement ses membres latéraux gauches et droits (soit le contraire du trot, où il lève en même temps ses bipèdes diagonaux et non latéraux). Mais il faut distinguer l'amble dit "de cochon", peu rapide, inesthétique et inconfortable, de "l'amble volant" ou "Flugskleid", très rapide et très spectaculaire. L'amble volant est l'allure de compétition par excellence, mais il est moins facile à obtenir que le tölt, et nécessite plus d'apprentissage.
Une morphologie adaptée au tölt
Les allures spécifiques du cheval islandais, présentes dès la naissance du poulains, sont dues à une morphologie spécifique. Attention, bien que sa taille au garrot oscille entre 1,30 m et 1,45 m, l’islandais est officiellement un cheval et non un poney. Il est très charpenté, avec beaucoup d’os par rapport à sa taille. Le diamètre du genou ou du canon est parfois supérieur à celui d’un trotteur ! Le dos est souple, avec une bonne attache de reins. C’est un cheval qui pousse naturellement de l’arrière-main, qualité essentielle pour s’illustrer au tölt et à l’amble volant. Il est petit, certes, mais endurant et courageux.
Et puis le cheval islandais est petit par la taille, mais grand par le cœur ! La réputation de douceur et de gentillesse dont il bénéficie n’est pas usurpée, et doit beaucoup à son élevage en race pure, sur son île, depuis plus de 1000 ans.
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