Le Marwari, cheval des seigneurs Rathore

Le Marwari, cheval des seigneurs Rathore

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Reconnaissable à ses oreilles en « croissant de lune », joliment recourbées, le Marwari est la plus célèbre race équine de l’Inde et n'a pas fini de nous faire rêver.

Un cheval rare, exporté au compte-gouttes 


Nul doute que le Marwari suscite la fascination du fait de sa beauté hors du commun, bien sûr, mais aussi de sa rareté et des énigmes qui l’entourent.  

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Depuis la nuit de temps, le cheval indien fascine autant qu'il intrigue @Blog Cheval d'Aventure

 Enigmes ? Le mot n’est pas excessif, même en ce qui concerne son modèle. Seules deux races équines possèdent à la naissance cette étrange particularité à laquelle les scientifiques n’ont jamais trouvé d’explication : des oreilles recourbées en forme de « lyre » ou de « croissant de lune ». Il s’agit du Marwari et du Kathiawari.
Le premier est plus connu que le second, il a également un peu plus de taille et une morphologie plus longiligne. Si les pointes des oreilles du Marwari ne se touchent pas systématiquement, en revanche elles doivent se rejoindre chez le Kathiawari pour être fidèles au standard.

Des origines énigmatiques


L’origine du Marwari, tout comme celle des oreilles recourbées, est emplie de mystère et participe à la fascination qu’il exerce dans le monde. On a longtemps cru qu’il était issu de croisements entre des poneys Indiens autochtones et des Pur-Sang Arabes (notamment sept chevaux échappés d’un naufrage au large de l’ouest de l’Inde). Or, des tests ADN récents effectués par l’Institut du Cheval en Inde semblent prouver l’absence de sang Arabe.
Le Marwari aurait-il été présent sur le territoire indien bien avant l’arrivée des autres races qui ont participé à son fondement, comme le cheval Turkmène et Mongol ? C’est l’hypothèse actuellement retenue par plusieurs spécialistes, persuadés que le Marwari est originaire de l'Inde même, et qu’il s’agit de l’une des races équines les plus anciennes du monde.

Les oreilles recourbées vers l'intérieur du Marwari sont uniques au monde @Blog Cheval d'Aventure
Les oreilles recourbées vers l'intérieur du Marwari sont uniques au monde @Blog Cheval d'Aventure


Les oreilles du Marwari, un défaut génétique ?


Quant aux oreilles, là encore, elles demeurent une énigme puisqu’elles ne sont présentes dans aucune autre race équine au monde. Tout au plus sait-on qu’on ne peut pas croiser un Marwari avec une autre race, sous peine de disparition en seulement deux générations de la courbure des oreilles sur tous les produits… La piste génétique du « gène défectueux » est donc la plus probable, puisque le gène apporté par le deuxième sujet corrige instantanément le gène défectueux,  les oreilles recourbées disparaissant alors sur le poulain !

Fière monture des souverains Rathore


Le berceau de race du Marwari est la belle région de Mârwar (ou Jodhpur), en Inde. Les Rathore, souverains dirigeants du Mârwar et membres de la célèbre cavalerie Rajput, sont les éleveurs traditionnels du Marwari. Ils ont été forcés de quitter leur royaume en 1193 et se sont retirés dans le désert de Thar. Le Marwari étant essentiel à leur survie, pendant le XIIème siècle, les Rathore ont suivi un strict processus de sélection, afin de ne garder que les meilleurs étalons pour la reproduction de la race.

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Le Marwari, noble et fier comme son cavalier, a de la personnalité @Blog Cheval d'Aventure

Aujourd’hui, le Marwari est un cheval de selle réputé vif, endurant et rustique. Il est utilisé pour les déplacements et les petits travaux agricoles, parfois aussi comme cheval de bât. Avec son harnachement traditionnel, on le trouve également dans l’Inde contemporaine et rurale lors des cérémonies et festivals équestres. Il s’agit alors de Marwaris issus des anciennes  lignées Natchni, ces « chevaux nés pour danser » comme disent les populations locales.

Une race pas encore préservée de l’extinction


Bien qu’il ne soit pas inscrit sur la liste mondiale des espèces en voie de disparition, le Marwari reste très vulnérable. Il a littéralement frôlé l’extinction, et ne doit sa survie actuelle qu’aux cris d’alarme d’une poignée de passionnés. Parmi eux, le docteur Yadav, directeur du Centre national de recherche sur les équidés de Hisar, écrivait déjà en 2001 : "On ne compte même pas 500 pur-sang Marwari"  (source : Courrier International). Des recherches scientifiques poussées (analyses d'ADN, notamment) ont alors été lancées afin d'identifier les génotypes des Marwaris et de trouver les étalons présentant les plus grandes ressemblances génétiques pour la reproduction.
Un travail difficile et de longue haleine puisque, 7 ans plus tard, seuls 500 Marwaris pure race sont répertoriés dans le monde. Essentiellement en Inde, car les exportations sont rarissimes. Une vingtaine de Marwaris seulement est répertoriée aujourd’hui à l’extérieur de l’Inde : aux Etats-Unis, en Angleterre… et en France !

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Les Indiens sont très fiers de ce cheval de légende qui suscite respect et fascination @Blog Cheval d'Aventure

Un étalon Marwari au Musée Vivant du Cheval de Chantilly


En 2006, Dilraj, un étalon Marwari de 10 ans, a fait l’objet d’un prêt au Musée vivant du cheval de Chantilly. Ce cheval au fort caractère, né au Rajasthan, a été confié à l’écuyère Sophie Bienaimé pour son spectacle « Sur la route de la soie ». En 2009, Dilraj était encore le premier et le seul Marwari en Europe.

Dilraj fut en 2009 le  premier Marwari importé en France  RNBPresse
Dilraj fut en 2009 le premier Marwari importé en France, confié à l'écuyère Sophie BIenaimé - ©RBPresse

Ensuite, fin 2012 sont arrivées Asha et Amala : ces deux juments Marwari pure race, inscrites au stud-book indien, ont été reconnues OES (race de selle étranger) par les Haras Nationaux. Elles appartiennent à Elsa Treuil, fondatrice aux côtés d’Amandine Guhel de l’association Marwari France, qui a pour objectif la promotion et le développement de l'élevage de la race en France.
La pouliche Ajna, fille de Asha et de Dilraj, est donc la première Marwari à avoir vu le jour en France. Elle va d’ailleurs fêter son premier anniversaire dans moins d’un mois, le 28 avril de cette année !  
Cette naissance a fait la fierté de l’association, qui veille à ce que la race Marwari reste pure -  malgré les difficultés et la consanguinité (même en Inde) de certains sujets, vu leur nombre restreint.
Diversifier le sang des sujets, afin d'éviter le risque bien présent de consanguinité, devrait aider à sauver la race à long terme. Pour cela, Marwari France œuvre aux côtés d'associations et de personnes compétentes auprès des autorités indiennes, afin d’obtenir des autorisations d'exportation de quelques chevaux de temps à autre… Car, officiellement, l’export de chevaux Marwari ou de paillettes (semence) est interdit ! 

Une association britannique contre les mors indiens traditionnels 


L’association "Friends of Marwari/Kathiawari Horses UK", basée en Angleterre, a décidé de convaincre les Indiens que leurs mors traditionnels, appelés « thorn bits » (thorn signifie épine en anglais) et munis de piquants, blessaient la bouche des chevaux. Récemment, une loi a même été votée pour bannir leur utilisation. Mais son application laisse à désirer : en effet, beaucoup d'Indiens n’ont pas les moyens d'importer ou d'acheter des mors normaux. Et ils sont réticents à changer leurs habitudes. C’est pourquoi l’association britannique a instauré une collecte de mors, afin que les propriétaires Indiens de chevaux puissent, gratuitement, faire l'échange de leur mors barbare contre un mors normal. Déjà 8 campagnes en Inde ont été effectuées avec succès !
Une démarche originale, plus constructive qu’arrogante et moralisatrice, dans l’éternel débat sur les différences de culture équestre d’un continent à l’autre…

Pour en savoir plus : Association Marwari France
Suivez l’avancée des donations aux collectes de mors de" Friends of Marwari" sur leur page Internet  

Partez en randonnée à la découverte du Rajasthan sur des chevaux Marwari avec Cheval d’Aventure .

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