Équateur : à la découverte des Chagras, cow-boys des Andes
L’Équateur
est la destination rêvée pour les amateurs de chevauchées hors des sentiers
battus. Au cœur des Andes équatoriennes se perpétue une tradition équestre
vieille de plusieurs siècles…
Un peuple cavalier à la culture Inca
Entre
vallées de volcans et montagnes enneigées, les Andes équatoriennes s'étendent
du nord au sud.
Terre de beauté coloniale et de charme légendaire, la Sierra
équatorienne trouve ses origines dans les cultures Inca et pré-Inca qui ont été
confrontées, à leur époque, à la conquête espagnole. Aujourd’hui,
sous un héritage de profonde foi catholique mélangée à l'héritage indigène, les
Andes équatoriennes séduisent aussi par leurs impressionnantes altitudes
montagneuses, leurs volcans et leurs sommets enneigés. Les plus importants sont
le Cotopaxi et le Chimborazo. Ses dix provinces ont des villes d'une grande
importance historique telles que Quito et Cuenca, et des centres artisanaux
tels qu'Otavalo. De même, il existe plusieurs parcs nationaux, avec une flore
et une faune extrêmement riches et variées.
Un
peu d’histoire
Des
vestiges architecturaux d'anciennes civilisations remontant à des milliers
d'années, en particulier des objets en poterie et des sculptures datant de 3000
ans av. J.-C., ont été découverts dans la région de l'actuel Équateur. Les
différentes tribus d'Amérindiens qui vivaient sur ce territoire furent
intégrées à l'Empire Inca, qui s'étendait autour de Cuzco et dans la région du
lac Titicaca, à partir du XVème siècle. Les
Espagnols débarquèrent pour la première fois sur les côtes du pays au début du
XVIème siècle et profitèrent de l'affaiblissement du pouvoir Inca.
Des chevaux importés par les Conquistadores
Les
Conquistadores, sous la direction de Francisco Pizarro, envahirent le pays en
1532 ; deux années plus tard, ils devinrent maîtres de la région, qui prit le
nom de royaume de Quito. L'Équateur
- ou Audiencia de Quito - fut d'abord un territoire directement placé sous
l'autorité du vice-royaume du Pérou. Puis, de 1717 à 1723, celui-ci fut intégré
au vice-royaume de la Nouvelle-Grenade, dont le centre était à Bogotá. Par la
suite, il retourna sous l'autorité de Lima jusqu'en 1739 et revint de nouveau à
la Nouvelle-Grenade.
Cependant,
les premières idées d'autonomie commencèrent à se répandre ; la première
révolte équatorienne contre l'Espagne eut lieu au XIXème siècle. Les forces
militaires, menées par le général Antonio José de Sucre, lieutenant en chef de
Simón Bolívar, remportèrent la victoire finale en 1822. La région devint alors
partie intégrante de la fédération de Colombie, ou Grande-Colombie, dirigée par
Bolívar, qui incluait aussi le Venezuela, le Panamá et la Colombie. En 1830, le
pays obtint son indépendance sous le nom de République de l'Équateur.
Les
chagras, cow-boys des Andes
La
tradition équestre des Andes équatoriennes remonte à plusieurs siècles, lorsque
les habitants des villages, des villes et des haciendas se déplaçaient à cheval
et en charrette, sillonnant de long en large les petits chemins de la région
andine. Au XXIème siècle, chevaucher en Équateur et assister aux
fameuses fêtes équestres permet de s’immerger dans cette culture équestre
ancestrale, tout en admirant de splendides paysages de volcans enneigés, vastes
forêts et étendues désertiques andines.
Des métis habitués aux grands espaces
Le mot chagra désigne le campesino ou cow-boy andin. Il tire son origine du terme quechua
« chacra », un lopin de terre généralement semé de maïs. Ce
personnage est apparu après l’arrivée des Espagnols en Amérique, lorsque
ceux-ci ont eu besoin de personnes de confiance (généralement des métis, mais
pas exclusivement) connaissant bien la terre pour s’occuper des énormes
étendues dont ils s’étaient emparés.
Il ne faut pas oublier que le bétail et les chevaux ont été introduits en Équateur par les Conquistadors espagnols. Tous les chevaux du pays ont donc des ancêtres ibériques, avec différents courants de sang : chevaux andalous, genêts d’Espagne, barbes… On trouve d’ailleurs en Equateur de nombreux chevaux d’allure, typiques de l’Amérique du sud comme le paso fino (originaire de Colombie), mais aussi des criollos (Argentine) et des croisés criollo/paso fino, etc.
La fête des chagras de Machachi
La ville de Machachi, au sud de Quito,
est connue comme la capitale du chagra. C’est là que se déroule chaque année un
festival équestre haut en couleur : le paseo del chagra. Tradition importante dans la culture
équatorienne, issu à l’origine d’une véritable équitation de travail axée sur le rassemblement du bétail, le paseo del chagra a évolué pour devenir une grande parade qui célébre fièrement la culture des Chagras. A lui seul, le
spectacle vaut le voyage : 1000 à 2000 chevaux et des centaines de chagras
envahissent alors les rues de Machachi.
Ambiance andine et festive
La nourriture, la musique, les
vêtements colorés, les décorations… tous les ingrédients sont là pour donner à
cette fête équestre andine une ambiance festive unique ! Chevaux
et cavaliers sont richement ornés : les cavaliers portent
traditionnellement des ponchos, des chapeaux et des zamarros, jambières faites
de peaux de lamas ou de vaches. Les chevaux ont
la crinière et la queue tressées et rubanées, et sont harnachés des plus belles
selles et brides traditionnelles. Tout ce petit monde a fière allure ! Et
pour les chagras, c’est l’occasion de montrer au public leur art du lasso,
grande spécialité de ce peuple cavalier.
Le chagra dans l’histoire équatorienne
Nous publions ci-dessous un très joli texte
relatif à l’histoire des chagras (source : Les Routes du Monde/Travel &
Culture et www.surtrek.com, tous droits réservés) :
“Habillé
à la mode d’autrefois, portant avec élégance le poncho de Castille, le bas du
visage caché par son écharpe, chaussé de ses bruyants éperons, le chagra a
chevauché et chevauche depuis l’époque de la colonie sur les routes de
campagne. Le vieux chagra s’y connaissait en jachères, en semailles et en récoltes.
Il était aussi habile à atteler les bœufs qu’à dompter les mules rétives. Il
réparait le matériel agricole et tressait des cordes pendant les heures creuses
des après-midi d’hiver. Il se levait tôt pour traire les vaches et aimait ces bêtes
mugissantes qui apportaient vie et chaleur aux petits matins gelés. Il
connaissait par cœur tous les détours du chemin. Chaque agave lui était
familier, et il connaissait tous les chemins pour arriver aux villages et
descendre sans risque les étendues désertiques. Il savait les horizons et les
ravines, les fortes chutes de neige et les marais. Il aimait et aime, peut-être
sans le savoir, le pays profond et rural.
Le cheval, fierté du cavalier chagra
Le
cheval est, et a été, son grand amour et le matériel agricole sa fierté. C’est
un cavalier qui a su à merveille chevaucher des jours entiers. Il a connu l’art
d’aller son chemin sans hâte et de faire du paysage sa maison et son lieu de
vie. Au simple bruit de leurs sabots, il savait si c’était une humble mule ou
l’arrogant cheval de Paso qui s’approchait sur le chemin de terre battue. Il a
admiré l’allure des chevaux au pas relevé faisant leur entrée dans le village
et l’énergie et la docilité des chevaux travail.
Ponchos et taureaux
À
chaque fête de village, comme à Machachi ou à Sibambe (Chimborazo), lorsque
l’on rend hommage au saint patron, les chagras reviennent défiler. Les rues et
les places résonnent du fracas de leurs montures. Ils toréent en étendant leur
poncho devant le taureau. Ils misent dans les combats de coqs, montent dans les
rodéos et retournent ensuite chez eux auréolés du prestige de l’homme à cheval. Fierté dissimulée de ces gens rudes, décidés et francs qui constituent le
tissu humain d’une culture qui survit en dépit de tous les préjudices... ».
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