"Sorcière", cette jument a changé l'été de deux surfeuses
Habituellement surfeuses, Bilyana et sa fille vont tombées éperdument amoureuses des chevaux lors d'un séjour équestre dans les splendides Rhodopes de Bulgarie.
Initiation bulgare à l'équitation
Des débuts ensorcelants
Sorcière m’a regardé avec
son grand œil marron avant de détourner le regard vers Pétzi comme si elle lui
disait : « C’est la prochaine ? ». Je suis montée sur son dos, la jument a commencé doucement, au pas dans le manège, avec ses longues jambes.
Dix minutes plus tard,
nous étions déjà au trot. Un-deux, un-deux, comptait Pétzi, et je devais suivre le
rythme des mouvements de la jument bulgare, serrer fort son corps avec mes jambes, garder
les talons en bas, tout en tenant mon corps droit et mon dos souple.
Je me suis rappelée les
premières leçons de surf que je prenais il y a quelques années. Je devais
penser à mille choses à la fois et, surtout, essayer d’arrêter de me battre contre le
vent. Ici c’était presque la même chose, mise à part que la technique devait être
obligatoirement maîtrisée. Il fallait se « fondre » avec le cheval,
avec ses mouvements et avec son énergie.
Sorcière exécutait
sagement chaque demande. Avec patience, la jument bulgare supportait les exercices que
j’exécutais sur son dos. J’ai compris plus tard pourquoi on l’appelait Docteur
Honoris Causa : elle était intelligente, patiente et plus âgée que les autres, 12 ans... C’est ainsi que tout a commencé…
Au plus près des locaux en Bulgarie
Zaliv (Baie), Zagadatchna
(Mystérieuse), Zlodey (Malfaiteur), Znatchim (Important), Zdratch
(Crépuscule), Tiva, Zoro, Harry, Emanation, Casino, Aypril, Haidi, Zahira...
Ce sont les autres
chevaux qui vivent sous le même toit que Sorcière, là au fond des montagnes des
Rhodopes bulgares. C’est l’amour de la nature et des chevaux qui ont amené mes hôtes,
Maria et Tchavdar, à Trigrad.
Actuellement, en dehors de la petite maison typiquement bulgare dans
laquelle ils habitent quand ils ne sont pas sur Plovdiv, ils sont également les
fiers propriétaires de l’hôtel « Arkan Khan », du centre équestre
« Arkan » et du bar emblématique « Samar ».
Le
professionnel de la famille c’est leur fille, Margarita. En dehors de sa passion pour
le cheval et de ses excellentes aptitudes de cavalière, elle a fini ses études de
management international dans le tourisme en France.
Une rencontre importante
Après deux jours
d’entraînement intensif dans le manège du centre équestre avec Pétzi (Petko
Bogdanov, formateur bulgare en équitation et sport équestre) et des promenades de deux
heures dans la forêt voisine, ma fille et moi étions déjà prêtes à participer à
la randonnée, au moins pour les 2 premiers jours.
Le parcours a commencé
avec une organisation de fer. Tous les participants, le groupe de touristes
français et nous deux, sommes allés tôt le matin à l’écurie pour récupérer nos
chevaux et les repas du midi.
J’ai eu en main les
rênes d’un magnifique étalon bulgare avec un nom encore plus magnifique : Znatchim (Important).
J’étais déçue de ne pas monter Sorcière, mais quand j’ai vu Znatchim, j’ai compris qu’il était le meilleur
choix pour moi. C’était un véritable coup de foudre !
Impressionnée par son nom, j’ai demandé pourquoi il se prénommait ainsi. Les noms des chevaux sont choisis d’une
manière particulière en Bulgarie : il est obligatoire que la première lettre du nom soit
celle du nom du père et la première lettre du nom de la mère doit également y figurer.
Presque tous
les chevaux portant des noms commençant avec la lettre Z ont un père
commun : Zaliv (la Baie) ou
encore Max le Fou. Il fut le cheval personnel du guide bulgare du groupe, Stéphane
Petzov.
Notre guide part en premier et tous les autres chevaux du groupe le suivent, à leur
rythme. En dernière position, c’est l’autre guide : Pétzi avec la jument
Emanation.
Pas, trot, galop, et encore trot et encore pas…ainsi se succèdent les
allures durant la ballade. Le galop ne dépasse pas plus de cinq minutes, il sert
plus à faire monter l’adrénaline qu'à économiser du temps, les chevaux doivent être préservés.
Une heure et demie de
randonnée plus tard, nous nous arrêtons pour nous reposer et prendre un
déjeuner léger. Les chevaux restent sellés et semblent contents de croquer
l’herbe fraîche.
Après la pause nous continuons. L’objectif : la forêt du village bulgare Bouynovo
où nous allons passer la nuit dans une petite auberge familiale.
Je remonte à cheval et pense à son nom : Znatchim (Important) ! Il
devient effectivement un personnage important dans le scénario de ma vie et a
rendu cette première journée du parcours vraiment particulière.
Bien sûr, je n’oublie pas Sorcière….Il ne faut jamais oublier une Sorcière !
Des montagnes des Rhodopes au lac de Dospat
La douceur des matins bulgares
Je me réveille à 6 heures. Dehors il fait frais, le temps frais de la montagne en Bulgarie.
Après le petit-déjeuner, nous rejoignons le pré, accompagnés des guides, là où
les chevaux ont passé la nuit. Ils nous accueillent, contents et prêts pour
cette nouvelle journée.
Tôt le matin, la lumière est magnifique et les chevaux semblent différents.
Je commence à prendre des photos. Dans l’objectif tombe Emanation. Le soleil a
illuminé son corps d'une magnifique lumière dorée. Une jument extrêmement belle,
forte et douce à la fois !
Elle n'est dans l’écurie que depuis quelques
semaines, c'est le cheval personnel de mon instructeur Pétzi. Son adaptation n’a pas été facile mais elle a rapidement sympathisé avec
Tiva, la fille de Sorcière et jument favorite de ma fille. J'ai remarqué que, durant les pauses, les deux juments se cherchent et ne se calment que lorsqu'elles sont côte à côte.
Après un parcours de trois heures à travers les belles montagnes bulgares des Rhodopes,
nous arrivons à un vieux pont romain entre Borino et Dospat, où les locaux ont construit un grand abri en bois.
Margarita avait préparé la table, tous les français ont été agréablement surpris
du repas qui comportait :
- une soupe aux épinards
- une salade « Shopska »
- une galette de pommes de terre, la spécialité bulgare
- du vin rouge
- des fruits
Et tout ceci servi avec une telle élégance !
En revanche, Emanation a un problème. Juste aux plis de ses pattes, sa peau
fragile a des éraflures. Pétzi et Stéphane lavent soigneusement les plaies et
appliquent une pommade. Pétzi sort un grand morceau d’étoffe de laine et commence
à fabriquer un protecteur pour rendre la sangle plus confortable et plus douce
et ainsi ne pas la blesser de nouveau.
Première baignade à cheval en Bulgarie
Deux heures plus tard, nous repartons. Notre objectif c’est le lac de Dospat. Nous arrivons au lieu de rencontre que Margarita et
Tchavdar ont préservé pour notre groupe. Ils ont même nettoyé les déchets des
précédents campeurs !
Nous nous installons entre deux campements. Les chiens
aboient, nous attirons l’attention de leurs propriétaires et irritons un peu
les pêcheurs bulgares. On ne peut pas faire autrement ! Les chevaux ont besoin d’un
bain et le lac est à tout le monde.
Margarita nous montre comment entrer et sortir à cheval des eaux profondes.
Elle enlève la selle du dos d’Emanation, déchausse ses tennis, monte à cru sur la
jument et la guide courageusement vers l’eau. Un processus particulièrement joli.
Tout le monde se
déchausse, enlève les vestes et monte à cru sur les chevaux. Mon cheval Znachim attend à peine que j’enlève sa selle et, à
peine retournée, je vois qu’il se roule déjà par terre.
Assise sur son dos et accrochée à sa crinière (d’ailleurs les chevaux
n’ont pas de sensibilité au niveau de la crinière, donc, ne craignez rien, cela
ne leur fait pas de mal), les rênes en main, avec le dos droit et les reins
souples, je le guide directement vers l’eau.
Après mon tour, c’est le tour de ma fille Beloslava de monter Znachim et
je me rends compte qu’elle le guide mieux que moi dans l’eau, se tenant comme
une vraie petite amazone sur le dos du cheval.
La sensation du contact direct avec le dos du cheval est unique. La
capacité de créer la confiance et d’avoir confiance est très importante dans
l’équitation et la communication avec les chevaux. Quand tu montes un cheval,
cet attachement sincère et cette confiance doivent être orientés directement
vers le cheval, et non pas aux chevaux en général.
Je jette un coup d’œil vers la crinière en soie d’Emanation
et sa peau douce. Plus aucune trace de ses blessures. Elle est à côté de Tiva,
toutes deux brillantes au soleil couchant de Dospat. Oui, c’était un vrai jour d’émanation de belles
sensations !
Des souvenirs heureux en Bulgarie
Le temps des adieux
Pour Beloslava et moi c’est notre dernier jour de randonnée, plutôt un jour
d’adieu. Nous nous sommes levées tôt pour voir une dernière fois les
chevaux et dire au revoir à nos guides bulgares. Nous étions tristes.
En quelques jours
nous avons réussi à en tomber amoureuses pour toujours. Je me suis rappelée de la jeune Zahira, la jument la plus jeune de
l’écurie, née en fin d'hiver: belle, coquine et un peu apeurée. Je me suis également
rappelée du sens du mot Zahir.
La folie de l'amour du cheval
Ces êtres formidables ont commencé à remplir mes
pensées. Après quelques phrases et regards échangés avec ma fille, nous avons
renoncé à notre surf habituel en Août et nous nous sommes promis d’y retourner.
Déjà beaucoup plus à l’aise avec la monture et probablement plus amoureuses
aussi. Tomber amoureux peut être un acte sacré ou une folie. Moi je choisis la
folie !
Texte de Bilyana Savova, traduit en français.
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