Orientation en rando : les erreurs à ne pas faire
Tous les randonneurs se sont un jour ou l'autre un peu « plantés »
en utilisant leur carte ou leur boussole. Voici les conseils de Joël Capellier,
guide de tourisme équestre, pour ne pas perdre le nord - que vous randonniez en France ou à l'étranger !
Avoir ou non le "sens de l'orientation"
En matière d’orientation, en rando, certaines erreurs font vraiment
partie des classiques.
Encore aujourd'hui, à l'ère de la technologie avancée que nous
connaissons, on entend parler de ce fameux sens de l'orientation. Serait-ce le
6ème, ou le 7ème sens ? On ne sait pas trop. Même si la chance ou le nez aident
parfois le randonneur équestre dans son cheminement, mieux vaut compter sur la méthode.
Les techniques d'orientation sont malgré tout plus sûres que le simple
pifomètre, et offrent plus de probabilité d'arriver à bon port. Mais malgré
tout, nul n'est à l'abri d'une étourderie, voire d'une grosse bourde. Quand ça
arrive et qu'on se retrouve un peu perdu, on fulmine, mais c'est arrivé quand
même. En réalité, il n'y a pas de quoi en faire une affaire, on arrive toujours
à retrouver le bon chemin. Mais voyons quand même ce qu'il faut essayer
d'éviter :
La mauvaise échelle
Petit rappel : l'échelle d'une carte est le rapport entre une distance
sur le terrain et sa représentation sur la feuille. Ainsi, sur une carte
topographique à l'échelle 1/25.000ème - celle que les randonneurs utilisent
couramment -, 1 mm sur le papier représente 25.000 mm sur le terrain, soit 25
mètres. 1 cm représente donc 250 mètres, et pour 4 cm sur la carte on a 1 km
sur le terrain. C'est plutôt simple et facile à
mémoriser. Cette échelle au 1/25.000ème convient très bien pour les
randonneurs équestres car elle offre suffisamment de détails. Une carte topo couvre un
territoire d'environ 14 x 20 km, ce qui est suffisant pour la balade à cheval.
Si l'on se mélange un peu les pinceaux dans la conversion, on se
retrouve évidemment avec des distances fausses, en plus ou en moins. Lors de la
préparation d'une randonnée, il faut donc être vigilant. Ainsi, si vous utilisez
un curvimètre pour mesurer une distance totale, veillez à lire la bonne échelle
sur le cadran.
Cocher chaque kilomètre sur le tracé
Pour connaître précisément le kilométrage de sa randonnée équestre, et avoir
ensuite l'esprit tranquille, un bon truc consiste à préparer sa carte en
faisant comme les trécistes, qui à l'aide d'un calque cochent chaque kilomètre
sur leur tracé. Notez ensuite les kilomètres près de chaque coche. Vous connaîtrez alors en temps réel la distance
parcourue et celle qui reste jusqu'à l'étape, sans risque d'erreur. Cette
petite préparation que l'on effectue chez soi, au calme et dans de bonnes
conditions, rend la balade plus confortable.
L'aiguille aimantée de la boussole
Comme chacun sait, une boussole indique la direction nord-sud, grâce à
une aiguille aimantée qui est attirée par le champ magnétique terrestre. Cette
aiguille, qui possède deux extrémités, pivote sur un axe, et par convention
c'est la partie colorée (généralement en rouge, mais parfois en bleu) qui
indique le nord.
Il faut bien garder à l'esprit qu'une masse métallique assez importante
peut attirer l'aiguille de la boussole. Ainsi, lors d'une halte, si vous
effectuez votre relevé tout près d'un capot de voiture, ou sur un quad ou une
moto lors d'une reconnaissance de parcours, le côté nord de l'aiguille sera
orienté vers cette masse métallique, et bien sûr la direction sera fausse. Il
peut également arriver qu'une boussole se désaimante sous l'effet d'un champ
magnétique important, et ne soit plus d'aucune utilité. Evitez de ranger votre
boussole dans la même poche que vos clés de voiture ou autre masse métallique.
Inverser la plaquette
Autre erreur assez fréquente : le fait de placer la plaquette de la
boussole à l'envers. Explication : Lorsqu'on veut mesurer un azimut sur la
carte, on commence par poser le bord de la réglette de la boussole le long du
chemin à mesurer. Mais il est alors essentiel de la positionner dans le bon
sens, sous peine d'avoir une valeur fausse à 180°.
Il faut bien veiller à placer la flèche de
direction, qui se trouve à l'avant de la plaquette, dans le sens de la marche,
c'est-à-dire dans la direction que l'on souhaite prendre. Si votre boussole ne
possède pas de flèche, c'est quand même l'avant de la plaquette qu'il faut
placer dans le sens de la marche. En revanche, vous pouvez placer l'un ou
l'autre bord de la plaquette le long du chemin à mesurer. Cela n'a aucune
incidence.
La flèche de la capsule pivotante
Après cette première opération visant à relever un azimut sur la carte,
il y a un autre risque d'erreur, celui d'inverser le sens de la capsule pivotante.
Explication :
Lorsque le bord de la réglette est bien positionné dans le sens de la
marche, il faut alors bien faire attention à diriger la flèche hachurée, située
au fond de la capsule, vers le nord de la carte, et non vers le sud. Il faut la
positionner parallèle aux méridiens, c'est-à-dire par rapport à un bord de la
carte.
Si l'on n'a pas besoin d'une grande précision, on se contente de
positionner les hachures du fond perpendiculaires à l'écriture (le nom d'un
lieu proche de la mesure à effectuer, par exemple). On est alors à peu de chose
près dans la direction nord-sud.
Bien vérifier l'angle de marche
Cette opération revient tout simplement à utiliser la boussole comme un
rapporteur. Si vous disposez de cet accessoire, vous pouvez bien sûr l'utiliser
pour mesurer un azimut, en particulier si vous êtes confortablement installé
chez vous. C'est simplement pour une question pratique qu'à l'extérieur on
utilise la boussole, et en particulier parce qu'après avoir mesuré l'angle de
marche sur la carte, on peut tout de suite le vérifier sur le terrain.
Randonner la nuit
Randonner de nuit, ça donne forcément un peu de piment à la balade, mais
ça peut aussi compliquer la recherche du bon itinéraire, en tous cas dans un
secteur inconnu. Les repères que l'on a de jour sont très largement réduits. On
ne distingue plus tous les éléments remarquables que l'on prend en compte dans
la journée, comme un clocher d'église, un château d'eau, etc.... On ne dispose
plus que de repères très proches, selon la puissance de sa lampe, et comme on
utilise de plus en plus une simple frontale, on a au mieux quelques dizaines de
mètres de visibilité.
Même sur un tracé facile et balisé, il faut être
vigilant, car on ne distingue la peinture du balisage que lorsqu'on a le nez
dessus. La lecture de la carte, la mesure des azimuts et l'évaluation des
distances deviennent des opérations franchement plus compliquées.
Il vaut mieux
rester concentré lorsqu'on effectue une mesure, et ne pas hésiter à la vérifier
au moindre doute, car se recaler de nuit lorsqu'on est perdu peut prendre
beaucoup de temps, et parfois on ne sait ni quand on va manger, ni quand on va
dormir…
Le bon sens
Une mauvaise interprétation des courbes de niveau peut bien sûr être
source d'erreur, en pensant qu'il va falloir monter alors qu'en réalité le
chemin va descendre. Pour connaître du premier coup d'œil le sens de la pente,
il faut se souvenir que le haut des chiffres d'altitude qui sont notés sur les
courbes est orienté vers le haut de la pente.
3 astuces de pro à retenir pour ne pas se faire piéger :
1/ Lorsque vous prenez une mesure avec la boussole, évitez absolument
d'être près d'une masse métallique importante, comme un barbecue, par exemple.
2/ Une erreur assez fréquente : en voulant mesurer un azimut sur la
carte, si la réglette de la boussole est placée en sens contraire, on obtient
en lecture une erreur de 180°.
3/ Sur les cartes, un ruisseau est indiqué par un trait bleu assez fin. A
ne pas confondre avec une rivière assez large, sous peine de se mouiller un peu
plus que le bout des pieds !
Un grand merci à Joël Capellier, guide de tourisme équestre et auteur du Guide du cavalier de TREC et de 100 conseils du moniteur d'équitation (éditions Vigot) pour ses conseils. Article paru dans le magazine Cavalière 69.
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