Portrait  : Estelle, 22 ans, sellier-harnacheur

Portrait : Estelle, 22 ans, sellier-harnacheur

L’art et les chevaux / Portraits 4
A seulement 22 ans, Estelle Barbato exerce un métier magnifique qui lui permet de conjuguer sa passion du cheval et une prestigieuse formation de sellier-harnacheur.  

Un métier d'antan ancré dans la modernité

Les métiers du cheval attirent beaucoup les jeunes cavaliers : chaque année, des milliers d’entre eux s’orientent vers celui qui les fait le plus rêver.
Estelle sur sa jument Appaloosa
Estelle Barbato sur Louinière, jument Appaloosa ©MBF Cuirs
La jeune Drômoise Estelle Barbato, 22 ans et cavalière, a fait le choix de l’artisanat. Elle nous explique en quoi ce beau « métier d’antan » est néanmoins ancré dans la modernité, et lui permet de vivre de sa passion du travail du cuir - tout en restant, beaucoup plus qu’on ne croit, au contact des chevaux et du milieu équestre.

CAP chez un maître-sellier

Estelle, pourquoi avoir choisi de t'orienter vers ce métier de sellier-harnacheur ?
Il y a un peu plus de 15 ans, mon père a créé son atelier de cuir à la maison : MBF Cuirs, une association loi 1901.  Ce n'est pas son métier, il a toujours fait cela comme un passe-temps, et moi j’aimais le regarder travailler.
Après mon Bac Pro Commerce, en 2ème année de BTS de Management, j’ai eu l’idée de reprendre son atelier et d’ouvrir ma propre micro-entreprise. 
Quelle formation as-tu choisie ?
Un CAP de sellier-harnacheur, et j’ai eu la chance d’être sélectionnée chez un maître-sellier qui ne prend que 4 ou 5 élèves par an : Georges Sarras Bournet, à Vinzier, en Haute-Savoie.  

Un an de formation

Comment expliques-tu le fait d’avoir été choisie parmi tant de candidats  dans une filière aussi sélective ?
J’avais déjà mon projet, qui était réalisable grâce à l’association MBF Cuirs créée par mon père.
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Travail de couture tout en finesse ©MBF Cuirs
J’ai d’abord rédigé une lettre de motivation, puis j’ai eu un entretien dans son atelier. A cette occasion, il m’a demandé de lui faire une petite démonstration de ce que je savais déjà faire avec le cuir ! Ensuite, la formation a duré un an.

Connaître l'univers du cheval

Mon autre atout, c’était que je connaissais déjà l’univers du cheval. Certains candidats n’y connaissaient rien ou n’étaient pas cavaliers. 
Tu es donc toi-même cavalière, c’est important pour être un bon sellier ?
Je pense que c’est essentiel. Je monte à cheval depuis toujours, ma mère possède des chevaux de loisir à la maison (deux Appaloosas et une ponette). J’ai passé mon Galop 5 et je monte soit en balade, soit en club où je pratique surtout du complet. J’aime le cross mais aussi le dressage, le CSO…
Le métier de sellier permet-il une proximité avec le cheval ?
Oui, beaucoup plus qu’on ne pourrait le penser ! Bien sûr, je ne suis pas éleveuse ni monitrice, mais ça reste dans le domaine équestre et je suis constamment en contact avec des cavaliers. Si ce n’est pas trop loin de chez moi, je vais voir les chevaux pour lesquels une commande spécifique est passée, je prends moi-même les mesures, etc.

Conseils aux cavaliers

Et si c’est par téléphone, il faut savoir conseiller les clients qui appellent pour commander, analyser les besoins spécifique par rapport au cheval, et aussi par rapport à l’utilisation qui sera faite, à la discipline équestre pratiquée.
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Magnifique licol en cuir  ©MBF Cuirs
Il faut constamment réfléchir et s’adapter aux besoins des cavaliers et de leurs chevaux. Ce n’est pas seulement de la technique ! 
Quand as-tu officialisé la reprise de l’atelier paternel ?
J’ai été diplômée en mai 2017, et pendant un peu plus d’un an, je me suis perfectionnée  à la maison avec mon père – qui m’a appris le « gros œuvre », la découpe, la couture… -  mais aussi avec ma mère, qui a toujours aimé faire les finitions, le décor, le tressage… Puis j’ai créé ma micro-entreprise, le 1er novembre 2018. 

Spécialisée dans le side-pull

As-tu une spécialité, ou des choses que tu préfères faire ? Par rapport à ce que t'ont appris tes parents, puis ton maître-sellier ?
A l’école, j’ai appris à faire des selles, des bridons, des colliers de chasse… donc des choses plus « classiques » que mon père, qui faisait surtout des articles pour la rando ou des surfaix. Moi, je me suis vraiment perfectionnée et spécialisée dans le side-pull. C’est extrêmement demandé en ce moment, surtout par les cavaliers de randonnée et ceux qui pratiquent l’équitation éthologique.

Plus confortable pour le cheval

Et même parfois en complet ! Le side-pull est plus doux que le hackamore, qui a des branches et un effet de levier, puisqu’il y a juste une muserolle. Je fais aussi un mix de la tradition western et du classique, en rajoutant par exemple une têtière anatomique matelassée, en rendant le side-pull plus confortable…
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Guêtres créées par Estelle Barbato  ©MBF Cuirs
Et je fais aussi des side-pull adaptables en bridons, afin qu’ils soient acceptés en compétition. 
Comment fais-tu pour te faire connaître ? En termes de communication et de promotion ?
J’ai la chance de bénéficier de la réputation de l’atelier déjà existant de mon père.

Alexis Grüss  pour client !

Du coup, j’ai des clients prestigieux comme le cirque national Alexis Grüss, à Piolenc. Mon père a également fait beaucoup de choses pour des élevages comme Les Prés d’Allys, un élevage réputé de Rocky Mountain Horse (cf. nos articles sur le blog, NDLR). Il y a aussi le site internet, la page Facebook, Instagram… et quand il y a un concours hippique ou une manifestation équestre, je tiens parfois un stand pour présenter mes créations. Mais c’est surtout le bouche à oreille qui fonctionne !  
Au final, quel bilan fais-tu de la formation et du métier que tu as choisis ?
Je suis très heureuse, parce que je travaille de ma passion !  
Propos recueillis par Natalie Pilley. 

Contact : MBF CUIRS - Estelle Barbato, 2 impasse des Gariguettes, 26130 ST-PAUL-3-CHÂTEAUX, 06 28 13 27 75 
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