Tibet - Les Cavaliers du Kham

Tibet - Les Cavaliers du Kham

Asie / Chine - Tibet / Récits de voyage 4
P'ti Jo, cavalier-voyageur depuis quelques années à Cheval d'Aventure nous livre un récit de voyage fascinant à la rencontre des nomades tibétains sur les hauts plateaux herbeux. Une chevauchée au cœur des traditions équestres tibétaines.

Ancien vigneron dans le Beaujolais, aussi éleveur de poulains destinés au CSO, Joseph, dit P'ti Jo, a accompagné régulièrement des voyages de Cheval d'Aventure. Curieux de nature, organisé et passionné, il est parti aux Etats-Unis, au Québec, en Mongolie et au Tibet.

Une envie d'évasion à cheval en Asie

Alors que j’hésite dans le choix d’une randonnée équestre, Line de Cheval d’Aventure, m’a simplement dit : « Si tu veux du dépaysement, vas au Tibet. » Conseil très avisé puisque j’y suis retourné trois années de suite, trois années dans le Kham d’où je suis revenu chaque fois avec l’envie de retarder le moment où je me reconnecte à l’actualité, me demandant pourquoi, avant mon départ j’accorde tant d’importance aux journaux, à la radio ou à la télévision. Après trois randonnées à cheval au Tibet, je n’ai pas réussi à définir pourquoi pendant tout le temps passé au Tibet je me sens si bien. Est-ce les paysages, les gens, l’expérience de la frugalité, l’influence du Bouddhisme ? Sans doute un peu de tout cela augmenté d’un peu d’autre chose qui résonne avec une part indéfinissable de mon histoire personnelle.

Traversée d'une rivière @Blog Cheval d'Aventure
Traversée d'une rivière @Blog Cheval d'Aventure

L’arrivée se fait par Chengdu, grande ville chinoise qui fonctionne comme un sas entre le pays que l’on quitte et celui où l’on se rend, et déjà l’exotisme est là, autant dans le climat -soumis à la mousson - et la langue, que dans le mode de vie : à mon premier voyage, nous sommes pris en charge à l’aéroport par un chauffeur de taxi , nous sommes avec  Angela, la correspondante de Cheval d’Aventure.

Angela est une Américaine de Colorado City qui a épousé un nomade, qui parle le chinois et le tibétain et dont le mari éleveur de yacks, fournit la cavalerie et guide la randonnée à cheval sur les hauts plateaux. Elle est une source d’informations inépuisable sur le Tibet et les nomades, soit directement par ses expériences personnelles, soit par le truchement des personnes qu’elle emploie. Elle manifeste, en outre, un souci constant du bien être des voyageurs, au point qu’on se sent très vite reçu par une amie.

Sur les routes de Chine

Pendant ce voyage centré sur la découverte de la culture tibétaine grâce à la fréquentation des éleveurs qui nomadisent sur les hauts plateaux, les villes et les villages où l’on séjourne brièvement vont être des jalons marquants. Pour nous rendre à Kangding, dernière ville chinoise, et porte du Tibet, nous parcourons pendant douze heures, en minibus, les routes de Chine. Le chauffeur, la main en permanence posée sur le klaxon, zigzague entre cyclistes téméraires et camions poussifs et multiplie les dépassements à suspense. Quand on s’est habitué à cette conduite peu orthodoxe pour un Français, on peut profiter du spectacle varié qu’offre le trajet ! 

Randonnée à cheval @Blog Cheval d'Aventure
Randonnée à cheval @Blog Cheval d'Aventure

Dans le paysage de gravures chinoises que donnent  les forêts de bambous, le minibus frôle des lignes quasi ininterrompues de cyclotouristes qui se rendent à Lhassa pour une sorte de pèlerinage très à la mode dans la nouvelle classe moyenne chinoise. La voie elle-même est pour nous une curiosité, par les blocs de roche qui la jalonnent et qui signalent qu’un  énorme trou s’y est formé. Mais elle révèle aussi la pauvreté d’une partie de la population par les chantiers qui la bordent où l’on peut voir des adolescents au volant de pelleteuses ou des femmes qui charrient le déblai dans des paniers, et qui vivent dans  de véritables abris sous roche vaguement protégés de la boue que les véhicules font gicler, par un film plastique. La route peut être  aussi un lieu de stockage de matériaux commode pour le riverain qui refait sa maison ou une aire de repos pour le bétail. Le trafic peut y être complètement interrompu si un glissement de terrain a emporté une partie de la chaussée. Il faut attendre alors que les bulldozers aient sommairement remblayé.       
                                                                
Paysage du Tibet @Blog Cheval d'Aventure
Paysage du Tibet @Blog Cheval d'Aventure

Avant l’arrivée à Kangding,  première expérience de l’altitude avec le passage d’un col à 4200 m. Lors de mon premier séjour il y eut un épisode burlesque illustrant bien les relations compliquées mais, ici, non tragiques entre tibétains et chinois. Parce qu’il y a eu quelques troubles dans la région, la police chinoise a mis en place des check-points pour empêcher les occidentaux d’entrer au Tibet. Comme nous en avons été avertis, il a suffi  que tous les voyageurs se couchent entre les sièges et dans le couloir du minibus pour que, seule la tête du chauffeur tibétain étant visible, nous passions devant les policiers en ralentissant à peine. Le peu de zèle que les chinois mettent à contrôler les habitants du Kham vient peut-être du fait que ce fut la seule région du Tibet à opposer une résistance armée lors de l’annexion par la Chine.

Paysage de montagne @Blog Cheval d'Aventure
Paysage de montagne @Blog Cheval d'Aventure

Tagong, un air de Tibet

Encore deux heures et demie de route et nous arrivons à Tagong où nous passons deux jours d’acclimatation à l’altitude, dans le confort de la guesthouse d’Angela. Sur le plateau surplombant la petite ville se déroule le festival équestre où les nomades à cheval s’affrontent dans des courses, des voltiges et des jeux ; certaines épreuves sont réservées aux femmes, ce qui nous donne l’occasion d’admirer la richesse de leurs costumes qui, avec les harnachements très colorés des chevaux, éclairent la grisaille de la fin de mousson. Le séjour à Tagong permet aussi de connaître un peu mieux la cuisine sino-tibetaine, de rendre visite à l’ermite de la montagne, de se familiariser avec la circumambulation autour des temples et d’acquérir quelques connaissances du panthéon bouddhiste.

Cavaliers tibétains @Blog Cheval d'Aventure
Cavaliers tibétains @Blog Cheval d'Aventure

La randonnée équestre proprement dite commence lorsque les yackmen viennent chercher nos sacs pour les charger sur les yacks restés à l’extérieur de la ville, car ils se déplacent toujours en liberté. Les chevaux nous sont attribués et si nous sommes d’abord déconcertés par leur petite taille, dès que nous sommes en selle nous sommes rassurés de sentir avec quelle énergie ils se déplacent.

Le village de Gyergo, première halte à cheval


Un lieu de pèlerinage


La première étape est Gyergo où l’on revient deux jours plus tard, fort heureusement, tant il y a à voir dans ce village construit autour d’un lieu de pèlerinage.
Les pèlerins venus rendre visite à l’ermite, dont on peut encore voir dans la falaise la grotte entretenue par une nonne, font graver en boucle sur des plaques d’ardoise de près d’un demi mètre carré le mantra que les bouddhistes tibétains répètent inlassablement en faisant tourner les moulins à prière « Om Mani Padme Hum » ( Salut au joyau dans le lotus).
La gravure terminée, ils transportent leur pierre sur leur dos jusqu’au « mur de Mani » qui, au fil des décennies est devenu une véritable pyramide, maintenant entourée de moulins à prière.

P'ti Jo à cheval au Tibet @Blog Cheval d'Aventure
P'ti Jo à cheval au Tibet @Blog Cheval d'Aventure

Tout près se trouve le couvent des nonnes et le temple ancien qui leur est réservé. À environ un kilomètre de la ville sur les hauteurs on peut visiter un immense temple au milieu d’un jardin entouré de murs. Il a été construit récemment par les autorités chinoises qui, après les destructions systématiques de temples pratiquées pendant la révolution culturelle, tentent une récupération du bouddhisme pour renforcer la mainmise sur le Tibet. La salle de prière de toute beauté avec ses nombreux piliers de bois  massifs et ses murs richement décorés. À Gyergo se tient, aux dates de la randonnée à cheval, un festival religieux consistant essentiellement à un rassemblement de moines et de nonnes qui psalmodient pendant des heures, soit dans ce temple, soit sous une immense tente dressée dans une enceinte encadrée de shortens, près du mur de Mani.

Une prière d'un tibétain @Blog Cheval d'Aventure
Une prière d'un tibétain @Blog Cheval d'Aventure

Les rites funéraires


Autre lieu visible à Gyergo et qui témoigne des différences entre le bouddhisme et nos traditions occidentales concernant les rites funéraires : la sépulture céleste. A flanc de colline, cerné de plusieurs milliers de drapeaux de prière se trouve un espace bétonné équipé d’un billot et des outils nécessaires à l’opération. Ici, un moine choisi par son supérieur pour son mauvais karma !, est chargé, en présence des proches, d’intervenir sur le corps du défunt, afin qu’il puisse être complètement mangé par les griffons, les vautours fauves habitués des lieux. Cette pratique est  vue comme un acte de charité. Il doit également empêcher les corbeaux et les chiens errants d’approcher, afin de garantir le bon déroulement du processus de réincarnation. A quelques mètres se tient une espèce de présentoir où sont exposées les chevelures des défunts, les khampas des deux sexes portent les cheveux longs magnifiquement tressés.

Habitants au Tibet @Blog Cheval d'Aventure
Habitants au Tibet @Blog Cheval d'Aventure

L'accueil au monastère


On reste dans le pittoresque, pour ce qui est du logement à Gyergo. Après avoir laissé les yacks et les chevaux aux abords du village, nous nous installons dans des chambres à la nonnerie. L’accueil est chaleureux et le confort spartiate. On y découvre la version locale de la salle de bain individuelle :
  • Une cuvette et un thermos que l’on peut remplir d’eau chaude à la casserole posée sur le poêle du couloir.
  • Pour le reste, tout près du bâtiment se trouvent les toilettes publiques en surplomb de la rivière, avec pour toute garantie d’intimité, une cloison séparant le côté hommes du côté femmes,
  • Les espaces individuels sont délimités par des rangées de briques de 10 cm de haut !

Les nonnes gèrent également le restaurant et l’unique boutique du village, un petit supermarché où viennent s’approvisionner les habitants et les nomades des plateaux alentours. Elles sont vraiment l’âme de Gyergo. Le voyageur réveillé à 6h30 verra depuis la fenêtre de sa chambre quelques- unes d’entre elles pratiquer sur la route la longue prosternation, c’est-à-dire que les mains protégées par des planches et le corps par un tablier en cuir, elles progressent en s’agenouillant et en s’allongeant sur le ventre successivement, elles parcourent les 500 m qui séparent le couvent de la nonnerie, exécutant ainsi leurs dévotions du matin.

Vue d'une montagne @Blog Cheval d'Aventure
Vue d'une montagne @Blog Cheval d'Aventure

En selle à Gyergo !


Notre randonnée équestre au Tibet proprement dite commence au départ de Gyergo avec l’ascension d’un col à près de 5000 m que l’on termine à pieds pour ménager les chevaux et en progressant très lentement comme toujours à ces altitudes. Au sommet nous nous arrêtons pour laisser passer et admirer une centaine de pèlerins cavaliers avec habits et harnachements de fête, puis nous entamons la longue descente vers les sources chaudes, lieu du bivouac du soir, dominé par le sommet enneigé du mont Jara. Le lendemain me laisse un souvenir inoubliable : par une température de 0°, un bain d’une heure dans la source chaude pendant lequel j’assiste au lever du jour, avec le soleil qui touche la neige au sommet du mont Jara.

Yacks du Tibet @Blog Cheval d'Aventure
Yacks du Tibet @Blog Cheval d'Aventure

Un autre moment fort à ce stade de notre randonnée équestre : nous laissons les tentes montées pour aller dans la journée voir un lac sacré, autre lieu de pèlerinage.

Nous sommes arrêtés par une rivière en crue. Le mari d’Angela ne veut pas que nous tentions la traversée à gué. À ce moment -là une famille de nomades arrive avec son troupeau. Ils décident de traverser malgré le risque car ils pensent que la rivière va encore grossir et ils n’ont plus d’herbe de ce côté. Ils nous demandent de garder les yacks adultes pendant qu’ils font traverser les veaux en les retenant par une longe depuis l’autre rive, en marchant en équilibre sur  un tronc d’arbre jeté comme un pont au -dessus de la rivière. L’opération terminée, ils poussent  le reste du troupeau vers la rivière. Les yacks, plus courts sur pattes que les chevaux et au poil plus long, offrent une plus large prise au courant et sont déviés sur plusieurs dizaines de mètres avant d’atteindre l’autre rive. Les deux yacks qui portent les longues perches de la grande tente noire sont emportés comme fétus de paille et disparaissent dans les flots.

Aucune manifestation de colère ou de désespoir chez les nomades qui possèdent si peu et qui viennent pourtant de perdre un bien précieux. Le fatalisme du bouddhisme ?

À cheval, direction le camp d'été d'une famille nomade


Les pratiques alimentaires


Les jours suivants la randonnée à cheval se poursuit en direction du camp d’été de la belle famille d’Angela avec un arrêt dans la maison d’hiver d’un des yackmen. Sa femme nous montre comment confectionner le tsampa, nourriture de base dans tout le Tibet. Chacun reçoit une grosse cuillerée de beurre de yack (plus ou moins rance) qu’il pétrit dans un bol avec une grosse poignée de farine d’orge grillée, le tout est arrosé de thé au lait et dégusté – le terme est approprié car le mélange est très savoureux – en léchant le contenu du bol. Quand vous êtes rassasié, il est prudent d’en laisser un peu au fond du bol si vous ne voulez pas que la maîtresse de maison vous resserve inlassablement.

Enfant du Tibet @Blog Cheval d'Aventure
Enfant du Tibet @Blog Cheval d'Aventure

Sous la tente


Nous nous arrêtons au camp d’été pour deux jours et trois nuits. Nous montons nos tentes près des trois grandes tentes en poil de yack noires qui appartiennent à la famille de Djaga, le mari d’Angela. D’autres tentes noires sont visibles au loin sur le plateau, celles des autres membres du clan de Djaga. Pendant le séjour, nous serons invités à boire le thé au lait ou au beurre sous chacune des tentes. Le confort y est très relatif avec le feu de bouses ou de bruyère qui dégage en permanence une épaisse fumée. La tente fait office à la fois de lieu de stockage pour l’orge et la bouse séchée, de laiterie pour la transformation du lait de yack, de cuisine et de chambre à coucher pour la famille et d’étable pour les veaux qui y sont attachés la nuit, à l’écart des loups et des voleurs.

Tente au Tibet @Blog Cheval d'Aventure
Tente au Tibet @Blog Cheval d'Aventure

Des rituels nomades  


Nous aurons l’occasion de nous essayer à la traite des yacks, au tressage des longes en poil, au barattage du beurre et à la confection d’un tapis de selle en feutre.

Nous verrons surtout la dure vie menée par les femmes nomades qui s’activent du jour à la nuit, sans un seul moment de répit, alors que les hommes n’ont pas de tâches régulières à exécuter quand les tentes ont été démontées et remontées, ce qui arrive trois fois dans l’été. Les nomades ne passent plus l’année entière sous la tente noire car ils ont maintenant une maison d’hiver, avec un enclos pour le troupeau, ce qui leur permet d’affronter les températures très basses dans de meilleures conditions.

Le gouvernement chinois qui veut faire disparaître complètement le nomadisme, incite les nomades à se sédentariser complètement dans des maisons qui leur sont offerte mais où le troupeau n’a pas sa place et sans proposer de solutions de remplacement sur le plan professionnel, plongeant ainsi ceux qui acceptent dans une précarité encore plus grande. 

Le yack et la tibétaine @Blog Cheval d'Aventure
Le yack et la tibétaine @Blog Cheval d'Aventure

La randonnée équestre sur de hauts plateaux 


Sur des traces nomades


La seconde moitié de la randonnée à cheval au Tibet se déroule sur les hauts plateaux dominés par le mont Jara, dieu local que les nomades tibétains, bien que bouddhistes, continuent de vénérer comme  étant la puissance en charge de leur vie quotidienne. Ainsi, si un yack disparaît, on demandera poliment à la montagne de bien vouloir le rendre. Nous y avons rencontré d’autres camps nomades a qui nous avons pu acheter l’excellent yaourt au lait de yack. Après une demi-journée sous une pluie battante nous nous sommes réchauffés au feu d’une tente noire où l’on nous a servi à chacun un bol du thé au beurre qui bouillait dans la marmite, dans lequel la maitresse de maison a gentiment rajouté un énorme morceau ……de beurre ! Ces plateaux très peu peuplés sont jalonnés de lacs sacrés, murs de mani et autres lieux de pèlerinage.

Paysage du Tibet @Blog Cheval d'Aventure
Paysage du Tibet @Blog Cheval d'Aventure

L'esprit tibétain


J’ai eu l’occasion de mesurer l’emprise de la religion, et des moines, sur les esprits des tibétains lors du dernier bivouac. Jusque- là , je n’en avait vu que l’aspect quasi folklorique : le chapelet gardé à la main en permanence, le petit moulin à prière portatif actionné par la main gauche pendant que la main droite fait tourner le gros moulin de plus de deux mètres de haut pendant la circumambulation, ou ceux que l’on fixe sur le toit de la voiture pour que le vent de la vitesse envoie au ciel votre prière et les psalmodies interminables des moines dans les temples dont beaucoup ont visiblement l’esprit ailleurs. Et bien sûr le mantra « om mani padme hum » prononcé et écrit interminablement partout et en toutes circonstances.

Nous avions monté le camp au col qui domine le village de Genup où seuls habitent encore un vieux moine et deux moinillons, gardiens de ce qui est peut- être le seul temple très ancien ayant échappé à la destruction pendant la révolution culturelle, tout simplement parce qu’ayant été transformé en entrepôt, le caractère religieux du bâtiment a échappé aux Gardes Rouges.

Coiffure d'une tibétaine @Blog Cheval d'Aventure
Coiffure d'une tibétaine @Blog Cheval d'Aventure

Après la visite du temple, nous nous sommes hâtés vers les tentes car un orage menaçait ; Il fut très violent, comme souvent en altitude, et nous avons vite appris qu’un nomade du camp voisin avait été tué par la foudre. Le lendemain, au lever du jour, alors que je mangeais le tsampa près du feu avec les yackmen, est arrivé un lama de haut rang, pour les funérailles du nomade. J’ai vu les tibétains si enjoués et souvent fanfarons se transformer complètement devant le « saint » homme, qui a fait déplacer tout le monde pour prendre la meilleure place près du feu et se faire servir par les yackmen devenus soudain craintifs et serviles. J’ai eu à ce moment-là la désagréable impression qu’un des arguments donnés par la Chine pour justifier l’annexion du Tibet était fondé, à savoir mettre fin à un régime féodal où le clergé a les pleins pouvoirs.

Sur le chemin du retour


Une esclale à Giegu


Cet épisode marque le dernier jour de la randonnée équestre; dans la matinée, nous quittons avec une certaine émotion les yackmen qui ont été si chaleureux, ils vont faire demi-tour pour ramener les yacks à leur camp d’été pendant que nous prenons la piste pour redescendre du col avec les chevaux jusqu’à la route où nous les laisserons.

Un camp au Tibet @Blog Cheval d'Aventure
Un camp au Tibet @Blog Cheval d'Aventure

Nous retrouvons le minibus qui nous conduira à Kangding par une route encore plus pittoresque que celle venant de Chengdu car moins fréquentée. Nous ferons étape à Giegu, petit village perché au-dessus de Danba, avec une vue magnifique sur la vallée, et nous serons logés dans une guest house superbement décorée, ce qui nous vaudra de subir l’intrusion de touristes chinois venus photographier les peintures murales de notre chambre. Nous prendrons le déjeuner du lendemain dans un restaurant tenu par des musulmans. Notre chauffeur tibétain refuse de partager notre repas car il sait de sources sûres que ces gens-là donnent leur propre grand-mère à manger à leurs clients !

Nous arrivons à Kangding et avons le temps de visiter la ville et d’assister à une scène qui est, paraît-il, commune en Chine des centaines de personnes qui dansent  dans un lent mouvement circulaire sur une vaste place publique.

Chengdu, « la ville des hibiscus »


C’est par avion que l’on revient à Chengdu ce qui permet de passer une journée et demie à visiter la ville. On commence par le Parc des Pandas qui est le conservatoire pour la sauvegarde de  l’animal – mascotte de la Chine. On le voit évoluer dans un milieu sans doute assez proche de ce qu’il est au naturel. La visite du quartier historique – certes, reconstitué – nous donne une idée de l’architecture chinoise traditionnelle. Juste à côté, le quartier tibétain permet de faire les achats qui n’ont pas pu être faits pendant la randonnée équestre. Nous dînons dans un restaurant avec une scène où sont donnés des extraits des arts du spectacle traditionnels chinois qui nous impressionnent beaucoup. Le lendemain, en nous rendant à l’aéroport, nous faisons un détour par le marché aux épices, où nous prenons une dernière bouffée d’exotisme.


Traditions tibétaines @Blog Cheval d'Aventure
Traditions tibétaines @Blog Cheval d'Aventure

Un fascinant voyage au coeur du Tibet

Line avait raison. La randonnée équestre des Cavaliers du Kham, c’est le dépaysement assuré. Angela y est sans doute pour beaucoup, par la qualité de son accueil et la proximité qu’elle a avec les nomades. Sa maîtrise du chinois et du tibétain nous a permis d’aller partout où nous le souhaitions et d’improviser des excursions quand l’occasion se présentait. Les touristes sont encore peu nombreux dans le kham, et les tibétains ont envie d’accueillir les occidentaux. En quelques jours, j’ai tissé de vrais liens d’amitié avec les yackmen. Mes trois mots de tibétain et leurs trois mots d’anglais ont suffi dans les moments passés auprès du feu à partager le tsampa, et quand ils voulaient me dire plus, ils passaient leur bras autour de mes épaules et me tenaient serrés contre eux. J’ai  retrouvé dans les lieux que nous avons traversés le caractère paisible de  ces relations.

L’influence du bouddhisme a-t-elle pu atteindre l’athée convaincu que je suis ? Peut-être. Quoi qu’il en soit, ce que l’on ressent en retrouvant la France ne peut sans doute pas être appelé dépaysement, mais c’est un véritable décalage, un charme que l’on n’a guère envie de rompre en retournant à la « vraie » vie. 


Chevauchée au Tibet @Blog Cheval d'Aventure
Chevauchée au Tibet @Blog Cheval d'Aventure

Vous avez envie de vivre cette expérience tibétaine, découvrez le voyage  : Les cavaliers du Kham

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