"Sans Attache", le documentaire équestre qui a séduit New York
Des
Pyrénées atlantiques de son enfance aux forêts tropicales du Costa Rica, Leïla
Audrey Pagès, 29 ans, n’en finit plus d’explorer le monde du cheval à travers
un objectif. Rencontre avec une photographe et vidéaste équestre dont la vie de
cowgirl aventurière pourrait faire bien des jaloux !
Une photographe équestre d'aventure
Elle se définit comme « une photographe d’aventure ou une aventurière
de la photographie »… Leïla Audrey Pagès, amoureuse des chevaux de
29 ans, nous raconte son fascinant parcours depuis le Costa Rica, où elle
habite depuis huit mois. L’interview s’effectue par Skype, avec une connexion
plus ou moins bonne compte tenu des 9000 km qui nous séparent.
Installée à l’ombre d’une paillote, Leïla incline l’écran de son
ordinateur pour nous faire admirer son lieu de travail : jungle
verdoyante, sable blanc, mer bleue… Un « bureau à ciel ouvert » à
faire pâlir d’envie !
Son parcours de cavalière : trop technique, trop formaté
Toute petite, Leïla fait ses débuts de cavalière sur le dos d’un poney Shetland. De 4 à 17 ans,
elle se forme en club, fait un peu de CSO
et de complet, suit le
« passage obligé » des Galops,
puis se lasse de l’enseignement classique : « Il y avait trop de technique et pas assez de relationnel avec le cheval. C’est vraiment le problème des
clubs, nous sommes nombreuses à nous détourner de l’équitation à cause de ça ! »
Dès l’âge de 14 ans,
elle s’intéresse à l’approche des chuchoteurs américains et se promet de chevaucher un jour dans les grands
espaces de l’Ouest. Après un bac S, la jeune fille entre en BTS
audiovisuel à Biarritz. Diplôme en poche, elle décroche son premier emploi de
monteuse vidéo à Paris, pour la télévision : « J’y suis restée trois ans. C’était très technique, très formaté.
Et j’étouffais, parce que je bossais toute la journée dans un box sombre de
2 m sur 2… Un peu comme les chevaux
de club ! »
Leïla décide de partir un an au Canada. Elle parcourt
le pays d’Est en Ouest, travaillant dans des ranches pour gagner sa vie : « J’avais besoin de renouer avec la nature. » Elle
s’installe ensuite à Montréal et trouve un job en tant que palefrenière et
instructrice d’équitation naturelle : « C’était
le destin ! J’y suis restée de 23 à 25 ans. Je me suis formée sur place et
j’ai commencé à tenir un blog pour partager mon ressenti sur l’approche
naturelle de l’équitation. »
Retour à une vie proche du monde équestre
Une leçon de vie
Dans ce
« monde du silence » qu’est celui des chevaux, Leïla se donne
corps et âme, travaille sans relâche, épuise ses forces… Deux ans après, c’est
le burn-out : « J’ai perdu mon
travail et traversé une période difficile. Cela a été une belle leçon de vie,
car j’étais encore dans l’optique où l’on croit qu’avec de la volonté, on peut
tout faire. En voulant concrétiser mon rêve, j’ai oublié de me préserver et je
me suis brûlé les ailes… Or, même dans le travail avec les chevaux, il faut s’écouter. »
Le retour à la photo équestre
Désormais libre de son temps, Leïla se remet à la
photo. Elle vit cela comme « une
guérison, qui m’a remise dans une forme de liberté. » Le public ne s’y
trompe pas et plébiscite ses clichés : « C’est le travail effectué avec les chevaux
qui m’a aidée à avoir une vraie qualité de présence, à savoir me faire oublier,
à développer ce même regard périphérique afin de capter le moindre instant
fugace… Les chevaux sont de bons
professeurs en photo ! » Désormais résidente canadienne, Leïla obtient le
statut de travailleur indépendant et parvient même à vivre de ses clichés de
nature ou d’animaux. « J’aime cette citation d’un auteur
inconnu disant que lorsque la main de l’homme se tourne vers l’animal, c’est un
pas de plus pour l’humanité… C’est exactement cela que j’essaye de transmettre
dans mes photos. »
En 2014, Leïla décide de réaliser un film documentaire
qui explore les liens entres les humains et les chevaux, et qu’elle intitule "Sans Attache" (le titre anglais
est Freedom Tracks) : « J'ai
voyagé pendant trois ans, dans six pays différents (France, Argentine,
Belgique, Canada, États-Unis et Costa Rica) pour montrer comment, partout dans
le monde, les gens ont développé des approches différentes et plus
respectueuses du cheval. »
Une expérience inoubliable qui lui a permis de mettre à profit son talent bien
particulier : « Je fais
maintenant l’essentiel de mes shootings à
cheval, que ce soit pour la photo ou la vidéo. C’est un challenge, mais
tout le monde peut le faire ! Il suffit d’avoir le goût de l’aventure, et
cela donne une plus grande liberté. »
Visionnez la bande-annonce sur la
page Facebook qui lui est consacrée : d’emblée, vous serez touché par la
beauté des images et la sincérité des hommes et femmes de cheval que Leïla a
rencontrés. Plus que jamais, la belle phrase de présentation du film donne
envie d’aller encore plus loin dans la compréhension et le respect du cheval au
naturel : « What if horses were
a doorway to our own freedom ? » Et si les chevaux étaient une porte
vers notre propre liberté ?
Son film équestre primé
à New York
Pour produire son documentaire équestre "Sans
Attache",
Leïla Pagès a eu l’idée de lancer une campagne de financement participatif sur
la plate-forme Ulule. Démarrée le 29 septembre, la campagne avait déjà atteint
110% de son objectif moins de trois semaines plus tard. Et le 19 novembre
dernier, consécration absolue pour Leïla puisque "Sans Attache", en lice au prestigieux Equus Film Festival décerné à New York, a remporté le Prix du
Meilleur Documentaire International !
Durant toute l’année 2018, des projections auront lieu
en France, en Belgique et au Québec. Le film sera également disponible à la
vente en DVD et streaming, via le site internet.
Pour en savoir plus :
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Article paru dans Cavalière n° 67, décembre 2017/janvier 2018.
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