Le désert marocain, royaume du cheval
Le cheval est indissociable de l’histoire du peuple marocain, lui-même issu de peuples cavaliers berbères et arabes. Son rôle majeur auprès des tribus
nomades en a fait un animal-roi, à la fois précieux auxiliaire et compagnon de cœur
des hommes du désert…
Un compagnon de survie
N’ayons aucun doute : c’est à cheval qu’il faut
découvrir le désert marocain !
Aujourd’hui comme par le passé, chevaucher
dans ces immensités de sable reste le meilleur moyen de comprendre le lien unique
et privilégié qui, depuis la nuit des temps, relie au cœur du désert l’homme et le cheval.
Utilisé
aussi bien pour le transport d’un campement de sable à un autre que pour les
travaux agricoles dans les oasis (sans oublier les guerres tribales !), le
cheval n’a rien à envier aux chameaux et dromadaires : sans lui, les
hommes n’auraient jamais pu survivre dans cet univers minéral hostile.
Oasis et ksours
Au sud du pays, après Ouarzazate, la vallée du Drâa se
déploie en toute majesté pour se frayer un passage vers le désert. Entre oasis
verdoyants et ksours rougeoyants, l’eau se fait de plus en plus rare. A mesure
que le teint des habitants brunit, que la chaleur devient plus brûlante et la
nuit plus glaciale, on rencontre des chevaux plus secs, plus vifs et plus
endurants - pur-sang arabes, barbes ou arabes-barbes…
Emblématiques, ces races
équines parviennent à s’adapter à cet environnement naturel rude, où l’eau peut
manquer, où l’alimentation est pauvre. Leur générosité, leur courage et leur
proximité avec l’homme sont inépuisables !
Galops dans les dunes
La sélection humaine est passée par là : créé dans un
souci d’amélioration et d’adaptation au milieu, l’arabe-barbe réunit les
qualités du pur-sang arabe – vitesse, endurance, élégance – et celles du barbe –
robustesse, sobriété, rusticité. Pour de nombreux Marocains, c’est le meilleur
cheval de désert au monde, idéal pour s’énivrer de galops dans les dunes !
Mais le cheval est bien plus que cela : il est aussi le meilleur compagnon, celui qui fait partie de la famille. Cette
incroyable complicité entre les hommes et les chevaux du désert est largement
évoquée dans l’ouvrage de référence sur le sujet, Les chevaux du Sahara
et les mœurs du désert, du général Daumas, publié en 1851. Pour nous, rédacteurs du Mag des Cavaliers Voyageurs amoureux
de l’histoire et des traditions équestres du monde, il est impossible d’évoquer
le cheval dans le désert marocain sans citer ce magnifique ouvrage.
Il s’agit d’une
étude des chevaux d'Afrique du Nord par Eugène Daumas (1803‒1871), un militaire
français qui participa à la conquête de l'Algérie par son pays.
Hommage au cheval saharien
La première moitié de l'ouvrage décrit le cheval saharien,
ses différences par rapport au cheval arabe ainsi que son utilisation, les
soins à lui procurer et l'élevage. L'auteur étant avant tout officier de
cavalerie, il décrit longuement les qualités du cheval saharien comme monture
militaire. La deuxième moitié de l'ouvrage est consacrée aux us et coutumes des
habitants de l'Afrique du Nord, les Berbères, ou, selon Daumas, « le peuple de
la tente ».
Traditions d'élevage équestre
Loin d'une description ethnographique complète ou érudite,
cette partie est davantage une collection d'observations, d'éléments de
folklore, de proverbes et de traditions équestres relatifs aux actions de
guerre et de paix entre les tribus, à la chasse, et à l'élevage de chevaux, de
chameaux et de moutons. Tout au long de l'ouvrage, Daumas complète ses propres
observations par les témoignages d'Abd al-Qadir al-Jaza’iri, qu'il consulta par
correspondance. Abd al-Qadir al-Jaza’iri combattit contre l'occupation de son
pays par les Français. Il fut capturé, puis libéré de prison, et passa le reste
de sa vie à Bursa, en Turquie, et à Damas, en Syrie.
Et aujourd'hui ?
Certes, nous ne sommes plus au temps du général Daumas. Mais aujourd’hui, même si le cheval n’est plus indispensable aux
déplacements des habitants du désert, il reste ancré au cœur de la culture
marocaine.
De nombreuses festivités en son honneur sont organisées sous l’égide
de la SOREC, Société Royale
d’Encouragement du Cheval. Créée en 2003 et placée sous la tutelle de Ministère de
l’Agriculture et de la Pêche Maritime, la SOREC a pour raison d’être de faire
vivre le monde du cheval et de rendre les Marocains fiers de leur patrimoine équin.
Passion royale
Et les souverains du Maroc ne sont pas les moins fiers : pour Sa Majesté
le Roi Mohammed VI, « fortement présent dans notre patrimoine artistique
littéraire, le cheval confère beauté et esthétique à nos fêtes religieuses et
nationales et à nos festivités familiales. Tant et si bien que certains Sultans
du Maroc ont fait du dos de leur cheval, leur trône de prédilection, donnant
ainsi la plus belle illustration des cimes auxquelles le Marocain a hissé le
statut de son cheval. »
Quant à feu Sa Majesté le roi Hassan II, il résumait
aussi la place du cheval au Maroc : « Le cheval fait partie de notre
famille, de notre culture, et de notre civilisation. »
La semaine prochaine, découvrez sur le blog la deuxième partie de cet article, avec le rôle du cheval dans les montagnes marocaines.
Découvrez le site de la Société Royale d’Encouragement du Cheval
Partez en randonnée dans le désert marocain avec Cheval d'Aventure
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