Comment franchir un fossé en extérieur
Tous les cavaliers
randonneurs le savent : il n’y a parfois pas d'autre choix que de franchir
un fossé, sous peine d'un long détour. Comment s’y prendre ? Entraînez-vous avant de partir en rando !
Mettez votre cheval en confiance
En
effet, même pour un tout petit fossé de rien du tout, l'expérience se révèle
quelquefois délicate, voire remuante ! Voyons comment s'en sortir au mieux grâce aux conseils avisés de Joël Capellier, guide de tourisme équestre…
Il n'est pas rare de voir un cheval sauter facilement, et
en toute confiance, un tronc d'arbre, un petit muret, et s'arrêter, oreilles
pointées vers la chose, devant une tranchée qui lui barre le passage. Le plus
souvent, c'est parce qu'il n'a pas encore appris à franchir ce type d'obstacle,
ou parce qu'il en a gardé un mauvais souvenir.
Exorciser un mauvais souvenir
Dans
le premier cas, tout va bien, nous pouvons lui apprendre tranquillement et
patiemment. En revanche, s'il s'est fait peur, ou mal, l'affaire est un peu
plus délicate. Dans tous les cas, nous devons accepter le fait que les trous,
bien qu'ils soient physiquement très faciles à franchir, impressionnent
toujours un cheval débutant. Il faut donc prendre le temps de lui faire
comprendre que le saut n'est pas très compliqué et qu'il ne risque rien. Imiter les autres
Pour
initier un cheval débutant (mais pas forcément jeune), la meilleure méthode,
lorsque c'est possible, consiste à faire équipe avec un copain d'écurie qui
connaît bien le métier, car la plupart des chevaux ont naturellement tendance à
suivre leurs congénères. Équipez
votre cheval en laissant un licol sous le filet, et emportez une longe assez
longue et quelques friandises qu'il apprécie, comme des pommes. Cela vous
permettra de commencer l'exercice en main.
Ayez recours à un cheval maître d'école
Après
un temps d'échauffement, choisissez un petit fossé sur le bord du chemin,
facile et bien dégagé, que le cheval pourra éventuellement passer en enjambant
s'il le désire. Vous lui demanderez des sauts lorsqu'il sera bien en confiance. En
suivant votre collègue d'assez près, avec vos chevaux en main et votre grande
longe (environ 4 m), abordez la difficulté en incitant votre cheval à vous
suivre comme si de rien n'était. Assez souvent, même si son copain passe de
l'autre côté sans sourciller, le débutant va marquer un temps d'arrêt, perplexe
devant le creux qu'il a devant lui.
Ne le faites pas passer de force
Ne
le tirez pas en voulant le faire passer à tout prix. Laissez-lui le temps de
sentir et d'observer ce qu'il a devant lui, tout en l'encourageant de la voix,
sur un ton calme et rassurant. Grâce à la grande longe, vous avez assez de
marge pour vous placer de l'autre côté du fossé et l'inciter à vous rejoindre.
L'aide d'une friandise peut être très utile. S'il hésite toujours, demandez à
votre collègue de refaire quelques passages avec son cheval. Bien souvent, le
vôtre finit par le suivre. Si ce n'est pas le cas, n'insistez pas. Revenez le
lendemain et les jours suivants. Dites-vous que vous n'avez pas d'échéance
imposée. Lorsqu'il aura admis qu'un fossé peut se franchir, ce sera définitif.
Cela vaut donc le coup d'être patient.
Franchissement
en selle
Si
c'est le bon jour et qu'il vous suit volontiers, récompensez-le et redemandez
un ou deux passage(s), pour confirmer. Il est certainement mûr pour un
franchissement en selle, toujours en suivant son congénère, ce qui va le
rassurer.Ne
vous accrochez pas aux rênes ! Laissez-le étendre son encolure. Écartez
les mains pour le canaliser et sollicitez-le de la voix et avec de petites
actions de jambes répétées.
Une seule "porte de sortie"
S'il ne saute pas, gardez-le quand même sur place,
en l'empêchant de prendre la tangente. En clair, faites-lui comprendre qu'il n'y a qu'une porte de sortie, et que vous n'êtes
pas d'accord pour qu'il en cherche une autre. Si vous le sentez encore inquiet,
recommencez quelques passages en main, accompagnés à chaque fois d'une
récompense, et remettez-vous en selle.
Il faut s'attendre, car ça
arrive souvent, à ce qu'il vous décroche un gros saut de pied ferme. Le genre de
saut qui secoue bien le cavalier quand il se fait surprendre. L'ennui, c'est
qu'il faut absolument éviter de lui faire payer dans la bouche votre
instabilité éventuelle. Vous imaginez sans peine qu'il n'apprécierait pas de se
faire plomber les mandibules alors qu'il a sauté si généreusement. Pour cette
raison, n'hésitez pas à utiliser un collier d'encolure et à tenir fermement la
crinière lorsque vous le sentez armer son saut.
Avec un zeste de doigté, un soupçon de détermination et
une bonne dose de patience, il finira par passer gentiment. Récompensez cette
bonne volonté, et recommencez une ou deux fois pour confirmer, et aussi pour
qu'il se rende compte que le franchissement ne demande en réalité que peu
d'effort. Vous lui signifiez votre satisfaction, et vous continuez la balade
comme si de rien n'était. Avec un cheval qui a vécu une expérience déplaisante sur
un fossé, vous devez appliquer la même méthode, mais en plus décomposé, de
façon à remplacer ses repères par d'autres, beaucoup plus agréables.
Un cheval convaincu
Après la phase d'initiation, le cheval a compris que ce
trou n'était pas dangereux, et que le franchissement ne demandait pas d'effort
physique important. Vous pouvez alors aborder d'autres trous, au trot, puis au
galop. En fait, l'idéal est de faire comprendre au cheval qu'avec un peu
d'élan, dans un bon équilibre, le saut est plus facile, et qu'il fait moins
d'effort, surtout si le fossé est assez large.
Sautez d'abord un fossé barré
Pour cela, il est utile de sauter un fossé barré,
c’est-à-dire surmonté d'une barre mobile. Placez aussi une barre sur le bord du
trou, pour aider le cheval à visualiser son abord. Un tel obstacle incitera le
cheval à faire un saut « normal », en se calant sur la barre d'appel.
Assez vite, vous pouvez aborder un vrai fossé, toujours barré, à la manière
d'un obstacle de cross.
Au début, il est fréquent que le cheval décroche des
gros sauts, trop importants par rapport à ce qu'il doit franchir, mais peu à
peu, il apprend de lui-même à régler son effort. Vous constaterez qu'à largeur
égale, les fossés plus profonds impressionnent davantage les chevaux. Poursuivez l'apprentissage en supprimant la barre
d'obstacle, mais en laissant la barre d'appel sur le bord du fossé. On peut dire que la leçon est bien assimilée quand le
cheval est convaincu que ce type d'obstacle est facilement à sa portée.
Attendre son saut
sans précéder
Les fossés les plus délicats à franchir sont ceux dont les
bords ne sont pas franchement délimités, et qui, de loin, se confondent avec le
terrain environnant, du genre saignée au milieu d'un champ. Dans ce cas, et
contrairement à ce que l'on entend souvent, il faut éviter d'arriver vite pour
surprendre le cheval. Le raisonnement du style : « Tu arrives plein
pot, et il n'aura pas le temps de s'arrêter ! » ne tient pas, car
d'une part le gentil Jolly Jumper est tout à fait capable de s'arrêter net,
même au galop, et d'autre part il perdrait rapidement confiance, en se sentant
trompé par son cavalier. Il ne s'agit pas de réussir un saut à l'arraché, mais
plutôt d'enseigner au cheval les différentes façons d'aller de l'autre côté
d'un trou.
Gardez vos jambes "enveloppantes"
Sur un plan purement technique, lorsque le cheval est
familier de ce genre de franchissement, il vaut mieux aborder un fossé en
maintenant un contact constant et léger avec la bouche, en gardant la tête à
niveau, ce qui lui permet de bien voir l'obstacle. Gardez des jambes
« enveloppantes », prêtes à agir, et une assiette assez près de la
selle. D'une manière générale, adoptez une attitude qui permet de garder le
cheval devant vous.
Attention au coup de frein inattendu
À choisir, il est toujours préférable d'être un peu en
retard sur le saut. C'est un moindre mal. Il est toujours possible de déplier
les bras pour ne pas gêner le cheval dans son saut, alors qu'on se trouve
franchement le bec dans l'eau quand on passe devant après un coup de frein
inattendu.Poursuivez ces exercices de temps en temps pendant
quelques semaines, en ne demandant que quelques sauts, et sans oublier les
récompenses ! Très vite, les fossés ne seront plus un problème.
Encouragez et récompensez de la voix
La voix est une aide
précieuse, facile à utiliser en toutes circonstances, alors ne vous en privez
pas, mais surtout sans monter le volume. Les oreilles de votre cheval ne sont
pas loin et il entend très bien. Parlez-lui calmement, que ce soit pour
l'encourager et pour le récompenser. Un « oui, brave », sur un ton
léger et pendant le saut est très efficace pour faire comprendre à son cheval
ce qu'il a bien fait. Si vous attendez qu'il soit arrêté pour le récompenser,
vous l'aurez récompensé pour s'être bien arrêté. C'est en tout cas ce qu'il
aura compris. Alors, prenez l'habitude de récompenser de la voix au moment
exact où il réalise l'exercice, donc, dans le cas de notre fossé, pendant le
saut.
Un grand merci à Joël Capellier, guide de tourisme équestre et auteur du Guide du cavalier de TREC et de 100 conseils du moniteur d'équitation (éditions Vigot) pour ses conseil
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