Un français devenu guide équestre au Chili
Parti pour un court séjour, ce jeune français est depuis 3 ans au Chili. Il guide nos randonnées équestres et a accepté
de nous raconter sa vie au Chili.
Parti faire un tour au Chili
J’ai toujours été attiré
par l’Amérique Latine. Je n’y trouve aucune explication, si ce n’est le goût du
voyage que m’a transmis mon père.
Le Chili ne cesse de me faire rêver :
- 4300 kilomètres du désert du nord aux glaciers du sud,
- 440 kilomètres depuis la majestueuse cordillère des Andes à l’impétueux Pacifique,
- sans oublier la mystérieuse île de Pâques, l’île de Robinson et tant d’autres…
Les cultures, sur un pays si étendu, si riche en
variétés géographiques, climatiques, historiques, sont aussi abondantes que
diverses.
Le Chili est une terre de tradition équestre avec le
rodéo chilien, les joueurs de polo et les gauchos. Le cheval est à l’honneur
dans ce pays. La tenue traditionnelle est celle du gaucho pour les hommes et
ils n’hésitent pas à la porter avec fierté notamment lors de la fête de l’Indépendance.
Sur ce continent, ma
première expérience fût au Costa Rica. Quelques années après, je pars travailler comme volontaire pour 4 mois dans un ranch situé au nord du Chili. Je vais y rester un an avant de continuer mon voyage, faisant une étape de trois mois en Argentine avant de découvrir un autre petit coin de paradis auprès d’une ferme équestre, situé dans la cordillère. Deux ans après, je vis dans cette ferme et y travaille comme guide équestre. Un rêve d’enfant qui se réalise !
Je vis dans la région des
lacs, au nord de la Patagonie Chilienne, dans une localité nommée Llanada
Grande située au cœur de la cordillère des Andes. Un vrai petit coin de paradis
pour ceux qui apprécient le calme et les grands espaces. Il y a quinze ans, la
population de la vallée vivait encore en autarcie. Depuis 10 ans, même si les
travaux de la route ne sont toujours pas terminés, il ne faut plus qu'une journée
pour rejoindre Llanada Grande au lieu de quinze jours. Dans cette région, il
reste encore des endroits qui ne sont accessibles qu’à cheval comme certaines
vallées adjacentes ou certaines rivières ou tout simplement certaines fermes de ses
voisins !
La vie à Llanada Grande au Chili
La ferme
Les habitants de Llanada Grande vivent au jour le jour
et au fil des saisons. La grande majorité d’entre eux vivent encore de leur
production agricole. Ils possèdent des fermes, d’environ cinquante hectares
avec des animaux.
- les chevaux servent de moyen de locomotion,
- un couple de bœuf est utile pour sa force motrice aux travaux des champs et au transport de matériaux,
- les chiens montent la garde,
- les chats s’occupent des rongeurs,
- la basse cour fournit œufs et viande,
- les moutons en grande quantité sont là plus pour la viande que la laine,
- les cochons et les vaches.
Et bien sûr, un potager, quelques champs, sans
compter les bois qui leur fournissent les matériaux nécessaires à leurs constructions et au chauffage.
Les habitants
Les habitants ont toujours le sourire, ils sont
généreux, volontaires et travailleurs.
Les premiers colons sont arrivés d’Argentine, il fallait seulement deux ou
trois jours à cheval. Pour les chiliens, c’était plus compliqué, de
Puerto Montt il fallait 3 ou 4 jours pour atteindre les rives du lac Tagua Tagua, le
traverser à la rame puis se frayer un chemin à la machette à travers une
végétation maîtresse des lieux. Tout était à créer. Ces épreuves ont forgé les caractères. Aujourd’hui, un bus nous dépose à Puerto Montt en 4 heures !!
De générations en générations, le caractère et les
traditions se sont transmis. Ici, on connait les arbres, à quoi ils servent.
Ils ont tous une fonction précise : poutre, planche, clôture, tuiles, bois
de chauffage… et les plantes également. Certains connaissent l’utilisation de
plus d’une centaine d’entre elles, récupérées dans la forêt, pour soigner,
apaiser, cicatriser… Des connaissances incontournables dans un tel endroit.
Leur générosité est exemplaire. Lorsque l’on passe
saluer un voisin, naturellement la table se remplit selon l’heure de la journée
et il va de soi d’accepter l’offre.
De même un lit est préparé si on arrive le soir.
Une vieille habitude du temps où tout le monde se déplaçait à cheval et où il fallait quelques heures pour rentrer chez soi…
L’entraide est également courante. Les voisins s’aident
pour :
- la construction d’une grange, d’une maison
- les travaux aux champs : couper le foin à la faux
- entretenir les clôtures
- remettre en état les sentiers, les ponts...
La vie s’organise en petite communauté géographique. Chaque
année, les différentes vallées adjacentes à la vallée de Rio Puelo organisent
une fête de plusieurs jours à laquelle tous les habitants sont bien sûr conviés.
C’est l’occasion de revoir du monde, d’échanger les
nouvelles, de s’amuser ensemble, de partager de bons moments et pour les plus
jeunes de draguer !
J’aime cette simplicité de vie. Ici, ni téléphone ni
internet. La communication se fait par radio VHF. On se lève et on se couche
avec le soleil. Les saisons rythment les activités, nul besoin de calendrier ou
d’horloge, ils n’ont pas ou très peu d’importance.
Il semblerait que le temps se soit arrêté dans ce
paradis. On vit en dehors des pressions quotidiennes d’une vie citadine trépidante.
Les gens se sont adaptés à la vallée et en retirent uniquement ceux dont ils
ont besoin au quotidien pour leur famille. Ce qui ne les empêche pas de se
moderniser, de vivre également avec leur temps, mais à leur manière. Une vie
simple et saine.
Guide équestre au Chili
J'ai travaillé à la ferme de Cathy, une argentine qui
organise des randonnées équestres au Chili. Le travail était un échange : aider Pedro, en charge de la
ferme de Cathy, contre le logement et la nourriture. Après les trois premiers mois, Cathy m’a proposé de
l’accompagner pour une randonnée à cheval. Nous sommes partis six jours à
cheval à travers la cordillère. Conquis, j’ai décidé de rester !
Je partage mon temps entre la ferme, les randonnées à
cheval et l'île de Bandurias, petite île privée de quatre hectares où vécut la
mère de Cathy et où l’on reçoit également les cavaliers.
Entre forêts, rivières et lacs patagons
Je fais la connaissance des cavaliers à Puerto Varas, petite ville située au bord du lac
Llanquihue, un des plus grands lacs d’Amérique du sud et le plus grand du Chili. Il offre une vue spectaculaire sur le volcan Osorno et Calbuco.
Nous commençons ce voyage
au Chili en longeant le lac puis l’estuaire Reloncavi. Après un déjeuner au
bord du lac Tagua Tagua, nous le traversons à l’aide d’un bac. Une quarantaine de kilomètres plus loin, nous
faisons connaissance avec les chevaux et les baquianos, nom donné à ceux qui nous accompagnent, tout au long de la randonnée équestre au Chili. Ils
s'occupent des chevaux et du transport des bagages à cheval.
Nous sommes au bord de la
rivière Puelo. Une fois les présentations faites, la première chose à faire est
de traverser la rivière. Les chevaux à la nage et les cavaliers dans une
barque. Ces quelques allers-retours permettent aux nouveaux arrivants de
prendre part à la magie des lieux.
De l’autre côté, plus de route, plus de
câble électrique, pas d' internet, pas de réseau téléphonique. Que du
bonheur s'offre à nous ! Grâce aux randonnées équestres, on découvre des vallées vertes où la
végétation est abondante. Des forêts primaires où la plupart des sommets sont
encore vierges. Des arbres millénaires comme l’Alerce. De grande variété d’oiseaux dont le majestueux condor. Et avec de la chance pourquoi
pas croiser un puma !
A cheval, on passe aussi près de nombreux lacs. L’eau
est d’une qualité sans égale, les rivières, ruisseaux et sources abreuvent des
générations de chiliens.
Et c’est dans cette nature riche et majestueuse que vit
un peuple hors du commun. Les rencontrer à cheval est toujours un plaisir
réciproque.
Le décor est planté pour les prochains jours :
montagnes vertes, glaciers, lacs, bois variés … Nous sommes hébergés chez l’habitant qui nous reçoit
avec une hospitalité sans égale. Les repas, riches et variés sont préparés à
l’aide des produits de la ferme. C'est une
alimentation saine qui permet aux cavaliers de recharger leurs batteries.
Nous passons les deux dernières nuits sur l’île
« las Bandurrias ». Une île privée de quatre hectares située au
milieu du lac « Las Rocas » où un gîte nous accueille pour une
expérience inoubliable. Le sommet de la montagne qui se dresse en face de l’île
délimite la frontière entre le Chili et l’Argentine. L’eau du lac est d’une
transparence incitant à la baignade. La tranquillité des lieux, la chaleur du gîte offrent
un repos incomparable, le tout combiné avec des repas aux accents français,
héritage de la propriétaire de l’île.
Le dernier jour de la randonnée, nous quittons les
chevaux et les baquianos au bord du « lago inferior » après avoir passé
la frontière. Poste de douane en pleine cordillère. Après les adieux avec les baquianos et aux chevaux, nous quittons le pays en barque pour rejoindre l’Argentine puis
Bariloche en fin d’après midi. Ce voyage à cheval au Chili est incroyable et marque les cavaliers. A chaque fois, je suis émerveillé par la beauté des lieux.
Pour les cavaliers conquis par ce pays, il existe aussi une autre randonnée à cheval encore
plus exceptionnelle appelée la grande traversée.
Cathy, côté chilien et une amie, côté argentin, elle
aussi organisatrice de randonnées à cheval, ont créé ensemble un voyage à cheval
: cinq jours en Argentine et six jours au Chili. Deux pays, deux cultures, deux
paysages complètements différents, le tout en un seul voyage…
J'ai tant de choses à décrire,
à partager, à vivre. J’ai l’impression qu’une vie ne sera pas suffisante pour
pouvoir profiter de la région ! Ici je suis heureux tous
les jours, la vie est agréable. C'est un endroit que je recommande fortement à
tous les amoureux de la nature, de la tranquillité, des défis sportifs, ceux en
recherche d’harmonie, qui souhaitent partager une expérience… Cavaliers, nous
vous attendons...
Vous avez envie de partir découvrir le Chili à cheval, Découvrez nos séjours.
Découvrez d'autres articles :