Gauchos, les cow-boys d'Amérique du Sud
Symbole de l'Amérique
du Sud, le gaucho fascine par ses traditions et son mode de vie encore resté
intacte à ce jour. Découvrez la fabuleuse histoire du gaucho, ce cow-boy
latino-américain atypique.
Histoire
Le gaucho apparaît au XVIIIe
siècle dans les plaines fertiles du Rio de la Plata, à cheval entre l'Argentine
et l'Uruguay. Espagnol ou métis d'Espagnol et d'indigène, vagabond des champs
et contrebandier du cuir, il travaille pour son propre compte. Solitaire, le
gaucho mène une vie rustique et austère. Les grands espaces qu'il habite et la
rudesse de son mode de vie font de lui un homme atypique, unique.
A la création des grandes estancias, il est chargé du
gardiennage des troupeaux et du dressage des chevaux. Au
XIXe siècle, au temps des guerres d'indépendance, ce nomade peu considéré
s'allie aux armées de libération. Sa connaissance du terrain, son courage et
ses compétences équestres font de lui un parfait soldat.
Idéalisé
parce qu'il symbolise le passé glorieux d'une terre qui alimentait la planète,
le gaucho a très largement contribué à procurer à la nation l'identité qu'elle
se cherchait.
Aujourd'hui encore, ces cavaliers sont
excellents dans le domptage et le dressage
des chevaux. Ils arpentent des propriétés infinies, chevauchant des
jours entiers de puesto en puesto pour déplacer les troupeaux. Le soir venu, à
l'estancia, ils préparent l'asado, le barbecue local, avant de partager le
maté, infusion locale qui se savoure avec une pipette en argent...
Les gauchos à travers l'Amérique latine
Le terme de gaucho
Le terme de gaucho serait issu du quechua "huachu" qui signifie orphelin ou
vagabond.
Egalement appelé changador ou gauderio, le gaucho
représente au XVIIIe siècle les personnes vivant dans la région du Rio del
Plata. Plus tard, le terme désigne plus largement les sud américains vivant
dans les régions méridionales que sont l'Argentine, le Brésil et l'Uruguay, travaillant le bétail.
Aujourd'hui, le gaucho est un terme générique qui
s'applique par extension à l'homme de la campagne qui travaille le bétail. Les
gauchos englobent plusieurs catégories de métiers :
- les domadores se chargent du débourrage des jeunes chevaux ;
- les estancieros possèdent les ranchs ;
- les puesteros, ouvriers à la ferme, s'occupent des moutons ;
- tandis que les reseros sont les cow-boys chargés de sortir le bétail et de guider le troupeau.
A
chaque pays son gaucho
Chaque pays d'Amérique latine où la
culture gaucho est présente possède une dénomination particulière pour ses
cow-boys. En Argentine et en Uruguay, le terme de gaucho reste inchangé, tout comme les
traditions. Le Chili désigne ses
gauchos locaux par le terme de huasos ou baqueanos. Quand à l'Equateur, on parle
plutôt de chagras, dont vous avez sûrement entendu parler par la parade des chagras, événement culturel
incontournable.
Fidèle compagnon du gaucho, le cheval criollo
Le criollo, bijou du Nouveau
Monde
Le cheval créole, ou criollo,
d'Amérique latine est le descendant direct des chevaux importés dans le
Nouveau Monde par les conquistadores espagnols. Ces montures de guerriers,
issues d'andalous, de lusitaniens ou de barbes, se sont retrouvés en fuite ou à
l'abandon avant de retourner à l'état sauvage. Au fil du temps, ces chevaux se
sont adaptés à leur nouvel environnement donnant ainsi une race rustique et
résistante.
Bien qu'il soit de petit
taille, le criollo est doté d'un corps puissant faisant de lui une monture
résistante capable de parcourir de longues distances et de porter des charges
sans faiblir.
Avec
un tempérament
calme et généreux, une morphologie confortable et une aisance fascinante face
au bétail, ce petit mustang de l'hémisphère sud est la monture favorite
des gauchos de la pampa. Il est reconnu comme étant l'élite du cheval de travail en Amérique du Sud, un peu comme
le quarter-horse en Amérique du Nord.
Bien
que l'Argentine soit considéré comme le berceau de la race, le criollo est
aujourd'hui présent dans de nombreux pays voisins : Uruguay, Brésil, Chili,
Cuba...
Le criollo chilien
Le criollo chilien ou cheval
chilien est la plus ancienne race de
chevaux d'Amérique. Contrairement aux autres espèces de chevaux criollos, il est originaire de la
vice-royauté de Nouvelle-Castille, l'actuel Pérou. La traversée des Andes et du
désert d'Atacama, le plus aride du monde, était l'occasion d'une sélection
brutale qui n'autorisait la survie que des sujets parfaitement saints et
performants.
Considéré comme un trésor national, le cheval criollo a été
sélectionné aussi bien sur des critères de vitesse que d'endurance, mais
également pour sa dextérité latérale, appréciable dans le travail du bétail.
C'est un athlète inné, doué et courageux, doublé d'un montagnard hors pair, au
pied sûr, qui saura conduire les cavaliers dans
les reliefs les plus escarpés et endurer les climats les plus extrêmes de son
pays.
Attirail du gaucho et de son cheval
La tenue du gaucho
Vous pouvez le constater au cours
des nombreuses célébrations en l'honneur de la tradition gaucha, comme à San
Antonio de Areco, ces cow-boys latinos possèdent une tenue vestimentaire qui
leur est bien propre. Prêt pour un cours de mode latine ? Allons-y, partons des
pieds jusqu'à la tête !
Les chaussures sont généralement de
grandes bottes en cuir pour assurer
au gaucho une bonne tenue dans ses étriers, ainsi que des éperons pour l'aider
dans son travail avec son éternel cheval criollo. Toujours
dans une optique de confort, le pantalon
est bouffant, rentré dans les bottes. Il en va de même pour la chemise plutôt
ample accessoirisée d'une ceinture en laine et d'un ceinturon souvent décoré de
pièces de monnaie.
Un chapeau aux larges bords ou un béret
orne leurs têtes pour les protéger du soleil.
Symbole du gaucho et de l'Amérique latine : le poncho. En laine de lama, d'alpaga ou
de vigogne, le poncho permet au gaucho non seulement de se tenir chaud pendant
les journées fraîches, mais aussi de couverture, de tapis, de protection contre
la végétation, les intempéries... Un réel habit multifonctions ! Les ponchos
sont à l'image de certaines régions : rouge foncé avec des franches noires à
Salta, marron avec des bordures bordeaux pour Tucuman...
L'attirail
du cow-boy sud américain
Presque aussi précieux que son
cheval, le gaucho est équipé d'un couteau,
généralement attaché au ceinturon, qui lui permet de manger, de se défendre,
curer les sabots de son cheval, travailler le cuir... Il en existe de
nombreuses sortes, chacune ayant une utilisation précise, mais nous risquerions
de vous perdre, et ce n'est pas le moment !
Le gaucho
est très souvent équipé d'un rebenque,
un fouet glissé dans le ceinturon aux côtés de son couteau. Très souvent, le
manche est constitué de cuir tressé.
L'éternel
outil des cow-boys du monde, le lasso.
A quoi ressemblerait un cow-boy sans lasso ? Rien, nous sommes d'accord. Mais
les gauchos ajoutent une touche personnelle et s'équipent d'une autre corde plus
originale appelée les boleadoras.
C'est en réalité une corde pourvue de deux boules relativement lourdes
enveloppées de cuir, que les gauchos lancent pour chasser à distance, inspirés
par les Amérindiens.
Plus
particulièrement dans les régions où la végétation est épineuse comme à Salta,
dans le nord de l'Argentine, vous verrez les gauchos équipés de sorte de grand
sac de cuir très dur les couvrant du torse jusqu'aux chevilles. C'est ce qu'on
appelle le coleto (ou guardalonte), ou les caricantinas qui sont plus courtes,
faisant office de bouclier contre les épines de cactus et autres arbres
piquants.
Il manque un dernier élément à l'attirail de notre mythique
gaucho, petit objet que vous remarquerez lors de vos voyages en Argentine... La
fameuse calebasse à maté et sa
paille métallique (appelée bombilla)
! Le maté est une sorte de thé vert plutôt amer que les gauchos sirotent tout
au long de la journée dans un récipient que fournit la calebasse (une plante de
la famille des cucurbitacées) une fois vidée et séchée, puis décorée.
La selle multicouche
Vivant
dans des régions où les arbres sont peu nombreux, les gauchos ne disposent que
de peu de matériel pour créer leurs fameuses selles si confortables. Pour ceux
qui ont eu l'occasion de les tester, vous aurez remarqué que les selles ne sont
effectivement pas bien dures !
La selle
traditionnelle en Argentine, ou recado, est en fait une superposition de couvertures, de
pièces de cuir et de peaux de mouton posées sur le dos du cheval dans
un ordre bien particulier. Chaque pièce du recado a un rôle bien défini qui va
du protège-sueur à la décoration, comme la dernière peau de mouton qui sert
d'assisse au cavalier qui
ne se refuse aucun confort.
Festivités en l'honneur des gauchos
La plus connue à travers le monde
gaucho, c'est la Fête de la Tradition
à San Antonio de Areco en Argentine. L'événement a lieu chaque année au mois de novembre
depuis 1939. Les premières fêtes se déroulaient dans l'intimité des villages
entre gauchos et estancieros des environs, alors qu'aujourd'hui cette fête
rassemble plus de 30 000 visiteurs et gauchos !
La fête de
la tradition c'est l'occasion de découvrir les jineteadas, sorte de jeux où les gauchos disposent de 3 minutes
maximum pour faire preuve de l'agilité de leur cheval. Le gagnant est celui qui
aura réussi à cumuler le plus de points sur la maîtrise de sa monture et son
élégance.
Une semaine durant, la ville de San Antonio devient un lieu
où la fête ne s'arrête jamais. C'est au cœur de danses, des stands
d'artisanats, du défilé de chevaux, des asados conviviaux et expositions où les gauchos en tenue traditionnelle sont fièrement mis à l'honneur.
Alors, convaincus de partir pour une immersion en culture gaucha ? En plus d'être authentique, parfois un peu rustique, le gaucho est doté de la chaleur latine, de générosité, d'hospitalité et surtout d'une bonne humeur débordante !
Partez à la découverte des gauchos en Argentine pendant une immersion en estancia dans le Nord du pays.
Partez pour une rencontre avec les gauchos d'Equateur et assistez à la parade des chagras.
Partez pour un séjour auprès des gauchos d'Uruguay pour un retour aux sources de cette culture.
Découvrez aussi notre article sur un cow boy français.