L’abrivado, tradition équestre des gardians
En Camargue, terre riche
d’une identité et d’une culture équestre ancestrales, l’abrivado est une
tradition d’équitation de travail qui n’a rien de folklorique. Rendez-vous à Arles le 1er mai prochain pour la découvrir !
Une Confrérie vieille de 500 ans
Lors du dernier salon Cheval Passion, en Avignon, Frédéric
Lescot, président de la Confrérie des Gardians, a répondu à nos questions sur
cette spectaculaire et magnifique tradition équestre perpétuée depuis plus de 500 ans qu'est l'abrivado.
Cheval d’Aventure : De quand exactement date cette
fameuse Confrérie des Gardians, dont vous êtes aujourd’hui le président ?
Frédéric Lescot : De 1512. A l’époque, cette Confrérie
faisait en quelque sorte office de « mutuelle » pour les gardians ou
manadiers professionnels.
CA : Combien de
membres compte cette Confrérie aujourd’hui, et quel est son but ?
FL : Nous avons entre 300 et 350 personnes… dont un Suisse ! Son but est resté le même,
nous continuons d’aider les gardians professionnels, par exemple s’ils sont des
soucis de santé, s’ils se sont blessés…
Fête de la Saint-Georges, saint patron des cavaliers
CA : Pourquoi la date du 1er
mai est-t-elle si symbolique pour la Confrérie ?
FL : Chaque année le 1er
mai, à Arles, nous fêtons la Saint-Georges, qui est le saint patron des
cavaliers. A cette occasion, pas moins de 150 cavaliers à cheval, et 200
demoiselles en costume d’Arles, participent à la fête. Nous faisons un grand
défilé devant l’église des gardians située en haut des collines d’Arles, Notre-Dame
de la Major, il y a une messe en provençal, les cavaliers offrent des pains
bénits aux élus, etc.
CA : En quoi consiste exactement l’abrivado, cette spectaculaire
tradition équestre camarguaise que vous avez présentée cette année à Cheval
Passion ?
FL : A l’origine, l’abrivado était tout simplement le seul moyen
de locomotion pour transporter les taureaux des prés jusqu’aux arènes. Depuis
50 ans, nous organisons des spectacles qui mettent en scène cette tradition. Un
abrivado est constitué de 4 et 7 taureaux, et d’une dizaine de cavaliers.
CA : Bien que ce soit une tradition ancestrale, on trouve beaucoup de jeunes cavaliers dans les abrivados actuels, est-ce volontaire ?
FL : Oui, c’est notre souhait de montrer que ce n’est pas une
vieille tradition poussiéreuse, mais au contraire qu’elle est perpétuée et
pratiquée avec passion par les jeunes ! Cette année, nous avions 11
jeunes, fils ou filles de manadiers (car il y a aussi des filles), pour le
démontrer. C’est par la jeunesse qu’on continue les traditions. Et il y a de la
relève ! Les gens en redemandent, et le public adhère complètement. Il
comprend que ces traditions équestres que nous leur montrons, c’est vraiment
notre travail, et pas du folklore.
La course camarguaise bientôt au patrimoine de l'UNESCO ?
CA : Quel âge ont les taureaux lorsqu’ils commencent les
abrivados ?
FL : Ils ont environ 5 ans et ils travaillent jusqu’à 20 ans
environ. A la base, il faut savoir que le taureau camargue est élevé pour la
course camarguaise (qui pourrait bien faire son entrée au patrimoine culturel
immatériel de l’UNESCO, un dossier ayant été déposé depuis plusieurs années,
Ndlr)
CA : Frédéric Lescot, depuis quand êtes-vous le président de
cette légendaire Confrérie des Gardians ?
FL : Depuis la mort d’Hubert Yonnet, en 2014, qui en fut le
président pendant 45 ans.
CA : Et bien sûr, vous-même êtes manadier depuis toujours ?
FL : Oui, à la manade des frères Lescot on en est à la 4ème
génération, notre manade date de 1875 ! Nous sommes situés à
Saint-Martin-De-Crau, où nous élevons une centaine de bêtes et environ 15
chevaux de pure race Camargue. Une passion de longue date, qui n’est pas près
de s’éteindre…
Propos recueillis par Natalie Pilley. Photos : Copyright © VALICAMARGUE.
Renseignements auprès de Frédéric Lescot, Manade Lescot Frères, Mas du Village, 13310 St-Martin-De-Crau. Mail : frederic.lescot@nordnet.fr, portable : 06.03.50.19.36.
En savoir plus sur la Confrérie des gardians
Les gardians ont fondé leur Confrérie très exactement le 2
janvier 1512. Traditionnellement, Georges est le protecteur des cavaliers et
des soldats à cheval. Au début du XVIème siècle, la Provence est rattachée
depuis peu au royaume de France qui se prépare à la guerre contre les États
italiens. Les gardians, appréciés pour leurs qualités de cavaliers, se
regroupèrent certainement pour se protéger d'un enrôlement arbitraire dans les
armées royales. La Confrérie assurait les obsèques des confrères pauvres et,
depuis ses origines, elle sert aussi de caisse de secours mutuel. Elle
défendait également les gardians face aux propriétaires qui les employaient.
Plus d’infos sur le site de la Confrérie des gardians
Lisez aussi sur le blog :