Brigitte Bonnot, cavalière de dressage et de spectacle
Reconnue
notamment pour ses créations aux spectacles des Crinières d'Or, Brigitte Bonnot
est une passionnée du monde équestre avec qui nous avons la chance de partager
des stages de dressage et qui nous a conté ses premiers pas dans cette discipline où l'élégance et la prestance sont les mots directeurs.
Comment
avez-vous découvert les chevaux ?
Je suis tombée amoureuse des
chevaux en regardant "Sébastien
parmi les hommes" (Belle et Sébastien) à la TV. D'ailleurs, mon fils
aujourd'hui s'appelle Bastien ! L'intrigue se passe dans une écurie de chevaux
de course, j'étais à califourchon sur ma chaise et je ne lâchais pas l’écran
des yeux, au grand dam de mes parents, qui voulaient que je fasse du bateau,
comme tout le monde dans la famille. Je n'avais pas le droit de monter à
cheval. Un jour, grâce à mes 5 francs en poche, à 10 ans, j'ai fait une
promenade à cheval en cachette de mes parents. Je voulais monter le blanc, Vif
Éclair. J'avais prévenu le gérant, soit je monte le blanc, soit je ne monte
pas. J'ai monté Vif éclair, en espadrilles et en short... malgré les blessures,
j'étais la plus heureuse du monde. En rentrant ma mère m' accueilli avec un
"déshabilles toi, ça pue le cheval !".
Pourquoi
le dressage ?
Le temps a passé, j'ai une vingtaine
d'année et j'ai ouvert un centre de promenade à cheval vers Avignon. Il y a une
fête dans les Alpilles "Le Cheval à l'honneur". J'y vais et je
découvre un magnifique spectacle : des chevaux andalous qui dansent, marchent
de côté... C'est incroyable de beauté, et je ne pensais pas qu'un cheval savait
faire ça ! Je rentre chez moi, j'essaye sur mes chevaux de randonnée mais ça ne
marche pas ! Ça doit être à cause de la selle. Je change donc de selle, de
mors... mais rien à faire, ça ne marche toujours pas.
Je rencontre alors Joël Laugier
dans une foire qui me vend Pharaon, un cheval très compliqué. Avec lui, pendant
3 ans, je fouille, je cherche et je commence à comprendre que ni la selle ni le
mors ne feront danser mon cheval. Il faut maîtriser le dressage. Je m'associe
avec Corinne Bernard, qui fait de la Tauromachie. Elle possède de magnifiques
chevaux ibériques dressés. J'ai beaucoup appris sur ces chevaux, dressés à la
perfection qui me donnent l'impression d’être une excellente cavalière et me
permettent de les faire danser comme j'en rêvais.
J'installe mes écuries à
Boulbon en 1994. Je commence à monter avec la regrettée Sylvie Corellou, qui
m'a montré que j'avais de bonnes choses mais qu'il me manquait des bases... Je
reprend tout avec elle, j'affine les bases.
J’achète ensuite Faisca au
Portugal, un incroyable lusitano-arabe, le cheval de ma vie. Je présente mon spectacle
à la bodega de Cheval Passion en 1998.
En 2000, Maurice Galle
(organisateur de Cheval Passion) me demande de préparer un spectacle pour le Gala
des Crinières d'Or. Je propose un carrousel. Selon eux c'est trop classique,
ils en ont déjà deux en attente. Il me dit qu'il me rappelle plus tard et que
je dois trouver une autre idée. Je continue la préparation de mon carrousel, qui
un est un rêve pour mes cavaliers et moi-même. Nous le présentons à Tarbes et à
la féria de Béziers. Maurice Galle me rappelle quelques temps plus tard, je lui
réponds franchement : "Je te propose
un carrousel, viens le voir, ça ne te coûte rien". C'est un carrousel
différent, décousu, pas strict, avec des costumes différents, avec le sourire,
sur le thème de Golegã, la foire au Portugal ; et avec en chef de reprise
Pierre Lenvert, 80 ans ! "On touche
à rien, on garde tout" voici les mots de Maurice Galle... et nous
déroulons notre carrousel au gala des Crinières d'Or en 2000. Les deux autres carrousels
en lice étaient "Le Puy du Fou" trop classique et "Louis
Valencia" avec une nouvelle recrue pas assez coordonnée selon Maurice Galle.
Quel challenge !
Comment définir le dressage ? Qu'est-ce qu'il vous apporte ?
Le dressage c'est se mettre en couple avec son cheval, rechercher une osmose, ne faire qu'un. C'est une discipline sans
fin, il y a toujours à peaufiner, chaque cheval est différent et passionnant.
L'apprentissage
a été facile ?
Oh que non, la route a été très longue, mais j'ai été
entourée par de très bons cavaliers. Sylvie Corellou a marqué ma vie, m'a
appris que sans les bases, rien n'est possible et qu'il faut savoir recommencer
dès le début si une notion n'est pas acquise. Gratien Ciuburu, cavalier de
la garde républicaine qui aurait fait piaffer une chèvre, était un passionné,
il m'a énormément appris également. J'ai beaucoup pleuré dans la carrière, mais
je n'ai jamais renoncé et jamais eu envie de le faire. J'aime la compétition
pour la technique qu'elle impose, et le spectacle pour ce sentiment d’être
seule libre de faire ce que j'aime. Par contre j'ai beaucoup de trac, peur des
spectateurs et du regard des autres... mais j'ai compris que "la critique
est facile, l'art est difficile" et j'arrive aujourd’hui à me persuader
que j'ai ma place. Pourtant, même au championnat de France à Saumur, et partout
aux début des concours, j'étais cataloguée "Cavalière de spectacle, qui a
participé aux férias", ce n'était pas vendeur, et même dégradant, j'avais
le sentiment de ne pas être au niveau des autres et de ne pas avoir ma place.
Un
souvenir de moment difficile ?
Je montais Hémir de Cazaux qui
se cabrait régulièrement dès que je faisais un certain exercice. Je le savais
mais ne savais pas comment l'empêcher. Un jour, en stage de dressage avec Sylvie Coreallou,
j'ai voulu lui cacher cette difficulté donc je ne faisais pas l'exercice
"risqué". Mais elle l'a deviné, elle devinait tout... Elle m'a dit
"Fais cet exercice". Je l'ai détesté. J'ai pleuré, mais il fallait
défaire ce nœud. J'ai refait l'exercice encore et encore, et j'ai défait le nœud.
Pour la remercier, je me souviens encore lui avoir offert une grande carte Titi
avec un énorme Merci.
Un
souvenir marquant ?
Sélection au championnat de
France de Saumur. 60 cavaliers. Le top est d’accéder à la reprise libre en
musique (RLM), l’épreuve où moi, cavalière de spectacle, je peux vraiment me
faire plaisir. Il n'y a que 10 cavaliers sélectionnés pour y participer. Avant
de partir à Saumur, je demande à une amie cavalière et "sorcière" de
me tirer les cartes. "Tu feras ce
que tu veux et sera heureuse". J'arrive onzième, à la porte de la RLM.
J'appelle mon amie, les cartes se sont trompées, je ne suis pas sélectionnée.
Elle tire à nouveau les cartes, et la conclusion reste la même : tu feras ce
que tu veux, et tu seras heureuse. Pourtant c'est tout l'inverse, je suis même
très malheureuse, à tel point que je ne me joins pas à la soirée festive du
concours. J'entends un remue-ménage dans les boxes, je ne vais même pas voir,
pas envie de voir les autres cavaliers. Le lendemain, je demande à quoi était
dû ce bruit. J'apprends alors qu'un cheval vient de se blesser aux glomes, qu'il
déclare forfait. Je suis onzième, je rentre pour la RLM. Le plus beau jour de
ma vie, je termine sixième, ce qui est extrêmement rare puisque en principe, on
garde la place que l'on a eu au début. Remonter de cinq places, c'était
inimaginable !
Peut
on commencer le dressage n'importe quand ? Si l'on est cavalier randonneur par
exemple ?
Bien sûr, il faut juste l'envie.
Il faut apprendre les bases de dressage, et surtout les comprendre : pourquoi
tourner, ne pas contredire son cheval. La théorie du dressage est simple, il n'y
a que deux postures : à droite ou à gauche. Avec ces deux postures, vous faites
toutes les figures.
Le cheval est un instrument de musique, il faut appuyer sur
certaines cordes pour avoir des sons. Je pense que la compréhension est la clé.
C'est pour ça que je n'enseigne qu'aux adultes, pas aux enfants : je pense qu'il
faut comprendre pour apprendre.
Quels
sont vos projets ?
Continuer ma vie à Boulbon,
les stages de dressage. Je suis critique avec les autres, je les aide à devenir meilleurs
et c'est mon plaisir. Je n'ai plus besoin de compétition ni de monter à cheval.
Je monte les chevaux lorsque il y a une difficulté avec son cavalier et que
j'ai besoin de comprendre, c'est ce que j'aime appeler le
"Brigicode". Cela dit, je viens d'acheter un cheval avec Lola, ma
belle fille, qui m'aide aux écuries et s'occupe des réservations.
Je
suis ici avec vous depuis un petit moment et je vois ce cochon se promener sous
la table, qui est-il ?
C'est Lardon, le cochon de
Boulbon ! Je rêvais d'avoir un cochon. J'aime tous les animaux, j'ai eu une
brebis Nanette élevée au biberon, tout comme Marguerite ma vache, et Fonfon mon
poulain. Lardon était mon cadeau d'anniversaire en 2003, depuis c'est la
mascotte des écuries. Il a ses habitudes, il dort sur son matelas, se lève a
7h10, va faire son tour des écuries et part se promener. Quand il revient, je
sais qu'il est environ midi et qu'il est l'heure de manger ! Je songe à lui
prendre une copine, j'ai déjà le prénom, elle s’appellera Rillettes.
L'ambiance
semble excellente à Boulbon...
Il y a toujours du monde, je
vis comme ça. Je n'ai que des grandes tables, il y a toujours une place pour
quelqu'un de plus. Ici nous sommes des "Equipuriens", des épicuriens
de l’équitation ! Nous aimons rigoler, profiter, manger et boire... C'est une
évidence d'accueillir pour moi, c'est dans ma nature. Venez prendre l'air au
cadre vert de Boulbon, nous avons un gîte appelé "L'abri Gîte" pour
vous accueillir !
Retrouvez notre séjour aux écuries de Brigitte Bonnot pour un stage de dressage.
Propos recueillis par Marie-Charlotte Heyden.
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