Clemence Faivre, cavalière de spectacle équestre
Clémence
Faivre rime avec rigueur, détermination et persévérance. Cette cavalière est aujourd'hui mondialement connue grâce à la complicité avec ses chevaux dans ses représentations uniques. Clémence nous parle de ses expériences, de ses rencontres inoubliables et de ses chevaux.
UNE DOUBLE
PASSION: CHEVAL & CINÉMA
Clémence est
passionnée depuis toujours par l’équitation et le cinéma. Elle n'a qu'une idée en
tête : devenir comédienne.
Son aventure commence quand elle rencontre le cascadeur Mario Luraschi et intègre son équipe
« Les cascadeurs de Paris ».
Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec
le cascadeur Mario Luraschi, votre
vie à ses cotés pendant 3 ans et ce que cela vous a apporté ?
Après avoir vu un reportage sur Vincent Cassel dans le film
Blueberry pour lequel il s’est entraîné 3 mois avec Mario Luraschi, j’ai eu envie de rencontrer Mario pour faire
de la figuration à cheval dans les films. Le jour où nous nous sommes vus, il
a voulu me voir à cheval. J’ai alors monté Motivado, son cheval de voltige et de
Haute Ecole. Ce fut une révélation,. C’était la 1ère fois que je
montais un cheval ibérique. Je lui ai alors proposé de venir l’aider
gratuitement sur des spectacles équestres. Il m’a appelée pour le mariage de Patrick
Bruel, pour le Prix de Diane et d’autres spectacles. J’ai découvert un univers
que je ne connaissais pas et j’attendais toujours le prochain spectacle avec impatience.
Un jour, un poste de palefrenier s’est libéré. J’ai laissé tomber le cours
Florent à Paris et je suis partie vivre à la ferme de la chapelle.
Pendant plus de 2 ans j’ai fait les boxes, travaillé les chevaux et j’ai
appris la voltige avec un excellent cascadeur Patrice Cossoneau. Je partais sur
différents tournages. J’ai voyagé, j’ai eu l’opportunité de rencontrer des
acteurs qui me faisaient rêver comme Willem Dafoe sur Paris je t’aime, Tommy Lee
Jones, Jean Reno, TchékyKaryo, Jeanne Moreau, Gérard Depardieu, et bien
d’autres. Un jour j’ai même mis en selle Zinédine Zidane… Je doublais alors Morgane dans
la Série Merlin.
J’ai plein de très bons souvenirs chez Mario. J’ai appris
beaucoup de choses très différentes, voltige, attelage, char romain, dressage
de cinéma, mais aussi à travailler le cuir, fabriquer mes propres brides… Ça a
été une très bonne école. J’ai appris les bases de mon métier.
Racontez-nous votre expérience du spectacle Ben Hur de
Robert Hossein au Stade de France en 2006.
C’est ce que j’ai le moins aimé chez Mario, mais je ne regrette pas
de l’avoir fait. Pour Ben Hur il a fallu 1 an de préparation. Moi qui aime
la voltige, la liberté et la Haute Ecole, au bout de quelques mois j’en avais marre de l’attelage. C’est énormément de préparation :
- longer tous les chevaux avant de les atteler,
- mettre les harnais,
- retirer les harnais,
- régler les guides,
- changer les chevaux de places…
Plus le froid l’hiver dans la forêt
d’Ermenonville, c’était dur, intéressant mais dur.
Une fois arrivé au Stade de France
c’était déjà beaucoup plus sympa. On voyait le fruit de notre travail dans un lieu magique ! Pendant la course, toute l’équipe de Mario était au centre, en cas
de problème, si un cheval chutait…C’était une bonne expérience mais quand Mario a commencé a parlé
d’une tournée en Australie,je ne l'ai pas suivi. J'avais envie de me perfectionner dans le dressage équestre. Je suis alors partie en Andalousie !
LE
RÊVE ANDALOU
Après ces différentes expériences équestres, Clémence décide de partir
pour Séville. Elle passe du temps à l’Ecole Royale Andalouse d’Art Équestre et auprès de Rafael Soto, médaillé de bronze
aux Jeux Olympiques d’Athènes. Clémence se perfectionne.
J’ai collaboré avec des marchands de chevaux. J’ai
travaillé beaucoup de chevaux « ratés », vicieux,
craintifs parfois dangereux. J’ai eu tous les cas possibles et inimaginables, avec des passés et
des caractères différents. Il fallait réussir à les dresser. Leur faire
oublier, recommencer à zéro pour pouvoir apprendre…
Le côté positif est que
j'ai acquis énormément d’expérience, j’ai appris à régler beaucoup de
problèmes, à réfléchir, comprendre, observer, à m’adapter à chacun. En échange de mon travail, j’étais nourrie et logée. Je n’avais pas de
salaire, c’était le prix pour avoir le droit d’apprendre et monter à cheval.
Puis j’ai décidé d’aller tous les mercredis à l’école de Jerez
pendant un an, j’ai sympathisé avec les écuyers dont Rafael Soto. Le matin à
l’école je regardais les écuyers travailler, j’écoutais les leçons, j’observais
comment ils touchaient le piaffer, la cabriole…
L’après-midi j’allais aider Rafael Soto avec ses jeunes chevaux et en
échange il me donnait un cours sur ses chevaux les plus avancés. J’ai réalisé à
quel point les bases classiques sont très importantes.
Vous
croisez le chemin de Rafaël Soto. Pour vous, que représente-t-il ?
C’est une référence dans le dressage classique, et un cavalier
incontournable de l’école de Jerez. Avec Invasor, il a emmené le cheval espagnol
au plus haut niveau…
CAVALIÈRE
DE SPECTACLE
Clémence participe à divers spectacles avec Don Alvaro Domecq (fondateur de l’école
de Jerez) et décrochera le 1er rôle dans le plus gros spectacle médiéval
d’Europe « Kaltenberg » mis en scène par Mario Luraschi en Allemagne.
Ce
spectacle équestre constitue-t-il une étape importante pour vous ? Comment l'avez-vous
préparé ?
Ce fut un travail à la fois difficile et enrichissant. J’étais
douée pour la joute, j’adorais jouter ! Par contre, les combats au sol et les chutes c’était plus compliqué.
J’étais la princesse envoûtée par le chevalier noir qui va jouter et se battre
contre son Prince… Je devais donc avoir l’apparence du chevalier noir. Le costume
était très encombrant et gênant pour
les mouvements...sans compter la chaleur. Je devais me battre comme un homme et encaisser les coups comme un homme,
car mes adversaires ne me faisaient pas de cadeau ! Il ne fallait pas une
seule seconde que le public pense que je sois une femme, jusqu’à la dernière
seconde où je perds le combat et que l’on m’enlève le heaume…
C’était très sympa. L’ambiance et le public allemand étaient exceptionnels !
LA
RENCONTRE AVEC LE CHEVAL DE SA VIE
A son retour, Clémence Faivre a un coup de foudre pour Gotan, jeune lusitanien au
caractère exceptionnel, avec qui elle va créer son premier numéro de Haute
Ecole et de travail en liberté. Doté d’un caractère exceptionnel, d’une intelligence rare et d'un cœur énorme, Gotan a été acheté à Chiclana en Andalousie sur un véritable coup de foudre. Ils iront ensemble dans plus de 14 pays devant les hôtes les plus prestigieux.
Pouvez-vous
expliquer le coup de foudre que vous avez eu pour ce cheval et nous raconter
cette rencontre ?
Gotan a été la chance de ma vie, je pense sincèrement que c’est le
destin. J’avais un petit budget, et je cherchais donc un poney… J’ai vu 200
poneys, sans mentir, j’ai fait des kilomètres pour trouver la perle rare sans
succès. Puis un jour on m’a appelée pour voir un très beau poney. Je me suis dis
que ce serait le dernier, je perdais espoir. Je suis allée le voir, mais le
poney était plus âgé que ce que l’on m’avait annoncé. J’étais déçue, je me suis
promenée dans l’écurie pour voir les autres chevaux.
Tout au fond les boxes
étaient sombres. je me suis approchée des grilles. Il y avait un poulain de 4
ans, un alezan, « Eclipse » tout juste attelé. Il me regardait du fond du box, sans bouger,
droit dans les yeux. Il gardait ses distances, il ronflait, les naseaux grands
ouverts. J’ai demandé si je pouvais le voir en liberté. Il était très
expressif, très fier, très habile dans ses mouvements. Il avait vraiment
quelque chose de spécial. Un autre acheteur devait venir le voir le lendemain…
J’en ai rêvé toute la nuit.
Le lendemain matin, Eclipse se blesse en attelage,
rien de grave, mais l’acheteur arrive l’après-midi. Le cheval épuisé et blessé
ne lui fait pas bonne impression. Il le trouve trop petit, bref, il ne l’achète
pas. Je suis folle de joie, Eclipse deviendra Gotan…
Arrivez-vous à expliquer cette fusion totale avec votre cheval ? Est-ce que monter en totale
liberté s'est fait naturellement ?
J’ai une relation très spéciale avec Gotan. Il ne lui manque que
la parole. On était fait pour s’entendre. C’est un cheval hors du commun et
c’est parce qu’il est si exceptionnel que j’ai pu faire de telles choses avec
lui. On est rien sans un bon cheval. C’est le cheval le plus généreux, le plus
intelligent et le plus sensible que j’ai rencontré.
C’est un vrai partenaire de
scène, il ne m’a jamais laissée tomber. On se connaît par cœur. Après lui, j’ai d’ailleurs eu beaucoup de mal à trouver d’autres
chevaux. J’étais toujours en comparaison… Mario me dit toujours que j’ai eu la
chance du débutant !
SON
PROPRE ELEVAGE DE PUR SANG LUSITANIENS
Clémence sélectionne d'autres chevaux lusitaniens pour ses
prochaines créations. Adagio, Hermès et Sisley. Elle réalise alors un
autre rêve et fonde son propre élevage de pur-sang lusitaniens en Espagne, "Clémence Faivre Stud", en se basant sur la sensibilité, l'intelligence, la
force, l'énergie et la générosité, quatre qualités requises.
Comment avez-vous fondé votre élevage et comment le gérez-vous?
J’ai fondé mon élevage avec une base
de sang Veiga. Toutes mes juments sont des mères, des filles ou des
sœurs de chevaux exceptionnels en dressage et Haute Ecole. Toutes mes juments
viennent du grand champion Navalheiro,
fils du célèbre d’Opus 72 ou du grand champion Novilheiro, frère d’Opus
72. J’ai un étalon exceptionnel, FUEGO FG, le meilleur cheval que j’ai monté
depuis Gotan. C’est un petit-fils de Navalheiro et donc arrière petit-fils
d’Opus. Il a aussi beaucoup de sang Coimbra du côté de la mère. J’aime les chevaux fins, avec beaucoup de
sang, intelligents, généreux et courageux. Je recherche des chevaux avec de la
force et des allures mais avec avant tout et surtout un caractère exceptionnel…
A l’écurie, je n'ai plus que 5
chevaux au travail, Gotan, Fuego, Adagio, Boléro et Vendôme. Avant j’en avais
plus mais je n’avais plus assez de temps pour bien travailler mes
chevaux. Je les débourre moi-même et les prépare pour de nouveaux numéros.
J’espère présenter Fuego et Vendôme au début de l’année prochaine….
UNE
RENOMMÉE ÉQUESTRE INTERNATIONALE
Depuis 2010, Clémence
Faivre, artiste équestre reconnue, a fait le tour du monde ! Elle propose, lors d'événements équestres, salons, soirées de gala, jumping, cérémonies d’ouverture ou soirées privées, des spectacles équestres hors norme combinant créativité,
beauté, talent, émotion et professionnalisme. Clémence Faivre a déjà participé
à de nombreux spectacles tels que le Gucci Masters, le Jumping International de
Paris en 2010, 2011 et 2012, le Mara’ee show à Bahrain en 2012, le Longines Hong Kong Mastersen Chine en 2013, l'Annual Royal Horse Racing Festival à Oman en 2014 et bien d’autres…
Elle s’est produite
dans plus de 13 pays différents et a réalisé des prestations devant des hôtes
prestigieux comme sa majesté Hamad Bin Isa El Khalifa, Roi du Bahrain et sa
majesté Qaboos Bin Said au Sultanat d’Oman.
Reconnue à
travers le monde devant des publics prestigieux, quel est celui qui vous a le
plus marqué ? Ou à l'inverse celui qui d'après vous n'a pas été comme vous le souhaitiez ?
Bahrain est celui qui m’a le plus marqué. J’ai rencontré le Roi et
fait de l’endurance avec les Princes, c’était une belle aventure. Oman aussi
devant le Sultan, c’était grandiose. Los Angeles Master c’était un peu le rêve
américain. Jusqu’à maintenant je n’ai jamais eu de « raté », j’espère
que ça va durer !
LES CHEVAUX PRENNENT LA POSE
Parfaitement dressés en
Haute Ecole, sans bride et en liberté, ses chevaux peuvent travailler à
l’intérieur de lieux exceptionnels et hors du commun. Monuments historiques,
grands restaurants, casinos, théâtres. Clémence réalise des créations uniques
afin de faire vivre au public des moments magiques et inoubliables. Ses chevaux
sont également de parfaits modèles pour le cinéma, les défilés de mode, la réalisation
de publicités et les séances photos...
Pour les
publicités et séances photo dans des
lieux insolites, qu'est ce que vous préférez faire ?
J’adore la photo, ça me passionne, ça m’amuse. J’aime mettre mes
chevaux en scène, ça me change de mon quotidien. J’aime tout ce qui est créatif
et artistique. A chaque fois que je vois un lieu spécial, historique, un décor
original, ça me donne des idées. J’adore
emmener mes chevaux à l’intérieur de
lieux magiques. Ca me permet aussi de voir leurs réactions.
J’ai fait une
séance de photos équestres pour le photographe Yves Théobald qui mélange la Haute Couture,
l’art équestre et l’art contemporain au Palais de la Bourse à Bordeaux.
J’ai
aussi fait la promotion de Gucci Masters avec la Princesse Charlotte de Monaco
à la Tour Eiffel. Mon cheval Gotan s’est assis à table avec Jean Rochefort au
restaurant Bon à Paris. Il faut des chevaux patients, pas craintifs, à l’écoute et
expressifs pour ce genre de travail.
Vous
avez aussi votre poney de gag , comment arrive-t-on à un tel poney ?
Mon cheval de gaga s'appelle Roméo, c'est un vrai comédien. Il a une forte personnalité, il est
drôle, il prend la pose. J’ai vraiment l’impression qu’il sait où se trouve
l’objectif… Il aime jouer mais sait aussi être sérieux quand il le faut.
Je ne choisis pas à l’avance les figures de mes chevaux, je profite
du caractère et des aptitudes de chacun. Je leur fais faire ce qu’ils aiment
faire, et les figures pour lesquelles ils sont le plus doués. Si je vois qu’ils n’aiment pas une figure ou qu’ils ne sont pas doués je leur fais faire autre
chose…
Ça change tout, je suis libre, je prends le meilleur de chaque cheval.
Il est vrai aussi que je fais une sélection au départ de mes chevaux…
PROJETS D'AVENIR
Dans la continuité de cette brillante carrière, quels sont
vos projets ?
Créer d’autres numéros équestres avec de nouveaux chevaux, tous très
différents. Ecrire un livre, faire un DVD, c’est en cours. Développer mon élevage. Acheter ma ferme et prendre un café tranquille tous
les matins en regardant mes juments…
Merci à Clémence d'avoir pris le temps de répondre et à Miss Bla Bla de nous avoir mis en contact.
Vous avez envie d'en savoir plus sur Clémence Faivre, visitez son site.
Et tenez-vous informé de ses actualités sur sa page Face Book.
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