Slovénie, berceau de race du lipizzan
C'est à cheval qu'il faut
découvrir la Slovénie ! Ce joyau méconnu d'Europe centrale est riche d’une très ancienne tradition équestre avec notamment le haras de Lipica, berceau de race du fameux lipizzan…
Une tradition équestre ancestrale
La Slovénie est l'un des pays
d'Europe où la nature est la plus préservée.
Son terrain vallonné, sa
végétation verdoyante et ses paysages parsemés de petits villages cachent des
trésors de faune et flore : chevreuils, sangliers, ours, loups et une multitude
d'oiseaux. En plus de ses richesses
naturelles, la Slovénie offre un patrimoine culturel fascinant avec ses
châteaux et ses grottes, dont certaines sont classées au patrimoine de
l'UNESCO. Sûr et accueillant, ce petit bijou d’Europe centrale commence à se
faire connaitre et enchante ses visiteurs !
Lipica, fierté équestre de la Slovénie
Saviez-vous que les nobles chevaux lipizzans à la robe
blanche étaient originaires de Slovénie (et non pas d’Autriche !) ? Leur
haras d'origine se trouve en effet depuis 1580 à Lipica, sur le plateau du
Karst. Plus de 400 ans de sélection pour une race mythique qui, aujourd’hui
encore, fait les beaux jours de l’Ecole Nationale Espagnole de Vienne !
Lipica est désormais un centre touristique important qui
propose des cours d'équitation, des visites d'entraînements et des spectacles, et
qui accueille des événements équestres internationaux de première importance. C’est
donc le lieu idéal pour contempler l’élégance des lipizzans lors des figures de
basse et haute école dans lesquelles ils excellent.
L’un des plus vieux haras du monde
Véritable monument culturel et historique, cette institution
fière d’élever la même race de chevaux depuis sa fondation enchante les
visiteurs, tant par son patrimoine équin que par son paysage étonnant. Il est possible d’y visiter l'ancienne écurie avec les représentants de toutes les lignées classiques de lipizzans, ainsi que le musée du lipizzan et le musée des fiacres.
Courses de trot attelé à Ljutomer
Mais la Slovénie, ce n’est pas seulement le lipizzan !
Vous pouvez aussi y découvrir d'autres races de chevaux et d'autres sports
équestres. Ainsi, Ljutomer est un haut lieu des sports équestres et de l'équitation.
C'est en effet dans cette ville qu'est née la race du Ljutomerski kasač, le
ljutomer trotter. Le ljutomer trotter est un cheval rapide utilisé pour les
courses de trot attelé. L'hippodrome de
Ljutomer accueille chaque année dix courses importantes de trot attelé. La
sortie à l'hippodrome est un divertissement du dimanche très apprécié des
habitants locaux, qui aiment assister à l'entraînement des trotteurs et visiter
le Musée du ljutomer trotter.
Le lipizzan : morphologie, caractère et aptitudes
Depuis plus de quatre siècles, époque de sa création par la
cour impériale d’Autriche, le lipizzan est la monture exclusive des écuyers de
l’École Espagnole de Vienne. Aujourd’hui encore, il reste une monture de
dressage prestigieuse.
Une morphologie tout en noblesse
À l’origine, le lipizzan tel qu’il fut créé au haras de
Lipica était plus petit. La tendance actuelle est d’aller vers une morphologie
plus « moderne », afin d’obtenir des chevaux un peu affinés et grandis – tout
en restant dans le modèle classique. Le lipizzan toise 1,55 m à 1,67 m (1,60 m
en moyenne). Sa tête est également plus fine qu’auparavant, car les « grosses
têtes bombées » ne plaisent plus !
L'encolure épaisse, haut greffée et portée
avec noblesse, offre beaucoup de prestance en dressage. La croupe, autrefois
assez plate, est aujourd’hui plus arrondie et bien musclée, permettant un très
beau rassembler. Les membres sont secs, solides, avec des articulations
puissantes.
Un caractère froid mais affirmé
Le lipizzan est un cheval intelligent, assez froid mais qui
a du sang. Il a généralement un caractère affirmé qui plait aux cavaliers
exigeants. C’est une monture tonique et assidue au travail, qui se montre d’une
grande générosité : avec un lipizzan, plus on en demande, plus on en a ! Il est
réputé plus « abordable » que les grands chevaux allemands comme le hanovrien,
par exemple.
Pour quelles disciplines ?
- Soyons
honnêtes : le lipizzan, surtout en France, est avant tout un cheval de sport et
plus précisément de dressage. Que ce soit en basse ou haute école, voilà sa
discipline de prédilection ! Il revient d’ailleurs en force sur les carrés de
dressage internationaux, après une longue période où les chevaux hollandais et
allemands l’avaient éclipsé. Dans notre pays, c’est le tout premier débouché
sportif des rares élevages – même si quelques lipizzans sortent en endurance ou
en TREC.
- Le lipizzan
peut aussi faire un excellent cheval d’attelage, grâce à son mental franc, son
énergie et sa morphologie puissante. En Hongrie, c’est d’ailleurs son tout
premier débouché, et à l’international le lipizzan rafle régulièrement les plus
hautes médailles ! En France, cela reste encore confidentiel par rapport au
dressage.
- L’équitation
de travail convient parfaitement au lipizzan. Grâce à ses origines ibériques
(pratiquement 2/3) et arabes (environ 1/4), ainsi qu’à la tradition d'élevage
en troupeaux jusqu'à trois ans, il a un véritable «sens du bétail ». A noter
que les lipizzans peuvent enfin concourir en équitation de travail portugaise
depuis le 1er janvier 2014.
- Cheval
noble et baroque doté d’une belle robe blanche, il fait beaucoup d’effet en
show, parade et spectacle équestre.
Une anecdote américaine...
En avril 1945, le général George Patton envoya les troupes
américaines récupérer les lipizzans détenus par l’ennemi au haras de Piber
(Autriche). Ce sauvetage inspira à Walt Disney son film "Le grand
retour", qui contribua à la popularité de l'Ecole Espagnole de Vienne dans
le monde entier !
L'Association Française du Lipizzan
Si vous voulez vous documenter en profondeur sur cette race-phare
originaire de Slovénie, ne manquez pas de surfer sur le site extrêmement riche
et bien construit de l’Association Française du Lipizzan, dont nous publions
ci-dessous un extrait. Cette association d'éleveurs, de propriétaires, de
cavaliers ou d'amateurs de lipizzans, qui veille à la conservation et au
développement de la race, est l'association partenaire de
l'IFCE/Haras-Nationaux dans l'organisation des concours d'élevage et la gestion
de la race en France.
Un haras impérial en Bohème
Dès 1562, l'empereur Maximilien II crée le haras impérial de
Kladrub, en Bohème, où il fait venir des chevaux andalous. Toutefois, l'endroit
n'est pas idéal, les terres étant souvent inondées.
C'est en 1580 que l'archiduc Charles crée le haras de
Lipizza (ou Lipica, NDLR), au nord de Trieste, sur le plateau du Karst, renommé
pour l’élevage des équidés depuis l’Antiquité. Le caractère du climat (l'hiver,
la région est balayée par des vents glacés) et la nature des sols (terrain très
calcaire) ont façonné le lipizzan qui a acquis ainsi sa légendaire robustesse. Ce haras devait assurer la remonte du manège espagnol de Vienne, aussi dès la création de ce haras, Charles VI importa d’Andalousie, en raison de leur aptitude particulière au travail de manège, neuf étalons et vingt-quatre juments. Ces chevaux, qui constituèrent la première remonte du haras, furent croisés avec les descendants de l’antique race indigène.
Puis la cour de Vienne, soucieuse d’améliorer cette nouvelle
race, continua d’acheter d’autres chevaux espagnols. À partir de 1700, il fut procédé à de nouveaux apports de
sang provenant d’étalons italiens, allemands, et danois d’origine ibéro-arabe.
Cheval de parade et de combat
La fixation du type lipizzan dans ses caractéristiques
essentielles et son usage de cheval de parade et de combat sont déjà en parties
obtenus en 1735 au moment de l’inauguration du manège impérial. Il va remplacer
les andalous pour demeurer jusqu’à nos jours l’acteur principal des grands
carrousels et des fêtes somptueuses.
La monarchie austro-hongroise fonde l’Ecole Espagnole de
Vienne en 1572 ; espagnole par l’origine des chevaux, l’académie étant
constituée à cette époque de chevaux andalous. Le prestigieux manège, chef-d’œuvre
de l’architecture baroque, sera achevé en 1729.
C’est sous le règne de l’impératrice Marie-Thérèse que les
lignées commencèrent à se dessiner. L’élevage fut circonscrit à cinq, puis six
lignées dites pures. Bien que trois des étalons pères de lignées soient blancs,
c’est grâce aux infusions de sang arabe que fut génétiquement favorisée la robe
blanche, considérée comme celle des “chevaux impériaux”.
Le blanc, robe impériale
Cette robe devient
prédominante au début du XIXème siècle et constitue dès lors une des
caractéristiques de cette race. Il existe aujourd’hui en Hongrie, des lipizzans
noirs et bruns, mais ces derniers ont une souche génétiquement différente,
comme les lignées de Tulipan et Incitato ( qui sont assimilées aux six lignées
classiques). Les six lignées d’étalons et les dix-huit familles classiques de
juments (juments grises du Karts) constituent la base de l’élevage lipizzan.
À Lipizza, le nombre de chevaux ne cessera de croître pour
atteindre sous le règne de l’impératrice Marie-Thérèse cent cinquante
poulinières. Les différentes guerres qui ont enflammé l’Europe centrale durant
quatre siècles vont entraîner des exodes multiples pour les lipizzans. Le haras
de Lipizza sera plusieurs fois déplacé au cours des guerres napoléoniennes et
turques, sans grand dommage, si ce n'est la perte des archives. Après la
première guerre mondiale et l'effondrement de la monarchie austro-hongroise, la
province de Lipizza doit être remise à l' Italie conformément au traité de Versailles.
Une centaine de chevaux sont confiés à l’Italie, certains sont rendus à la
Yougoslavie.
Sauvetage de la race en Autriche
Seuls 87 chevaux restent en Autriche et intègrent le haras
de Piber, créé pour l'occasion. Le sauvetage de la race en Autriche revient en
partie au comte Van der Stren qui va puiser dans sa fortune pour assurer
l'avenir du lipizzan.
En 1921, le ministère de l'agriculture reprend l' élevage en
main. En 1938 : proclamation de l'Anschluss par Adolf Hitler, l'école de
Vienne est dirigée par l'armée allemande. Entre 1941 et 1942, les haras de lipizzans : autrichien, italien, hongrois, tchécoslovaque, yougoslave et
macédonien sont transférés par le ministère de l'agriculture du Reich au haras
d'état de Hostau en Bohème.
En avril 1945, le IIème régiment de cavalerie américain
commandé par le colonel REED place le haras sous sa protection. Or, le haras se trouvait dans une zone assignée
aux forces soviétiques par les accords de Yalta. Le général Patton prit la
décision de mettre les chevaux en sécurité en zone américaine à Schwarsenberg.
Des chevaux sous la protection de l'armée américaine !
Les lipizzans de l'Ecole Espagnole avaient, eux aussi, fait
l'expérience de la guerre. Alois Podhajsky, directeur de l'école à cette
période, avait mis les lipizzans à l'abri à Saint-Martin, où eut lieu une
représentation mémorable en présence du général Patton. C'est à cette occasion
que le colonel Podhajsky demanda au général de placer l'Ecole sous la
protection de l'armée américaine. L'Ecole Espagnole fut donc installé à Wels en
haute Autriche, en zone américaine.
En 1947 Les lipizzans italiens furent très
rapidement rapatriés, ainsi que les chevaux yougoslaves rapatriés dans leur
pays d'origine. Les chevaux autrichiens furent progressivement ramenés à Piber.
Les grands centres d’élevage du lipizzan sont aujourd’hui
dispersés dans de nombreux pays ; Piber en Autriche, Lipica en Slovénie,
Djacovo en Croatie, Szilvasvarad en Hongrie,Topolcianskiy en Slovaquie,
Kladruby en Tchékie, Simbata de Jos en Roumanie et Montérotondo en Italie .
Modèle sport ou baroque ?
Faut-il moderniser le standard du lipizzan ou conserver le
modèle baroque ? A l'heure où le marché du cheval connaît des difficultés, l’association
met un grand accent sur la dimension sportive de ses chevaux, mais elle est également
sensible aux inquiétudes de certains passionnés concernant une possible
"dénaturation" de la race. En effet, est-ce que le fait de s'orienter
vers un cheval de sport peut à terme nuire au lipizzan ?
Si la question se pose, c’est parce que le lipizzan
baroque s'inscrit dans un contexte historique particulier, et dans l'histoire
même de l'école espagnole de Vienne. C'est un cheval court, au port de tête
haut, au centre de gravité bas afin de lui permettre d'effectuer les figures de
haute école. Ce cheval est d'une nature très calme avec des allures minutées
car on demande aux entiers d'effectuer un carrousel minutieusement chorégraphié,
tous ensemble dans le grand manège de l'école. C'est un cheval qui convient
parfaitement aux amoureux de l'équitation traditionnelle car il en possède
toutes les prédispositions.
Des allures plus amples
Le lipizzan de sport, c'était l'occasion d'utiliser les
qualités sportives exceptionnelles de ce cheval historique. En grandissant le
modèle, en sélectionnant des chevaux aux allures plus amples, tout en gardant
le cadre et les spécificités physiques de ce cheval, on obtient un mélange
détonnant d'élégance, d'efficacité et de caractère. On recherche des galops
plus couvrants, des épaules un peu plus inclinées et des équilibres un brin
plus longitudinaux afin de privilégier le développement de la foulée tout en
conservant la souplesse des allures.
Un cheval de sport apte au dressage...
Dans un numéro de LIPIZZAN, le Dr Collard, vétérinaire,
président de la commission d'approbation de l'AFL et juge de dressage France
dressage et international, nous confiait qu'à l'image des autres élevages,
Piber devrait probablement scinder sa production de chevaux en deux axes
distincts : les chevaux baroques destinés à l'école de Vienne et les chevaux de
sport destinés à la vente et à la promotion de la race en compétition. Cet
avis, il l'avait confié à Maximilian Dobretsberger, directeur du haras de
Piber, lors de sa dernière visite en Autriche.
Les directives proposées par Odile Van Doorn, cavalière
internationale de dressage et présidente de la commission des sports de l'AFL,
recoupaient ce point de vue : le lipizzan de sport est un cheval apte au
dressage de haut niveau dont on cherche à conserver les caractéristiques
physiques propres à la race.
L'équitation de travail, à la rencontre du sport et de l'art
de tradition
On en parle de plus en plus, mais l'équitation de travail,
qui est bel et bien un sport nécessitant des chevaux agiles, intelligents et
athlétiques, reste une équitation de tradition d'influence baroque bercée dans
les critères de la culture équestre ibérique. Port d'encolure respectueux des
chevaux qui pratiquent cette discipline, rectitude et légèreté, contact et
soumission sans force car nos montures sont des chevaux intelligents dont il ne
faut pas gaspiller le potentiel et la volonté.
Dans cette optique, les éleveurs
travaillent à produire des chevaux compacts aux profils baroques mais légers et
près du sang pour leur donner toute l'élasticité et la réactivité nécessaire
aux compétitions.
Et si, comme pour le lusitanien, l'équitation de travail
était un moyen de cultiver cette alliance baroque-sport ?
Ainsi que le site de l'Office du tourisme de Slovénie
Photo édito : © Jure Kravanja/www.slovenia.info
Partez pour une randonnée en Slovénie avec Cheval d'Aventure
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