Népal : à cheval au pied de l'Everest
Le cheval est au cœur de la mythologie népalaise, mais il joue également un rôle essentiel dans la vie quotidienne de ses habitants. C'est bien sûr à cheval qu'il faut découvrir ce petit pays aux paysages sublimes, à la rencontre d'une population tellement accueillante et attachante...
Le Népal : au pied du toit du monde
Le Népal, ou République démocratique fédérale du
Népal, est un pays de l'Himalaya bordé au nord par la Chine (région autonome du
Tibet) et enclavé dans l'Inde.
Il possède huit montagnes parmi les dix plus
hautes du monde, dont l'Everest (Sagarmatha en népalais) qui marque la
frontière avec la Chine.
Le cheval, monture mythique des sikârî
Le cheval est au cœur de la mythologie et des croyances
populaires népalaises. Il est associé aux sikârî, ces esprits chasseurs de la
forêt qui se déplacent en troupe. Imaginés comme les maîtres des animaux
sauvages et de la chasse, les sikârî sont invisibles aux yeux des hommes. La
nuit, ils chevauchent leur cheval dans la forêt, et hantent les chemins des
villages…
Des esprits armés d'arcs et flèches
On les imagine souvent sous la forme de chiens, ou d’esprits entourés
de chiens chasseurs. Armés des arcs et des flèches que leur a donnés le dieu
Mahâdev sur le mont sacré Kailash, les sikârî vivent au pied des grands arbres,
voire à l’intérieur des troncs. Ce sont des divinités terrifiantes, qui peuvent
se matérialiser en fauves, provoquer des cauchemars et rendre fou !
Une course de chevaux pour éloigner les démons
Et pour ne pas devenir fou, justement, il faut
éloigner les démons… grâce aux chevaux !
Le 5 avril dernier, dans la capitale
népalaise de Katmandou, s’est déroulé le fameux festival Ghode Jatra durant
lequel des soldats montés sur des races népalaises locales font la course. Ils
exhibent aussi des techniques de guerre censées éloigner les esprits
diaboliques de la ville.
Le démon hindou Gurumapa
Etaient présents le président du Népal en personne,
ainsi que de hauts fonctionnaires et des diplomates. Cette fête annuelle des
chevaux marque l’assassinat du démon hindou Gurumapa, et se déroule sur les
terrains de l’armée népalaise. Le rituel exige que les cavaliers fassent la course à
cheval avant d’adorer les dieux avec des offrandes de nourriture et de fleurs,
sous un arbre. Cela fait 169 ans qu’un roi népalais a désigné l’armée pour
effectuer les rituels de fête !
Chaque année, une équipe de soldats dévoués passe
trois mois à préparer les chevaux à cette tradition séculaire : sur le
terrain de la cavalerie népalaise, situé sur l’ancien site du palais royal de
Katmandou, les cavaliers consacrent plusieurs mois à tisser des liens avec les
chevaux.
1 soldat pour 2 chevaux
Cette année, il y avait 106 chevaux à la cavalerie et plus de 200
soldats pour s’en occuper ! Chaque jour, les soldats lavent, toilettent et
nourrissent les chevaux, qui sont testés à la course pour vérifier leurs
compétences et leurs capacités.
Durant cette belle journée de fête, le capitaine Ram
Shrestha de la cavalerie népalaise a comparé les chevaux aux enfants : "Si
vous les aimez, ils vous aimeront en retour, mais si vous les maltraitez, ils
riposteront comme un mauvais enfant."
Démonstrations au triple galop
Le jour du festival, encouragés par les membres les plus puissants du gouvernement
népalais et les diplomates étrangers, les cavaliers en uniforme ont dont fait
la course sur les pistes et effectué diverses démonstrations de leurs
compétences, comme ramasser des objets avec des lances au triple galop.
Et
comme le veut la tradition, un enfant vénéré comme la déesse vivante hindoue
Kumari a été conduit hors du temple du palais, et amené pour assister à cette
grande fête du cheval.
Le Jumli, race népalaise emblématique
Bien que le Népal soit davantage une terre d’élevage
de bovins (dont les yaks), le « Jumli horse » est la fierté du peuple
des montagnes. Également appelé poney chantey, c’est la race indigène la mieux
représentée. Le berceau de race se trouve essentiellement dans le district de
Jumla, au Népal, et dans la région d’Uttarakhand, en Inde.
« Cheval à tout faire » des Népalais, le
Jumli est un bon cheval de bât, encore utilisé pour le transport dans les zones
difficiles d’accès. Ce petit cheval de montagne par excellence est aujourd’hui reconverti avec succès dans le
tourisme équestre, grâce aux nombreux treks et randonnées organisés dans l’Himalaya.
Il est aussi utilisé en élevage, et les juments servent à la production d’excellentes
mules.
Pied très sûr
Le Jumli a une belle réputation, celle d’un cheval
résistant, endurant et très bien adapté aux régions de collines et de montagnes.
Il a le pied extrêmement sûr, y compris dans la neige ! C’est un cheval de
bonne santé, sobre et facile à élever. Sa morphologie est idéale pour les sentiers de
montagne, et sa grande rusticité est appréciée des habitants et des agriculteurs.
Petite taille et rusticité
C’est un équidé de petite taille, qui toise à partir de 1,20 m et ne dépasse
pas 1,45 m. Il est solide, avec une tête au front large, des yeux en amande,
une encolure portée assez horizontale, un dos droit, une croupe fortement
inclinée, une queue attachée bas, de petits sabots et des crins denses, bien
fournis.
Autres races équines du Népal
Le Tarai se trouve essentiellement dans le sud du
Népal, et plus précisément dans la région de Tarai, une région de prairies marécageuses, proche de
l’Inde. Adapté au climat subtropical et à la vie dans les marais, c’est un
animal de plaine, au contraire du Jumli qui est un montagnard. Il mesure 1,15 m
en moyenne.
Il faut noter aussi au Népal la présence du tattu, la
plus petite variété de bhutia (cheval du Bhoutan), mesurant 1,04 m, vivant dans
les montagnes plus hautes et utilisé essentiellement pour le bât. Le chyanta est
une petite variété de bhutia mesurant dans les 1,28 m, plus massif que le
tattu. Le tanghan est une variété plus grande de bhutia, mesurant environ 1,36
m.
Merci à Elise Rousseau, auteur de la formidable encyclopédie Chevaux du monde aux éditions Delachaux et Niestlé, que nous
vous avons déjà présentée sur le blog !
Le Mustang, ancien territoire interdit
Enclave "tibétaine" en territoire népalais,
véritable presqu'île s'enfonçant dans le Pays des Neiges, le Mustang a
longtemps été inaccessible aux étrangers. Anne Mariage, la fondatrice de Cheval
d’Aventure, fut la toute première à y organiser des randonnées à cheval !
Univers minéral et culturel grandiose, cet ancien royaume ne fut visité que par
de rares tibétologues et explorateurs : Guiseppe Tucci, David Snellgrove, puis
Michel Peissel. Un des rêves les plus fous des amoureux de l'Himalaya est
aujourd'hui accessible à un nombre limité de voyageurs étrangers : une
randonnée à cheval au Mustang au Népal.
A 80 km derrière l'Annapurna, le
plateau tibétain s'encaisse dramatiquement : falaises rouges, cités
troglodytiques, cheminées de fées, canyons et ravins érodés de mille formes, léopards
des neiges empaillés et pièges à démons. Lo Manthang, la capitale, ceinturée de
remparts qui se dressent fièrement en plein désert d'altitude, est l'apogée
d'un voyage d'exception où jamais deux étapes à cheval ne se ressemblent, avec
en toile de fond permanente les sommets du toit du Monde.
L’association Brooke au secours des chevaux népalais
Brooke est une association de protection des chevaux
et ânes basée au Royaume-Uni. Depuis 2007, elle travaille en partenariat avec
Animal Health Training and Consultancy Service (AHTCS) pour aider à améliorer
les conditions de travail et le bien-être des chevaux et des ânes dans les
communautés les plus pauvres du Népal. En effet, ce pays dont la population est estimée en
2017 à 29,3 millions d’habitants a un pourcentage de la population vivant sous
le seuil de pauvreté international de 15 %. Et un nombre d’équidés actifs
estimé à 100.000 ! (Sources : Banque mondiale 2017, Banque mondiale 2010).
C’est l’un des pays les plus pauvres du monde, où le
travail des chevaux et des ânes joue un rôle important dans les moyens de
subsistance de bon nombre de ses communautés. Dans les districts vallonnés du Népal, les équidés
sont utilisés pour l’équitation et pour le transport de marchandises en
emballage, tandis que dans les districts de plaine, ils transportent les gens
en chariot.
Fours à briques
Les équidés sont également utilisés dans les fours à briques pour
transporter de lourdes charges de briques sur de longues distances. Les principaux problèmes auxquels font face les
équidés au Népal sont les blessures, la boiterie, les coliques, les blessures,
les maladies et le manque d’accès à des aliments, de l’eau, des abris et des
vaccins appropriés.
Le bien-être des animaux est médiocre dans toutes les
régions, mais il est pire dans les fours à briques de la vallée de Katmandou.
Améliorer le bien-être des équidés
L’association Brooke et AHTCS ont mis au point plusieurs objectifs :
- Travailler
avec les praticiens locaux de la santé animale, comme les vétérinaires et les
fabricants de selles, pour améliorer la disponibilité et la qualité de leurs
services
- Travailler
avec les propriétaires et les utilisateurs de chevaux pour améliorer leurs
pratiques d’élevage, de prévention des maladies et de manipulation
- Aider à améliorer les conditions de travail et les installations de bien-être
des animaux dans les fours à briques
- Accroître
le profil du bien-être des équidés dans les politiques gouvernementales et les
cadres juridiques
Pour en savoir plus sur l'association de protection Brooke, visitez leur site internet
Photo édito @Blog Cheval d'Aventure
Partez en randonnée au Népal avec Cheval d'Aventure
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