Christophe Tanière, photographe équestre et non cavalier !
Je ne connais pas Christophe Tanière, je l'ai repéré grâce à ses
photos équestres sur le net. Je cherche toujours des photos originales afin d'illustrer les
réseaux sociaux de Cheval d'Aventure. Ses photos m'interpellent et j'ai voulu
en savoir plus. J'ai donc contacté Christophe et qu'elle n'a pas été ma
surprise d'apprendre qu'il n'est pas cavalier.
Qui est ce drôle de photographe ?
Peux-tu nous raconter
tes débuts de photographe.
J’ai commencé la photographie, il y a une
quinzaine d’années. A cette époque le numérique commençait tout simplement à faire son entrée sur le
marché.
Mes débuts en argentique (pellicule) furent laborieux, j’ai appris
beaucoup en pratiquant et en remettant en cause mes erreurs. Une fois la technique
acquise, j’ai commencé ma « vie photographique » en réalisant des
mariages, du studio, en explorant différents styles et domaines.
Le plus difficile
est de trouver son style en photographie. Comme un peintre que l’on reconnaît
sans sa signature, le photographe doit être pareil.
Comment es-tu arrivé à être mandaté par la
Fédération équestre internationale sur certaines compétitions (le réseau entre
Chantilly , Barcelone, La Baule....)
Depuis un peu plus de cinq ans, j’ai
découvert le monde du cheval. J'y suis entré en découvrant deux poneys qu’une
amie me présenta pour les photographier. J’ai d’abord réalisé différents
clichés très conventionnels, puis petit à petit, j’ai découvert une
« âme » derrière cet animal. En portant l’appareil au viseur, j’ai
vite découvert que le cheval nous transmet des émotions identiques voir
supérieures à l’être humain.
J’ai commencé par aller sur les concours équestres.
Néophyte, j’aimais prendre les photos des chevaux au saut, mais très vite je me
suis ennuyé et j’ai cherché du côté du paddock.
Là, j’ai découvert un autre
monde, un monde de travail, de partage, de sensations nouvelles mais malgré
tout proche par exemple d’un reportage de mariage. Avec le cheval tout va très
vite ! Et il faut être prêt à déclencher.
Petit à petit mon regard s’est
affiné, j’ai cherché un style particulier, le mien. Il y a beaucoup de
photographes équestres dans ce « milieu » fermé. Il faut se démarquer et au
début ce n’est pas chose évidente, sans compter que je ne connaissais
aucunement le jargon du « milieu ». Ma rencontre avec certains
organisateurs m’ont permis d’arriver au sein de la FEI. J’ai réalisé ma
première mission en 2015 à Equita’Lyon.
Leur brief pour chaque mission est pour ma part, montrer tout, sauf le sport ! Le couple homme/cheval, les grooms, les fans, l’ambiance qui y règne, sous un angle différent avec une lumière inhabituelle. Cette année 2016 est un challenge pour ma part. La saison 2017 s’annonce d’ores et déjà enrichissante !
Qu'est-ce qui t'attires dans la photo équestre,
qu'aimes-tu photographier, quel message veux-tu transmettre ?
J’aime dans la photographie, capturer
l’instant, le moment où il se passe quelque chose, le moment où quelque chose
au fond de moi me dit de déclencher. Mon travail est axé sur la photographie
sociale, le reportage en entreprise et le cheval. Le message émotionnel que je
transmets à travers mes images est bien celui que j’ai pu ressentir au moment
de la prise de vue. Pour moi, la sensibilité est une qualité.
Ce n’est pas toujours facile à porter, mais ça aide énormément quand on exerce une passion
artistique (et la photo en est
une). Être sensible fait voir le monde différemment,
avec plus de saveurs, de couleurs, et surtout d’émotions.
L’importance de l’émotion est primordiale, c’est ce qui
va faire que l’on s’arrête plus sur une image qu’une autre. La sensibilité
c’est aussi garder un regard d’enfant sur
les choses. S’émerveiller d’un rien
: d’une jolie lumière, de quelque chose d’amusant, de mignon, de ces petites
beautés qui nous entourent tout le temps. Le côté réceptif, attentif à ce qui
nous entoure, car pour voir il faut d’abord savoir regarder, prêter attention aux détails.
Est-ce que cela pose un problème de ne pas
être cavalier pour photographier des chevaux ?
Pas du tout. D’ailleurs, le fait de ne pas
être cavalier me laisse une plus grande liberté dans le choix des images que je
réalise.
Bien entendu, la pose du cheval doit être importante, tout comme celle
du cavalier, mais n’ayant pas de connaissance purement technique je
photographie au feeling, et cela fonctionne.
Quelle est ton approche pour gagner la
confiance du cheval ?
Ahhahh ! Cela va vous faire sûrement rigoler mais mon approche passe d’abord par la rencontre avec le cheval. Pas question d’arriver et de le photographier. Comme pour un être humain, il faut d’abord établir un contact, se présenter à lui, l’analyser, lui présenter son matériel, boîtier, objectifs.. lui laisser le temps d’analyser ce qui se passe. Pas de geste brusque, si j’utilise du matériel (flash, boîte à lumière, parapluie) tout est fait en douceur.
Lorsque cela se déroule sur des concours, je me fais discret, j’évite le « mode » rafale de la prise de vue, trop bruyante à mon goût et non significative de réussite, le maître mot : déclencher au bon feeling.
Comment se passe un reportage : est ce que tu
pars avec une idée bien précise ou tu improvises en fonction de l'environnement
?
Lorsque je pars en reportage équestre en France ou à
l’étranger, que je réalise des shootings pour des particuliers, à chaque fois
j’improvise en fonction du contexte. Je pars d’abord faire un repérage des lieux, sans boîtier, juste visuel. Je m’arrange pour avoir accès aux endroits où
je désire aller (pour les concours accréditations).
Le reportage démarre toujours par une phase
d’échauffement, quelques photos, banales afin de mesurer un peu l’ambiance
lumineuse et l’atmosphère.
Puis petit à petit je me mets dans une bulle,
un état où je suis en connexion avec mon sujet et mon œil. L’appareil photo est
l’extension de mon esprit où sera fixée l’image. Je regarde énormément ce qui
se passe autour de moi et je me dois de l’analyser très rapidement pour pouvoir
saisir le bon moment.
De temps en temps j’ai beaucoup de chance à me trouver au
bon moment au bon endroit. Parfois, le fait de discuter avec quelqu’un vous
amène de la « matière » photographique.
Que préfères-tu lors de tes séances ?
En fait je dirais plutôt qu’est ce que je
préfère après mes séances ? Chaque fois que je réalise un reportage équestre, je n’ai
aucune idée de ce que je vais réaliser. Pourquoi ? Simplement parce que le cheval est
imprévisible. Contrairement à l’être humain, vous ne pouvez pas lui demander de
faire telle ou telle pose. La lumière n’est pas toujours à l’endroit que l’on
voudrait, le lieu ne s’y prête pas, etc.
Cependant lors de mes séances, ce que
j’aime c’est l’inconnu, la photo à laquelle on ne s’attend pas ! Le petit
plus qui va faire une photo différente.
Quelques conseils et astuces pour nos cavaliers voyageurs, photographes amateurs
Être un bon photographe ne signifie pas seulement connaître la technique sur le bout des doigts et composer avec les règles. Non, il faut aussi certaines qualités humaines. Si je dois vous donner un conseil pour démarrer la photographie équestre, la première chose est d’être en adéquation avec le cheval. Ensuite une autre règle, cette fois plus photographique, est de se dire : "que veux t-on montrer ?" un souvenir ? un détail ? un moment précis ?, toujours se dire avant de déclencher, « qu’ai-je envie de montrer ? ».
Le numérique est tellement facile de nos jours que l’on déclenche sans réfléchir, bien malheureusement.
Quelques astuces photos si vous voyager et
que vous réaliser des photos de chevaux. Tout d’abord, privilégier les instants
du matin et de la fin de journée pour photographier, la lumière y est plus
douce. Point de vue matériel, un compact, bridge ou hybride (objectifs
interchangeables) fera l’affaire. Si vous photographier votre cheval avec un
paysage, soigner l’arrière plan, le format paysage du boîtier. Si vous désirez
faire un plan serré de sa tête utiliser votre boîtier en vertical. Il y a pleins d’autres conseils à vous dire
mais la liste serait trop longue....
Pour mes photos, je travaille avec deux boîtiers numériques et plusieurs objectifs de grande ouverture pour garder l’ambiance de la lumière environnante. J’utilise très peu le flash en reportage sauf lorsque je recherche une atmosphère particulière. Afin d’obtenir la plus grande possibilité de traitement d’images, je travaille uniquement en format « RAW ». Je développe ensuite en post-production (couleurs, densité, netteté, recadrage si nécessaire, traitements spécifiques…) suivant la charte graphique imposée par le client.
Pour toi, comment définir une photo réussie ?
Une photo réussie est la combinaison des
éléments présents, de la technique et l’émotion que la photo transmettra au
lecteur.
Pour définir mon métier, voici les qualités que doit avoir un photographe :
passion, sensibilité, curiosité, patience et persévérance.
A travers cet interview, j'ai compris
pourquoi les photos de Christophe Tanière ne laissent pas indifférentes. Il transmet un
message à travers des tranches de vie, des parts de rêve loin des clichés
standard.
Il ajoute aussi une pincée d'idées créatives et une autre de
sensibilité. Cette recette aboutie à des images où notamment le cheval, le
monde équestre ne peuvent pas vous laisser insensibles ! Ces images de chevaux
sont toujours modernes et expressives. C'est un régal pour les yeux.
Vous avez envie de découvrir d'autres photos de Christophe Tanière, visitez son site.
Et tenez-vous informé de ses actualités sur sa page Face Book.
Lisez d'autres articles :