En rando : cheval de race ou ONC ?

En rando : cheval de race ou ONC ?

Guides Tests & Conseils / Randonnée / S'évader 2
Certaines races de chevaux (barbes, arabes-barbes, mérens…) sont réputées pour la rando, mais bien des cavaliers ne jurent que par leur « cocktail de prairie »…  Entre les deux, votre cœur balance ? Donnez-nous votre avis !

La race, notion "humaine" liée à la sélection

Lorsqu’on décide d’acheter un cheval de loisir pour faire de la balade ou de la randonnée, on peut hésiter entre un cheval de race et un ONC - c’est-à-dire un cheval d’Origine Non Constatée (autrefois appelé OI, cheval d’Origine Inconnue).
@Blog Cheval d'Aventure
Randonnée  sauvage au Canada avec un cheval nord-américain @Blog Cheval d'Aventure
Les avis divergent sur la question… N’hésitez pas à laisser un commentaire pour nous donner votre avis !

Equus Caballus

Avant tout, il sera utile de rappeler ce qu’est une race, en termes de zoologie et de sélection : la race est une notion tout ce qu’il y a de plus « humaine » puisqu’à l’origine, les chevaux n’appartiennent à aucune race en particulier mais à une espèce au sens zoologique du terme : Equus Caballus.
La notion de race équine est apparue dès lors que les hommes ont décidé de produire des groupes de chevaux dotés de caractéristiques semblables, en fonction d’une utilisation souhaitée. Elle est indissociable de la notion de sélection, qui est le socle de tout élevage animalier (équin, canin, félin…).
A la différence de la sélection naturelle, la sélection artificielle - c’est-à-dire « construite » par l’homme - consiste à fixer les caractéristiques recherchées afin que seuls les animaux correspondant au standard de la race soient autorisés à reproduire.

Secrets de génétique

Le principe est simple : tout individu ne correspondant pas au standard doit être écarté de la sélection, sous peine d’appauvrir la race au fil des générations. Qu’il soit amateur ou professionnel, l’éleveur équin a donc un objectif précis : trouver le meilleur « mariage » possible entre deux reproducteurs, dans l’espoir d’obtenir un produit qui fera honneur à la race – voire qui l’améliorera. Ceci implique de bien connaître les lignées généalogiques et de savoir décrypter les secrets, parfois complexes, de la génétique.
Chez les équidés, la sélection porte essentiellement sur trois critères : la morphologie, le caractère et les aptitudes. C’est de l’harmonisation de ces trois critères que dépendent la qualité d’un cheval… et sa prédisposition à telle ou telle utilisation sous la selle !

 Le stud-book, colonne vertébrale de l’élevage

Avec l’apparition des stud-books, essentiellement au 19ème siècle, l’élevage équin a trouvé sa légitimité. Un stud-book est un livre qui répertorie tous les animaux appartenant à une race d’équidés. Pour certaines races dont le berceau se situe à l’étranger, le stud-book peut également porter l’appellation de registre.
@Blog Cheval d'Aventure
Randonnée idyllique en Corse @Blog Cheval d'Aventure
Deux aspects entrent en ligne de compte pour dire que tel équidé fait partie d’une race et peut, à ce titre, être « inscrit au stud-book » :
-       l’aspect phénotypique, défini par le standard de la race. Il précise les critères morphologiques souhaités et évoque un type d’utilisation dominant.
-       l’aspect génotypique, prenant en considération l’appartenance à une famille ou lignée généalogique. Il est basé sur la connaissance et reconnaissance des ascendants, descendants et collatéraux.

51 stud-books en France

Un stud-book est tenu par le SIRE (Système d’information relatif aux équidés), entité de l’IFCE (Institut français du cheval et de l’équitation), qui enregistre toutes les informations afférentes à un équidé : relevés de signalement, contrôles de filiation, dossiers sanitaires…
En France, hormis les 3 races de chevaux de course (Pur-sang, Trotteur français et AQPS - Autre que Pur-sang), 51 stud-books sont regroupés au sein de livres généalogiques. Ils sont classés en différentes catégories : chevaux de selle (races françaises et étrangères), poneys, chevaux de trait et ânes

Cheval ou poney ?

Bien des cavaliers randonneurs se font énormément plaisir avec un équidé appartenant à la catégorie des poneys (Haflinger, par exemple), et non des chevaux. Mais quelle est la différence ?
Là encore, voilà une distinction qui n’a rien de scientifique puisque chevaux et poneys font partie d’une seule et même espèce – Equus Caballus ! Pure invention de l’homme, ce cloisonnement a pour but de différencier les races de chevaux – plutôt grands, élancés et « bien coiffés » - des races de poneys – plutôt petits, trapus et dotés d’une crinière touffue…
Officiellement, selon le règlement de la FEI (Fédération équestre internationale), est considéré comme poney tout équidé toisant au maximum 1,48 m pieds nus (1,49 m ferré). Mais pour les éleveurs, qui s’attachent à la notion de race, certains équidés, bien que de petite taille, sont beaucoup plus proches du cheval en termes de morphologie et d’aptitudes. Ils ont donc obtenu des instances officielles qu’ils soient classés en tant que « chevaux » et non « poneys ». C’est le cas par exemple de l’Islandais, du Mérens, du Quarter Horse, du Pur-sang arabe… ou même du cheval miniature (français ou américain), qui dispose désormais d’un stud-book ! 

Pourquoi acheter un cheval d’une race précise ?

Surtout dans le milieu de la rando, de nombreux cavaliers n’échangeraient pour rien au monde leur « cocktail de prairie » (expression couramment utilisée pour désigner un cheval sans papiers, d’origine inconnue) contre un cheval de race. Nous pourrions comparer cette attitude, très fréquente dans le milieu du loisir et de la randonnée équestre, à celle des propriétaires comblés par leur chat de gouttière ou leur chien « bâtard ». Loin de nous l’idée de critiquer leur choix - au contraire !
@Blog Cheval d'Aventure
De race ou non, le cheval de randonnée doit être fiable ! @Blog Cheval d'Aventure
Néanmoins, plusieurs raisons tout aussi légitimes peuvent motiver l’achat d’un cheval « pleins papiers », c’est-à-dire inscrit au stud-book d’une race bien précise :
-       Vous rêvez d’avoir un cheval de telle ou telle race parce qu’elle vous fascine sur le plan historique, culturel, esthétique… C’est un choix volontairement élitiste. Exemple : un Quarter Horse, un Paint Horse ou un Appaloosa parce que vous êtes un cowboy dans l’âme !
-       Vous souhaitez pratiquer une discipline équestre pour laquelle ce cheval est sélectionné depuis toujours. En achetant un cheval de cette race, vous vous donnez plus de chances de trouver votre bonheur…   Exemple : un Pur-sang arabe pour pratiquer l’endurance !
-       Vous souhaitez pratiquer telle ou telle discipline en compétition. Or, en France, seul le circuit « Club » est autorisé aux chevaux d’origine non constatée. Excepté en TREC, les compétitions dites officielles (Amateur et Pro) leur sont interdites. Donc, si vous voulez faire du concours complet par exemple, impossible d’avoir un ONC... sauf à très petit niveau.

Le cas spécifique de l’endurance

En endurance, qui est la version « sportive » de la randonnée équestre, les ONC sont moins nombreux que par le passé. Jean-Marie Laudat, ancien champion d’endurance et président du Comité Départemental d’Equitation (Lot), nous explique pourquoi :  « En endurance, jusqu’au 31 décembre 2004, les chevaux qu’on appelait à l’époque des OI (origine inconnue) avaient le droit de courir toutes les courses. Ils commençaient par une course de 20 km, devaient se qualifier pour une 40, puis une 60, puis une 90, etc. Lors du tout premier Championnat d’Europe, en 1984, celui qui a remporté la mythique course de 160 km de Florac était non pas un OI mais un Cheval de Selle (né d'un père Anglo-Arabe, Keshardit, et d'une mère OI, Caline; Ndlr). Il s’appelait Incompris, il appartenait à René Chambon, le premier entraîneur national d’endurance, et il était monté par  le cavalier Yves Ainé.
Aujourd’hui, c’est différent : les ONC sont moins nombreux en endurance, et ils n’ont le droit que de participer aux courses de catégorie Club, c’est-à-dire pas au-delà de 60 km.  A très haut niveau, l'immense majorité des chevaux de haut niveau est "pleins papiers" ».

Un ONC pour la randonnée

Voici trois témoignages révélateurs de cavaliers-randonneurs enchantés de leur ONC (issus de l’ouvrage Choisir son cheval : quelle race pour quelle discipline ?, de Natalie Pilley, éditions Vigot). N’hésitez pas à nous mettre un commentaire si vous aussi, vous n’avez aucune honte à randonner sur un cheval sans papiers !  
« Je monte régulièrement en randonnée deux ONC qui m’ont été confiés : Vaillante, une croisée espagnol/pur-sang anglais de 6 ans, et Ninja, un type appaloosa de 13 ans. Franchement, la race, je m’en moque… Je pense même que les ONC, justement parce qu’ils sont issus de croisements, font d’excellents chevaux avec un super mental ! Ils sont résistants, ils passent partout, ils n’ont peur de rien…
@Blog Cheval d'Aventure
Tous les chevaux appartiennent à une même espèce : Equus Caballus @Blog Cheval d'Aventure
Au niveau des maladies, ils ne craignent pas grand-chose par rapport aux pleins papiers. Je les compare aux bâtards qui ont souvent une meilleure santé que les chiens de race ! »
Julie Maire (Haute-Marne)

Des ONC en forêt de Chantilly

« Je suis ATE en forêt de Chantilly et excepté un selle français, je n’ai dans ma cavalerie que des chevaux ONC qui sont exclusivement destinés à la balade ou la randonnée d’un ou deux jours. J’emmène des cavaliers de tous niveaux, du débutant au confirmé, et certains ne sont jamais montés à cheval. Nos ONC sont bien dressés et vraiment au top. Ils n’ont peur de rien (chiens, vélos, motos…) et je n’ai jamais eu un seul problème ! »
Caroline Poulain, ATE aux écuries de Java (Oise)

Le franches-montagnes, formidable en TREC et rando

 « Je possède un ONC de 8 ans, de type franche-montagnes, qui s’appelle Hello. J’ai eu un gros coup de cœur sur lui quand il avait 5 ans, à cause de son caractère et de sa gentillesse. Pour moi, les papiers c’est vraiment secondaire ! Il ne savait pas faire grand-chose, mais il avait envie de découvrir. Et je ne regrette rien parce qu’aujourd’hui, je le sors en TREC avec un immense bonheur.

Simple side-pull dans la bouche

Et sans rien dans la bouche, en side-pull ! Ce qu’il aime le plus, c’est le PTV (parcours en terrain varié). Pour l’instant je sors en Club, mais comme en TREC les ONC sont acceptés je sais que dans quelques années je pourrai sortir en Amateur. Je fais aussi de l’endurance, sur des courses de 20 km. J’ai été assez surprise de ses résultats, il avait le même cardio après l’effort que le pur-sang anglais de mon amie ! Enfin, je le monte en randonnée sur plusieurs jours et là aussi, il me comble ».
Eve Raspail (Loir-et-Cher)
@Blog Cheval d'Aventure
Plus que la race, c'est le lien entre le cavalier et son cheval qui importe... ©Betty Beg
Nous attendons donc vos témoignages : pour la rando, cheval de race ou ONC ?

Lisez aussi sur le blog :