Race : le Barbe, héros des fantasias
Le « petit cheval
d’Afrique du Nord », héros des fantasias, est l’une des plus anciennes
races équines au monde. Bien des voyageurs équestres le considèrent comme le meilleur cheval de randonnée qui soit !
Une race polyvalente pour
le loisir
Originaire
d’Afrique (Algérie, Maroc, Tunisie,
Lybie, Mauritanie…), le cheval Barbe
a rayonné partout en Europe dès le VIIème siècle et s’utilise aujourd’hui dans
de nombreuses disciplines. En France, c'est l’équitation de loisir, et plus particulièrement
la randonnée équestre, qui reste son premier débouché.
Origines
Appelé cheval de Barbarie par les auteurs romains il
y a plus de 2000 ans, le Barbe a toujours été élevé par les tribus nomades (de
la Lybie au Maroc en passant par la Tunisie et l‘Algérie). Physiquement très endurant et supportant sans peine
toutes les privations, il quitta très tôt les pays du berceau de race pour
rayonner en Italie, Espagne et France sous la selle de guerriers mal connus
donc désignés sous le nom de « barbares »…
Mariée aux chevaux Arabes à l’arrivée des tribus Arabes
venues de l‘Est apportant l’Islam au Maghreb, la race Barbe a un frère, l’Arabe-Barbe,
cheval plus sportif qui partage son nom et ses registres généalogiques,
possédant comme elle un mental exceptionnel, calme et explosif à la fois. Son
énergie devenue légendaire est toujours très simple à canaliser.
Le saviez-vous ?
Le légendaire Godolphin Arabian était-il un cheval Barbe,
Arabe ou encore Arabe-Barbe ? La polémique n’est pas encore éteinte, de
nombreux historiens attestant que ce cheval d’exception - l’un des trois
étalons à l’origine du pur-sang anglais - serait un Barbe et non un Arabe…. Il est d’ailleurs parfois appelé Godolphin
Barb !
Morphologie
Il existe plusieurs types de chevaux Barbes, en
fonction du pays d’origine et des lignées. Aujourd’hui encore, les passionnés
de la race débattent sur le modèle idéal ! Néanmoins, d’une façon
générale, on peut dire que le Barbe possède typiquement la morphologie du
cheval rustique, porteur et apte à des activités variées.
Il n’est pas très
grand (1,55 m en moyenne, dans une fourchette de 1,50 m à 1,60 m) et construit
« dans un carré », avec un dos court qui lui procure une grande résistance.
L’encolure est courte, rouée et bien greffée, le garrot bien édifié et
fortement marqué. Les membres sont secs et solides : osseux, noueux, le
cheval Barbe « a du genou » et ses tissus ne sont pas spécialement
fins. Ses sabots sont plutôt petits, cylindriques et durs. La queue est attachée
bas sur une croupe avalée, « en pupitre ». Cette caractéristique est
essentielle chez le Barbe car la croupe inclinée permet au cheval de se mettre
« sous lui », ce qui lui offre de belles capacités en dressage.
A noter que plusieurs publications scientifiques
précisent que le Barbe n’aurait que cinq vertèbres lombaires au lieu de six. Or,
vétérinaires et ostéopathes équins s’accordent à reconnaître que les lombaires
sont le point faible de la colonne vertébrale des équidés (ce sont les seules
qui « flottent » comme un pont suspendu, ne tenant que par les
muscles). N’avoir que cinq lombaires serait donc un avantage pour le cheval qui
supporte une charge, car cela fatigue moins ses muscles suspenseurs. Cela ne
gêne en rien la souplesse du rein, bien au contraire, puisque les muscles ne
« tétanisent » pas. Cette particularité anatomique de la majorité des
Barbes (environ 90%) joue un grand rôle dans l’endurance qu’on leur connaît. C’est
l’une des qualités que les éleveurs tentent de vérifier, mais aussi de fixer
génétiquement…
Caractère
Tranquille au repos, tonique sous la selle… Nul
doute que cet ancien cheval de guerre, d’une générosité et d’un courage
impressionnants, est resté un guerrier dans l’âme ! Dès que son cavalier
le sollicite, il donne le maximum de lui-même. Elevé en extérieur (ne lui
imposez surtout pas la vie en box), il bénéficie d’un très bon mental, stable
et équilibré. Gentil, patient et bien dans sa tête, le Barbe a du sang allié à un
« faux tempérament froid » : il a de l’énergie à revendre, mais
celle-ci est facile à canaliser car il est d’un tempérament docile. Calme et
explosif à la fois, il est très agréable à éduquer car il comprend vite.
C’est
un cheval proche de l’homme - une qualité qu’il doit à son riche passé de
compagnon quotidien des nomades du désert (aujourd’hui encore dans certaines
régions du Maghreb). Enfin, si vous avez l’expérience et les compétences
suffisantes, sachez que du fait de son mental exceptionnel, le Barbe est l’une
des races où l’on peut facilement garder les chevaux entiers. En Afrique du
Nord, où l’on a beaucoup plus que chez nous la « culture de
l’entier », c’est quasiment systématique… et cela ne pose aucun souci !
Pour quelles
disciplines dans notre pays ?
Le Barbe est un cheval polyvalent, apte à de
nombreuses disciplines même si ce n’est pas forcément à très haut niveau.
Etrangement, en France, il n’est pas exploité autant qu’il pourrait l’être. A
l’heure actuelle, c’est plus un cheval de loisir que de sport.
- Le Barbe a d’indéniables capacités en dressage artistique et classique, mais la sélection française a peu
porté sur cette discipline car il est souvent jugé trop petit sur un carré de
dressage. Il est également réputé moins gracieux que le lusitanien, moins
flamboyant que le PRE… Souvent, ses détracteurs lui reprochent une morphologie qui
manque de classe et d’élégance.
.- Même si certains Barbes ont un bon coup de saut, il reste limité pour
le CSO.
- En revanche, si vous êtes un cavalier d’extérieur et de randonnée,
faites-vous plaisir ! Le Barbe est d’une rusticité et d’une résistance
légendaires. « Il peut la faim, il
peut la soif », dit le dicton. Frugal, infatigable, insensible aux
intempéries, c’est une monture idéale pour l’équitation de loisir qui reste son
tout premier débouché en France.
.- Le Barbe s’illustre à haut niveau en TREC, son deuxième débouché. La discipline est bien adaptée à ses
qualités évidentes de cheval d’extérieur et à sa polyvalence, du fait des
épreuves successives exigeant des compétences variées (dressage pour la
« maîtrise des allures », endurance pour le « parcours
d’orientation et de régularité, habileté lors du « parcours en terrain
varié »…). Un cavalier français, Nicolas Oreste, a été sacré champion du
monde en équipe et vice-champion du monde en individuel avec Obeyd Ifticen, un Barbe
entier !
- A la fois froid, docile et énergique, le Barbe excelle à l’attelage dans tout le Maghreb. En France,
la demande porte plus sur le cheval de selle, mais certains meneurs de loisir
ou de compétition découvrent ses qualités au bout des guides – y compris
en TREC attelé.
- Enfin, le Barbe a de grosses capacités en endurance et des résultats honorables en France. Mais ses qualités
ne sont pas exploitées à haut niveau car c’est un cheval plus performant sur
des courses de plusieurs jours (il lui faut un peu de temps pour
« chauffer »).
D’une façon générale, l’Arabe-Barbe, croisement entre
un pur-sang Arabe et un Barbe, sera davantage recherché pour les disciplines sportives.
Une partie de ce texte est issue du livre Choisir son cheval : quelle race pour quelle discipline ? aux éditions Vigot
Disponible sur la librairie en ligne Equibooks
Lisez aussi sur le blog :
Partez en randonnée sur des chevaux Barbes dans l'Atlas marocain avec Cheval d'Aventure