6 jours pour chevaucher dans les montagnes secrètes d’Albanie

Pour une semaine entière à cheval, il vaut mieux bien s’entendre avec sa monture. C’est ce dont s’assure Kristina, notre guide, dès le premier soir. Après plusieurs questions sur notre expérience à cheval, elle sait d’emblée qui nous accompagnera parmi ses 40 chevaux. Le premier jour est un des plus courts : seulement 3h-4h à cheval pour faire connaissance. J’hérite de Dori, un petit bai aux yeux doux qui s’avérera être absolument parfait.

Dans son écurie, Kristina n’a que des chevaux albanais. Un fin mélange d’Arabe et de Tarpan qui donne des petits chevaux vaillants au pied très sûr et habitué au sol dur des montagnes. Extrêmement endurants, ils ont tenu sans souci les nombreux galops soutenus que l’on a pu faire pendant la semaine, et ce, en étant toujours extrêmement contents de faire la course dans les vallées ! Il faut dire qu’ils ont l’habitude. Les chevaux de Kristina vivent au grand air, en totale liberté dans les montagnes, et rentrent d’eux-mêmes le soir pour manger et dormir au chaud dans l’écurie. Les montagnes sont donc leur territoire. Ils les connaissent par cœur, et les passages difficiles de l’itinéraire font partie de leur terrain de jeu.

Le sol très rocailleux ne leur pose aucun problème puisqu’ils ont une ferrure spéciale, utilisée depuis des siècles. Le fer recouvre l’ensemble du sabot et une petite pointe au bout les empêche de les glisser. Avec ça, aucun problème pour aller là où nos chevaux et leur ferrure française glisseraient à coup sûr.

À l’époque médiévale, les caravanes suivaient cet itinéraire pour apporter divers matériaux dans les villages reculés au cœur des montagnes. Des passages qui créaient de la vie et du lien dans ces lieux où très peu de monde passaient. Aujourd’hui, Kristina a voulu recréer cet aspect. En passant à cheval dans ces petits villages qui se vident petit à petit de leurs habitants, chaque randonnée apporte à sa manière un peu de vie : des sourires, des saluts de la main, quelques échanges qui mettent du baume au cœur à chacun.

Le soir, nous dormons chez l’habitant. Là aussi, c’est un critère auquel tenait beaucoup Kristina. Elle qui veut nous faire voir l’Albanie la plus authentique qui soit, quel meilleur moyen que de la découvrir à travers ses habitants ? Chaque soir, nous sommes incroyablement bien accueillis par des Albanais qui se plient en quatre pour nous recevoir. Le shot de Raki (fait maison bien sûr) est un passage obligé pour nous souhaiter la bienvenue avant d’entamer les présentations. Si la barrière de la langue empêche parfois d’avoir de vraies discussions, les gestes et les sourires font le reste. On ne se comprend pas toujours, mais l’envie de partager est là, autant côté cavaliers que côté Albanais. Échanges qui se font le plus souvent autour d’un incroyable repas, soigneusement préparé pendant la journée.

Ici, tout est cuisiné maison avec les légumes du jardin, et servi avec un vin fait maison lui aussi. Le matin, c’est un petit-déjeuner le plus souvent gargantuesque qui nous attendait. Fromage de brebis, pancakes, miel… Un repas complet qui nous permettait de prendre des forces avant d’attaquer une nouvelle journée à cheval.

Le midi, nous déjeunons chez l’habitant ou c’est pique-nique au beau milieu de la nature. Tout est parfaitement organisé. La personne chez qui nous dormons le soir nous prépare un délicieux repas qui nous est ensuite amené en voiture pour le midi. On se retrouve alors à déguster une merveilleuse tarte aux épinards au bord d’une rivière à l’eau limpide. Rivière dans laquelle vous pourrez vous baigner si l’eau est suffisamment haute. Parfait pour supprimer les courbatures accumulées de la veille !

En effet, il en faut de l’énergie pour tenir chaque jour sur les chemins de Zagoria. Cette randonnée n’est vraiment pas adaptée aux débutants, mais aux cavaliers confirmés qui ont déjà l’expérience de quelques randonnées. Si nous pouvons faire confiance aux chevaux les yeux fermés, il s’agit de savoir ne pas les gêner lors des passages à fort dénivelés. Les chevaux sont extrêmement endurants, mais les cavaliers doivent l’être un minimum aussi. Il peut faire très chaud dans les montagnes, notamment sur la période estivale, ce qui peut rendre le Trail plus dur physiquement parlant.

Il y a également beaucoup de galops, une allure qu’il faut donc absolument maîtriser et avec laquelle être parfaitement à l’aise. Le terrain est difficile, et si les chevaux ont l’habitude, c’est un défi pour les cavaliers également. Il faut savoir faire confiance à son cheval et au guide qui encadre la randonnée, car certains passages peuvent être impressionnants.

Les journées sont principalement découpées ainsi : nous faisons la plus grosse partie du trajet le matin, lorsque les températures sont encore clémentes. Nous sommes donc à cheval pendant 3h-4h avant la pause du déjeuner, ce qui permet de n’avoir que 2h l’après-midi, le moment de la journée le plus difficile selon moi, surtout avec les festins que nous avalons ! La matinée est souvent entrecoupée d’une ou deux pauses, faites autant pour les chevaux que pour les cavaliers. On enlève selle et filet pour les laisser souffler un bon coup tandis que nous, cavaliers, trouvons un endroit où s’asseoir à l’ombre pour nous reposer également.

Le soir, les guides ne dormant pas chez l’habitant, c’est à nous de nous occuper des chevaux et de les nourrir. J’ai trouvé ça génial d’avoir cette mission qui nous permettait de nous lier un peu plus avec notre cheval. Après leur avoir donné du foin, nous devions leur donner leur ration à une heure bien précise, puis eau à volonté avant de leur redonner du foin seulement après notre dîner. L’équipe nous laissait également une pommade pour soigner les petits bobos faits pendant l’itinéraire.

Nous empruntons l’ancien itinéraire des caravanes, c’est donc un itinéraire riche en histoire, dont Kristina est passionnée. Dans un anglais absolument parfait, elle nous raconte des faits historiques passionnants. Des différentes églises visitées, aux ruines devant lesquelles nous passons, jusqu’aux rivières que nous traversons, chaque étape de l’itinéraire est propice à une histoire. Nous avons visité le troisième jour l’Église de Lavoba, une église particulièrement importante en Albanie. En effet, c’est la plus ancienne église ouverte au culte dans le pays. Fondée au VIème siècle par Justinien, il la dota d’une relique qui fit de cette église un haut lieu de pèlerinage.

Le quatrième jour, c’est l’Église d’Hoshteva et ses fresques païennes que nous découvrons. La semaine est ainsi ponctuée de visites de ce patrimoine incroyable, qui permet également de faire des pauses bien méritées pour cavaliers et chevaux.

La grosse partie historique de cette semaine est le dernier jour, lorsque nous traversons le parc National Antigone. Avec les connaissances très précises de Kristina, les ruines sous nos yeux se transforment en maison, la ville renaît. Fondée par Pyrrhus, la ville a été nommée en l’honneur d'Antigone, la défunte épouse de ce souverain. Elle sera incendiée par les Romains en 168 av JC. En se promenant entre les dernières pierres qu’il reste de la ville, Kristina retrouve des restes de faïences, de tasse à vin, et même d’anciens instruments de cuisine. Des morceaux que l’on aurait pris pour des simples cailloux si elle n’avait pas été là.

Si la semaine est intense physiquement parlant, vous pouvez mettre votre cerveau au repos ! Tout est parfaitement organisé, et ce depuis la prise en charge à l’aéroport. A peine descendue de l’avion que deux personnes avec un panneau nous attendent et nous embarquent pour environ 3h de route jusqu’à Gjirokaster, notre point de chute de ce Trail. À l’hôtel, nous sommes attendus et nos chambres sont déjà prêtes.

Tous les jours, nous n’avons qu’à laisser les valises dans l’entrée de la maison où nous dormons pour les retrouver comme par magie dans le logement suivant le soir venu. Le midi, lorsque nous ne mangions pas chez l’habitant, le pique-nique nous était directement apporté en voiture. Ainsi, pas besoin de le transporter dans les sacoches. Concernant l’eau, il était possible de remplir nos gourdes tous les midis, un détail essentiel vu les températures qui peuvent vite monter pendant l’été.

Vous vous baignez dans la rivière sur la pause déjeuner ? Aucun souci, il suffit de mettre les affaires dans la voiture en partant le matin et maillots de bain et serviettes seront amenés sur le lieu de baignade. Une organisation au top qui permet de se préoccuper seulement de son cheval et surtout de profiter pleinement de l’expérience.

Je ne savais absolument pas à quoi m’attendre en venant en Albanie. Une semaine après avoir parcouru ses montagnes, je suis sûre d’une chose : c’est un pays qui mérite à être connu. Chaque jour, le paysage changeait. J’étais époustouflée à chaque virage et ne cessais de répéter « Oh my God, it’s so beautiful » à Kristina. Et ce, dès les premiers mètres après avoir quitté l’écurie. En face de nous se trouvait Gjirokaster, niché au creux de la montagne. Kristina nous explique : « Nous allons passer de l’autre côté de cette montagne. » Elle me paraissait immense, inaccessible, et pourtant, à cheval, il faut croire que tout est possible.

Se retrouver au cœur de paysages si sauvages, le tout en étant seuls au monde est une expérience incroyable. Autour de nous, la nature s’étend à perte de vue. Des vallées parsemées de fleurs de toutes les couleurs aux chemins très secs et rocailleux lorsque nous étions en altitude, impossible de se lasser de ce qui nous entoure. Parfois, le paysage était lunaire. Où sont passées les centaines de fleurs des vallées ? Là-haut, l’air était aride, nous pourrions nous croire en plein désert. La végétation est totalement différente. En passant d’un versant à l’autre, on a presque l’impression de changer de pays.

La deuxième partie de la randonnée annonce encore des paysages différents des premiers jours. Les environs sont moins secs, les prairies plus verdoyantes. Selon Kristina, c’est absolument magnifique pendant l’automne. Nous passons plus de rivières, dont certaines font merveilleusement bien office de piscine pendant les pauses déjeuner. Une pause rafraîchissement qui satisfait les cavaliers, mais aussi les chevaux, dont certains descendent d’eux-mêmes s’offrir un petit bain bien mérité. L’eau est translucide et Kristina connaît les meilleurs spots pour se baigner. Il faut parfois un peu escalader, mais croyez-moi, vous ne le regretterez pas ! Se baigner seul au pied de cascades est un souvenir magique.

Même le dernier jour offre son lot de bonnes surprises : nous chevauchons en haut de la vallée, avec pour vue un lac sublime en contre-bas. Jusqu’à l’arrivée aux écuries, l’Albanie nous en a mis plein les yeux.

Contactez Julia pour planifier votre séjour : julia.sayag@cheval-daventure.com  ou +33 (0)4 82 53 99 36

Sinon : cheval-daventure.com