Hommage au cavalier Marc Lhotka, par Jean-Louis Gouraud

Hommage au cavalier Marc Lhotka, par Jean-Louis Gouraud

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Il y a quelques jours, nous vous annoncions sur le blog la disparition de Marc Lhotka, maître-randonneur, à l’âge de 83 ans. Jean-Louis Gouraud, qui était son ami, lui rend hommage.

Un cavalier-voyageur parti pour le grand voyage

Grand écrivain et historien du cheval,  Jean-Louis Gouraud nous a confié son chagrin de voir partir « un autre grand cavalier-voyageur, après Anne Mariage et Laurence Bougault". Et nous a exprimé en quoi, selon lui, Marc Lhotka avait « marqué l’histoire de l’équitation d’extérieur » :
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Chez Marc Lhotka, on montait à cheval de façon jubilatoire ! © coll. Morane Lhotka
« Là où Marc Lhotka laissera une trace et un souvenir particuliers, c’est sur trois aspects essentiels : tout d’abord, il avait créé à Recloses, près de Fontainebleau, un centre équestre qui était devenu célèbre pour tous les cavaliers d’extérieur. C’était un lieu très spécial où l’on partait à cheval la nuit, ou alors dans la neige, ou encore pour le soir du réveillon de Noël ou de la Saint-Sylvestre… ! Marc Lhotka, c’était vraiment le chantre de l’équitation d’extérieur.

Mettre de la rigueur

Mais parallèlement à cela, et ce deuxième aspect fait toute sa particularité, Marc Lhotka avait un profond respect pour l’équitation académique et ses règles. Bien sûr, c’était un cavalier d’extérieur, mais il s’intéressait à l’enseignement de la haute école, dont il appréciait la rigueur.
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Pour cet élève de Nuno Oliveira, la rigueur et l'académisme n'étaient pas incompatibles avec l'équitation d'extérieur © coll. Morane Lhotka
Il fut l’un des premiers à se rendre au Portugal chez un certain Nuno Oliveira, à se former auprès de lui, il y emmenait même certains de ses élèves. Et Oliveira l’appréciait tellement qu’il est lui-même venu donner des stages à Recloses.

Equitation d'extérieur et haute école

Comme Beudant, l’auteur du fameux livre Extérieur et haute école, Marc Lhotka pensait qu’on ne pouvait pas s’accomplir si l’on ne pratiquait pas à la fois l’équitation d’extérieur et la haute école. Pour celui, c’était complémentaire et non pas antagoniste. Or, à son époque, l’univers de l’équitation d’extérieur était souvent, disons-le, bordélique, débraillé, négligé… Bref, sans aucune rigueur ni aucun respect du cheval.

Pour le respect du cheval

Certains n’hésitaient pas à aller louer un pauvre canasson chez un loueur d’équidés et à le ramener en mauvais état… Et ça, c’était tout ce que détestait Marc Lhotka. Alors, il y a apporté de la rigueur et du respect. Précisément, parce qu’il souffrait du mépris dans lequel le monde des sports équestres tenait l’équitation d’extérieur,  il a voulu lui donner une certaine respectabilité.
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Magnifique complicité entre le père et sa fille Morane, devenue artiste  de spectacle équestre © coll. Morane Lhotka
Il a compris qu’il fallait mettre un cadre et des règles dans tout ça, et c’est lui qui a eu l’idée de créer des épreuves spécialisées d’équitation d’extérieur – qui, plus tard, allaient donner naissance au TREC. Et par la suite, il a lui-même été champion de France de TREC !

Etre un homme de cheval avant tout

Enfin, et c’est le troisième point qui confirme sa particularité, Marc Lhotka a toujours affirmé qu’on ne serait pas un cavalier aussi longtemps qu’on n’était pas aussi un homme de cheval. Pour lui, il fallait avant tout savoir soigner son cheval, le nourrir, le ferrer… D’ailleurs, dans son centre équestre il avait créé une école pour apprendre tout cela, l’alimentation, les soins, mais aussi savoir lire une carte d’état-major, etc.  Monter à cheval, c’était la récompense ! En cela aussi, Marc Lhotka a été un précurseur ».
Propos recueillis par Natalie Pilley
Photos : © Collection privée Morane Lhotka, Tous Droits Réservés.

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