A cheval sur les traces du loup
Avec sa fille Thaïs, 17 ans, la cavalière Anne-Sophie Perrot prépare un voyage
à cheval de plusieurs semaines sur les traces du loup, entre Drôme et Jura,
afin d’initier une réflexion collective sur un sujet aussi sensible que d’actualité.
Rando en mère et fille
Anne-Sophie Perrot est ATE (Accompagnatrice de Tourisme Équestre)
et monitrice d’équitation spécialisée en éthologie, dans le Jura.
Également
agricultrice et éleveuse de chevaux de race Franche-Montagnes, elle possède un
centre de tourisme équestre, la Cavalerie de la Petite Montagne à Valzin (39), et partage sa passion du cheval avec sa fille
Thaïs, 17 ans.
En mère et fille, les deux cavalières vont partir cet été pour un
voyage à cheval pas comme les autres. En effet, ce ne sera pas une
« simple » rando, mais un périple équestre sur les traces du loup, de
plus en plus présent en France. L’objectif ? « Réfléchir à la
problématique du loup, à ce qu’il apporte dans la biodiversité, et faire parler
les différentes personnes concernées – éleveurs, spécialistes… Sans jugement, et
caméra au poing ! »
Pour le Mag des Cavaliers Voyageurs, Anne-Sophie et Thaïs ont
répondu à nos questions :
On parle souvent des éleveurs de brebis ou moutons confrontés à la
prédation du loup, beaucoup moins des éleveurs ou des propriétaires de chevaux.
Quelle est la problématique aujourd’hui ?
Plusieurs chevaux ont déjà été mortellement attaqués par des
loups. C’est arrivé récemment dans le Queyras, dans les Alpes-de-Haute-Provence…
J’habite dans le Jura, dans une zone « Natura Sensible », à proximité
de la forêt.
Or, nous savons que le loup arrive dans notre région, et qu’il
pourrait s’attaquer aux chevaux. Le problème vient aussi du fait que nous avons
des chiens, et qu’après une attaque par des loups, cela réanime chez les
chevaux la peur du chien. Il y a donc une réelle inquiétude par rapport à la
panique possible des chevaux.
Que souhaitez-vous découvrir, et faire comprendre, à travers ce
voyage à cheval ?
Nous voulons découvrir par nous-mêmes ce que les autres vivent
avec le loup : agriculteurs, propriétaires…Les loups arrivent de plus en
plus d’Italie, ils sont à la frontière italienne, dans le Mercantour, dans les
Alpes-de-Haute-Provence, dans le Jura désormais… Au début c’étaient des loups
de passage, mais là, on sait qu’une meute est en train de se constituer.
Quel type de voyage équestre préparez-vous ?
Nous voulons partir début août, pour environ 6 semaines et sur un
itinéraire de 500 à 600 km environ.
Nous passerons par la Drôme, le Vercors, le
plateau des Glières et la chaîne du Jura. L’idée est vraiment de suivre la
trace du loup, or il passe par les zones les moins peuplées.
Gite ou bivouac ?
Nous serons en autonomie, en bivouac. Nous avons déjà un petit
réchaud de 90 grammes, qu’on peut chauffer à l’alcool ou au bois, et un
purificateur d’eau. Le but, c’est d’avoir environ 4 jours d’autonomie complète.
Et les chevaux ?
Nous partons avec trois chevaux : nos deux montures, et un
cheval de bât qui ne sera pas trop chargé. Le cheval de bât, c’est lui qui
portera le moins !
La problématique du loup en France est un sujet sensible. Comment
comptez-vous l’aborder ?
Justement, ma peur c’est que c’est un sujet très sensible mais
bon, l’avantage c’est qu’on passera comme une fusée ! Je ne veux pas créer
de polémiques, mais au contraire initier une réflexion collective sur les
grosses problématiques.
Nous voulons suivre l’itinéraire du loup, comprendre sa
pénétration en France et voir comment les gens se débrouillent avec ça. De
toute façon, on ne peut pas exterminer le foyer en France, il faudra donc vivre
avec.
La nature et les animaux sont visiblement au cœur de vos préoccupations ?
Oui, dans mon centre de tourisme équestre, on est axé sur la rando
et l’éthologie. Nos chevaux sont dehors
toute l’année. On travaille de manière à se rapprocher le plus possible de la
nature des chevaux.
Comment comptez-vous financer votre projet ?
Nous avons déjà reçu la « bourse ses possibles » de
Lons-le-Saunier, et pendant les vacances de février, nous mettrons en place une
cagnotte participative sur Ulule.
Et nous avons déjà trouvé un producteur de
films animaliers. D’ailleurs, il nous prête le matériel, notamment la caméra.
C’est une caméra équipée d’un stabilisateur, très petite et légère, idéale pour
bien l’avoir en main et faire de belles images à cheval.
Qui va filmer ?
C’est Thaïs qui va filmer ! Elle s’entraîne déjà avec la caméra, à pied et
à cheval .
Pourrons-nous vous suivre durant votre randonnée ?
Oui, tout au long de notre voyage équestre, nous allons donner des
nouvelles via Facebook.
Thaïs, êtes-vous une cavalière passionnée depuis toute petite ?
Voulez-vous en faire votre métier ?
En fait, quand j’étais petite, eh bien… le cheval volait un peu ma
maman ! Alors, enfant, j’avais plutôt un rapport négatif avec le cheval.
C’est vers 14-15 ans que je m’y suis mise vraiment. Et aujourd’hui, le fait de
construire ce projet commun avec maman, c’est formidable. Pour l’instant, je
suis en 1ère S et j’aimerais plutôt devenir ingénieur agronome.
Propos recueillis par Natalie
Pilley.
Photos : © Anne-Sophie
Perrot
Photo édito : ©Jonny Lindner/Pixabay
Cavalerie de la Petite Montagne, 8 rue du four à pain, Montadroit, 39 240 Valzin-en-Petite-Montagne
Mail : annesophie@juracheval.com - Tél : 06 73 79 77 91
Plus d’infos sur le projet
d’Anne-Sophie et Thaïs sur leur page
Facebook
Découvrez aussi leur site internet
Anne-Sophie Perrot est également l'auteure d'un livre paru en 2018, sous le nom d'Anne-Sophie Obellianne : Gérer et éduquer son cheval au naturel (éditions Ulmer)
Disponible sur Amazon
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