En rando : cheval de race ou ONC ?
Certaines
races de chevaux (barbes, arabes-barbes, mérens…) sont réputées pour la rando, mais
bien des cavaliers ne jurent que par leur « cocktail de
prairie »… Entre les deux, votre
cœur balance ? Donnez-nous votre avis !
La race, notion "humaine" liée à la sélection
Lorsqu’on décide d’acheter un cheval de loisir pour
faire de la balade ou de la randonnée, on peut hésiter entre un cheval de race
et un ONC - c’est-à-dire un cheval d’Origine Non Constatée (autrefois appelé
OI, cheval d’Origine Inconnue).
Les avis divergent sur la question… N’hésitez pas à laisser un commentaire pour nous donner votre avis !
Equus Caballus
Avant tout, il sera utile de rappeler ce qu’est une
race, en termes de zoologie et de sélection : la race est une notion tout ce qu’il y a de
plus « humaine » puisqu’à l’origine, les chevaux n’appartiennent à
aucune race en particulier mais à une espèce au sens zoologique du terme :
Equus Caballus.
La notion de race équine est apparue dès lors
que les hommes ont décidé de produire des groupes de chevaux dotés de
caractéristiques semblables, en fonction d’une utilisation souhaitée. Elle est
indissociable de la notion de sélection, qui est le socle de tout élevage
animalier (équin, canin, félin…).
A la différence de la sélection naturelle, la
sélection artificielle - c’est-à-dire « construite » par l’homme -
consiste à fixer les caractéristiques recherchées afin que seuls les animaux
correspondant au standard de la race soient autorisés à reproduire.
Secrets de génétique
Le principe
est simple : tout individu ne correspondant pas au standard doit être écarté
de la sélection, sous peine d’appauvrir la race au fil des générations. Qu’il soit amateur ou professionnel, l’éleveur
équin a donc un objectif précis : trouver le meilleur
« mariage » possible entre deux reproducteurs, dans l’espoir
d’obtenir un produit qui fera honneur à la race – voire qui l’améliorera. Ceci
implique de bien connaître les lignées généalogiques et de savoir décrypter les
secrets, parfois complexes, de la génétique.
Chez les équidés, la sélection porte
essentiellement sur trois critères : la morphologie, le caractère et les aptitudes.
C’est de l’harmonisation de ces trois critères que dépendent la qualité d’un
cheval… et sa prédisposition à telle ou telle utilisation sous la selle !
Le
stud-book, colonne vertébrale de l’élevage
Avec l’apparition des stud-books,
essentiellement au 19ème siècle, l’élevage équin a trouvé sa
légitimité. Un stud-book est un livre qui répertorie tous les animaux
appartenant à une race d’équidés. Pour certaines races dont le berceau se situe
à l’étranger, le stud-book peut également porter l’appellation de registre.
Deux aspects entrent en ligne de compte pour
dire que tel équidé fait partie d’une race et peut, à ce titre, être
« inscrit au stud-book » :
-
l’aspect phénotypique, défini par le
standard de la race. Il précise les critères morphologiques souhaités et évoque
un type d’utilisation dominant.
- l’aspect
génotypique, prenant en considération l’appartenance à une famille ou lignée
généalogique. Il est basé sur la connaissance et reconnaissance des ascendants,
descendants et collatéraux.
51 stud-books en France
Un
stud-book est tenu par le SIRE (Système d’information relatif aux équidés),
entité de l’IFCE (Institut français du cheval et de l’équitation), qui enregistre
toutes les informations afférentes à un équidé : relevés de signalement,
contrôles de filiation, dossiers sanitaires…
En France, hormis les 3 races de
chevaux de course (Pur-sang, Trotteur français et AQPS - Autre que Pur-sang),
51 stud-books sont regroupés au sein de livres généalogiques. Ils sont classés
en différentes catégories : chevaux de selle (races françaises et
étrangères), poneys, chevaux de trait et ânes.
Cheval
ou poney ?
Bien des cavaliers randonneurs se font énormément
plaisir avec un équidé appartenant à la catégorie des poneys (Haflinger, par exemple), et non des
chevaux. Mais quelle est la différence ?
Là encore, voilà une distinction qui n’a rien
de scientifique puisque chevaux et poneys font partie d’une seule et même
espèce – Equus Caballus ! Pure invention de l’homme, ce cloisonnement a
pour but de différencier les races de chevaux – plutôt grands, élancés et
« bien coiffés » - des races de poneys – plutôt petits, trapus et
dotés d’une crinière touffue…
Officiellement, selon le règlement de la FEI (Fédération
équestre internationale), est considéré comme poney tout équidé toisant au
maximum 1,48 m pieds nus (1,49 m ferré). Mais pour les éleveurs, qui
s’attachent à la notion de race, certains équidés, bien que de petite taille,
sont beaucoup plus proches du cheval en termes de morphologie et d’aptitudes.
Ils ont donc obtenu des instances officielles qu’ils soient classés en tant que
« chevaux » et non « poneys ». C’est le cas par exemple de
l’Islandais, du Mérens, du Quarter Horse, du Pur-sang arabe… ou même du cheval
miniature (français ou américain), qui dispose désormais d’un stud-book !
Pourquoi
acheter un cheval d’une race précise ?
Surtout
dans le milieu de la rando, de nombreux cavaliers n’échangeraient pour rien au
monde leur « cocktail de prairie » (expression couramment utilisée
pour désigner un cheval sans papiers, d’origine inconnue) contre un cheval de
race. Nous pourrions comparer cette attitude, très fréquente dans le milieu du
loisir et de la randonnée équestre, à celle des propriétaires comblés par leur
chat de gouttière ou leur chien « bâtard ». Loin de nous l’idée de
critiquer leur choix - au contraire !
Néanmoins,
plusieurs raisons tout aussi légitimes peuvent motiver l’achat d’un cheval
« pleins papiers », c’est-à-dire inscrit au stud-book d’une race bien
précise :
-
Vous rêvez d’avoir un cheval de telle ou
telle race parce qu’elle vous fascine sur le plan historique, culturel,
esthétique… C’est un choix volontairement élitiste. Exemple :
un Quarter Horse, un Paint Horse ou un Appaloosa parce que vous êtes un cowboy
dans l’âme !
- Vous souhaitez pratiquer une discipline
équestre pour laquelle ce cheval est sélectionné depuis toujours. En achetant
un cheval de cette race, vous vous donnez plus de chances de trouver votre
bonheur… Exemple :
un Pur-sang arabe pour pratiquer l’endurance !
- Vous
souhaitez pratiquer telle ou telle discipline en compétition. Or, en France,
seul le circuit « Club » est autorisé aux chevaux d’origine non
constatée. Excepté en TREC, les compétitions dites officielles (Amateur et Pro)
leur sont interdites. Donc,
si vous voulez faire du concours complet par exemple, impossible d’avoir un ONC... sauf à très petit niveau.
Le cas spécifique de l’endurance
En
endurance, qui est la version « sportive » de la randonnée équestre,
les ONC sont moins nombreux que par le passé. Jean-Marie Laudat, ancien champion d’endurance et président
du Comité Départemental d’Equitation (Lot), nous explique pourquoi : « En endurance, jusqu’au 31 décembre
2004, les chevaux qu’on appelait à l’époque des OI (origine inconnue) avaient
le droit de courir toutes les courses. Ils commençaient par une course de 20
km, devaient se qualifier pour une 40, puis une 60, puis une 90, etc. Lors du
tout premier Championnat d’Europe, en 1984, celui qui a remporté la
mythique course de 160 km de Florac était non pas un OI mais un Cheval de Selle (né d'un père Anglo-Arabe, Keshardit, et d'une mère OI, Caline; Ndlr). Il s’appelait Incompris, il appartenait
à René Chambon, le premier entraîneur national d’endurance, et il était monté
par le cavalier Yves Ainé.
Aujourd’hui,
c’est différent : les ONC sont moins nombreux en endurance, et ils n’ont
le droit que de participer aux courses de catégorie Club, c’est-à-dire pas
au-delà de 60 km. A très haut niveau, l'immense majorité des chevaux de haut niveau est "pleins papiers" ».
Un ONC pour la randonnée
Voici trois témoignages révélateurs de cavaliers-randonneurs
enchantés de leur ONC (issus de l’ouvrage Choisir son cheval : quelle race
pour quelle discipline ?, de Natalie Pilley, éditions Vigot). N’hésitez
pas à nous mettre un commentaire si vous aussi, vous n’avez aucune honte à
randonner sur un cheval sans papiers !
« Je monte régulièrement en randonnée
deux ONC qui m’ont été confiés : Vaillante, une croisée espagnol/pur-sang
anglais de 6 ans, et Ninja, un type appaloosa de 13 ans. Franchement, la race,
je m’en moque… Je pense même que les ONC, justement parce qu’ils sont issus de
croisements, font d’excellents chevaux avec un super mental ! Ils sont
résistants, ils passent partout, ils n’ont peur de rien…
Au niveau des maladies,
ils ne craignent pas grand-chose par rapport aux pleins papiers. Je les compare
aux bâtards qui ont souvent une meilleure santé que les chiens de
race ! »
Julie Maire (Haute-Marne)
Des ONC en forêt de Chantilly
« Je suis ATE en
forêt de Chantilly et excepté un selle français, je n’ai dans ma cavalerie que
des chevaux ONC qui sont exclusivement destinés à la balade ou la randonnée
d’un ou deux jours. J’emmène des cavaliers de tous niveaux, du débutant au
confirmé, et certains ne sont jamais montés à cheval. Nos ONC sont bien dressés
et vraiment au top. Ils n’ont peur de rien (chiens, vélos, motos…) et je n’ai
jamais eu un seul problème ! »
Caroline Poulain, ATE aux écuries de Java (Oise)
Le franches-montagnes, formidable en TREC et rando
« Je possède un
ONC de 8 ans, de type franche-montagnes, qui s’appelle Hello. J’ai eu un gros
coup de cœur sur lui quand il avait 5 ans, à cause de son caractère et de sa
gentillesse. Pour moi, les papiers c’est vraiment secondaire ! Il ne
savait pas faire grand-chose, mais il avait envie de découvrir. Et je ne
regrette rien parce qu’aujourd’hui, je le sors en TREC avec un immense bonheur.
Simple side-pull dans la bouche
Et sans rien dans la bouche, en side-pull ! Ce qu’il aime le plus, c’est
le PTV (parcours en terrain varié). Pour l’instant je sors en Club, mais comme
en TREC les ONC sont acceptés je sais que dans quelques années je pourrai
sortir en Amateur. Je fais aussi de l’endurance, sur des courses de 20 km. J’ai
été assez surprise de ses résultats, il avait le même cardio après l’effort que
le pur-sang anglais de mon amie ! Enfin, je le monte en randonnée sur
plusieurs jours et là aussi, il me comble ».
Eve Raspail (Loir-et-Cher)
Nous attendons donc vos témoignages : pour la rando, cheval de race ou ONC ?
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